Le Fâilli Gueurzillon ressuscite Gaston Coüté
Poète libertaire et chansonnier français, Gaston Coûté a des textes très forts écrits en patois de sa Beauce natale. « Ce petit gars maigriot, aux regards de flamme, aux lèvres pincées, était un grand poète. Il allait chantant les gueux des villes et des champs, dans son jargon savoureux, avec son inimitable accent du terroir. Il flagellait les tartuferies, magnifiait les misères, pleurait sur les réprouvés et sonnait le tocsin des révoltes » a dit Victor Méric quand il mourut, à l’âge de 31 ans.
J’ai trop voulu fére à ma tête Et ça m’a point porté bounheur ; J’ai trop aimé voulouér ét’ lib’e Coumm’ du temps qu’ j’étais écoyier ; J’ai pâs pu t’ni’ en équilib’e Dans eun’plac’, dans un atéyier, Dans un burieau... ben qu’on n’y foute Pâs grand chous’ de tout’ la journée... J’ai enfilé la mauvais’ route ! Moué ! j’sés un gâs qu’a mal tourné !
Le foin qui presse, le gâs qu’a mal tourné, Grand-mère Gatiau, le champ d’naviots : 23 textes seront repris par « Le Fâilli Gueurzillon » dans leur prochain spectacle.
Après “ La Fontaine au gallo ” (2000) et “ Les rimiaux de Guémené ” (2001), deux spectacles en patois gallo qui sont encore joués de temps à autre, Le Fâilli Gueurzillon a présenté “ Des nouvelles de Lubray ” , portant à la scène des textes de l’écrivain Guy Le Bris. Ce dernier spectacle a été joué depuis 35 fois, obtenant au passage l’Arlequin d’argent au festival francophone de Cholet en 2005, et une sélection au festival national de Narbonne (juillet 2006). Le lycée de Blain, où l’on travaille actuellement sur les nouvelles de Guy Le Bris, accueillera le spectacle en mai prochain.
La compagnie totalise actuellement 125 représentations dans des lieux les plus divers (chez l’habitant, en plein air, dans un atelier, pour un repas-spectacle...), devant des publics allant de 30 à 600 personnes (Narbonne) et au fil des festivals amateurs de l’Ouest : La Baule, Lizio, Chartres, Lanester, La Roche sur Yon, Pontivy (kan ar bobl) et les Arlequins à Cholet en 2003 et 2005.
Jean-Marc Lépicier et Jacques Feuillet, les deux comédiens amateurs de la compagnie ont bénéficié pour tous leurs spectacles de la collaboration du comédien et metteur en scène professionnel Alexis Chevalier, du Théâtre Messidor, bien implanté dans le pays de Châteaubriant, et avec qui ils ont suivi deux ans durant une formation hebdomadaire. Ils appartiennent par ailleurs au Théâtre 116 de Fercé.
Le Fâilli Gueurzillon a choisi cette fois de s’arrêter chez Gaston Couté (1880-1911), restant ainsi dans la lignée d’un répertoire de “ terroir ” .
Car les textes de Couté, s’ils chantent la terre, expriment aussi une rage sans concession contre les pouvoirs abusifs, les mentalités rétrogrades, donnant la parole aux exclus de ce monde rural d’alors, chemineux quêtant leur pain de village en village, le bissac sur l’épaule, qu’on retrouvait parfois sans vie au fond d’un fossé, par un matin gelé. Epoque révolue ?
Gaston COUTÉ, écrivain du début du XXe siècle, qui a laissé des histoires racontées dans le français le plus pur ou dans le langage coloré de sa campagne beauceronne, maniait aussi bien l'humour que la colère. « Gaston Coûté n’a pas cherché à amuser un public de bourgeois par l’emploi de mots et de tournures passe-partout qui feraient passer les paysans pour des imbéciles » : il dit des textes bien sentis, contre la bêtise, la guerre, l’armée, et toutes les hypocrisies.
Ainsi, il décit Les Gourgandines : « Vous s’rez des dam’s à qui qu’on dounne un çartain âge, / Vous tortill’rez du cul dans des cotillons d’souée / V’ aurez un p’tit chalet près des ieaux ou des boués / Que v’ appell’rez « Villa des Ros’s ou des Parvenches » / L’curé y gueultounn’ra avec vous, les dimanches / En causant d’ici et d’ça, d’morale et d’tarte aux peurnes, / Vous rendrez l’pain bénit quand c’est qu’ça s’ra vout’ tour ; / L’Quatorz’ juillet, vous mérit’rez ben d’la Patrie : / Ça s’ra vous qu’aurez l’mieux pavouésé de tout l’bourg ; / Le bureau d’bienfaisanc’ vienra vous qu’ri des s’ cours. / Aux écol’s coummunal’s vous f’rez off’er de prix /Et vous s’rez presque autant que l’mair’ dans la Coummeune »
Il chante les paysans, les femmes, le ramasseux d’morts sur le champ de bataille, et ... les poires du curé :...
Ah ! bell’s pouér’s douc’s au grain léger,/ C’est-y pas - putout qu’eun’ poumme !/ Vous, qu’et’s cause du premier péché Dans l’jardin du premier houmme ?.../ Ah ! pouér’s fondant’s coumme un miel fin/ Qu’embaume et qui désaltère... /Ah ! pouér’s, bounn’s pouér’s de « Bon Chrétien » , /Dans l’jardin du presbytère !...
Faire partager au public les bons moments d’émotion que l’on recherche dans le spectacle vivant, telle est l’ambition du Fâilli Gueurzillon.
Réserv. au 02 40 55 11 28 ou 02 40 81 39 92 ou à gueurzillon [at] aol.com
ABP/BP
Un spectacle de très grande qualité
D'autres photos : (voir le site)