Le Centre de Recherche Bretonne et Celtique de l'Université de Bretagne Occidentale publie les actes d'un colloque intitulé comme le livre "Le monde en Bretagne et la Bretagne dans le Monde". Les thèmes sont l'immigration, la diaspora bretonne et l'émigration.
La coordinatrice du projet, Elsa Carillo-Blouin, maître de conférences d'histoire et civilisation hispanoaméricaine, reprend le thème des Bretons et Français émigrés au Mexique et en particulier en Californie et dans le Soñora. On y trouve une nouvelle analyse du Breton Joseph-Yves Limantour, bien connu non seulement parce que son fils devint un ministre du Mexique exceptionnel, mais aussi parce que l'historien Jan Bazant publia plusieurs articles sur ses aventures extraordinaires qui défient encore l'imagination. Limantour serait-il en passe de devenir l'archétype du Breton qui a réussi en Amerique ?
Le livre aborde aussi les épisodes des Anglais en Bretagne sous le duc Jean IV, de l'immigration italienne en Bretagne au XIXe siècle, des Hollandais, Hanséates et Bas-Bretons à Nantes, ou encore : comment le gouvernement argentin a pu détruire la culture galloise de la vallée du Chubut en Argentine, à coups de fonctionnaires, d'instituteurs hispanophones et de service militaire obligatoire.
Le livre finit par une critique acerbe de la méthodologie utilisée par l'association Paris-Breton pour effectuer son enquête de 2006 sur les Bretons de la région parisienne [Résultats publiés dans Armor Magazine no 432 : "Qui sont les Bretons de Paris", janvier 2006].
D'après Annick Madec, maître de conférence en sociologie à l'UBO, le choix de l'Internet comme média, et de la gare Montparnasse comme centre principal de distribution des formulaires a faussé les résultats du sondage. Choisir Montparnasse, c'était déjà choisir des Bretons qui n'avaient pas émigré complètement et gardaient un pied en Bretagne. Choisir l'Internet, même en 2006, excluait les couches sociales les plus défavorisées : « la méthode employée a défini le groupe et les résultats sont vraisemblablement ceux qui étaient recherchés » ; plus loin : "le groupe créé par l'enquête en dit autant, si ce n'est plus, sur ceux qui ont voulu cette enquête que sur les enquêtés".
Par contre, le livre n'aborde pas trop les questions politiques épineuses comme la négation française de l'existence de minorités nationales, ou même de minorités issues de l'immigration. L'immigration et l'émigration y sont analysées seulement comme un phénomène purement sociologique dans le cadre de la politique d'assimilation des États -- considérée comme un droit acquis et jamais remis en cause. Nulle part les notions de droits nationaux, de droits des minorité ethniques ou de simples droits culturels tels qu'ils sont définis dans la Déclaration des droits de l'homme européenne ne sont abordés.
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Philippe Argouarch