C’est une voix emblématique du kan-ha-diskan, le chant traditionnel à répondre de Bretagne, qui s’est tue. Henri Morvan, dernier des célèbres Frères Morvan, est décédé ce samedi 12 avril 2025 à Saint-Nicodème, dans les Côtes-d’Armor, à l’âge de 93 ans.
Avec ses frères François, Yvon et Yves, Henri formait un trio légendaire, originaire du hameau de Botcol, qui aura marqué de son empreinte plus de six décennies de musique bretonne. Leurs voix inimitables, leurs chemises à carreaux et casquettes vissées sur la tête, et leur fidélité au répertoire traditionnel ont fait d’eux des icônes des festoù-noz. Ils ont chanté sur toutes les scènes de Bretagne, des petites salles rurales aux Vieilles Charrues, où ils se sont produits en 2009 avec les Tambours du Bronx.
En octobre 2019, Henri et Yvon faisaient leurs adieux à la scène lors d’un fest-noz à Paimpol. Yvon est décédé en 2022. Avec la disparition d’Henri, c’est une page entière de la culture populaire bretonne qui se tourne.
En 2012, les Frères Morvan ont reçu le Collier de l’Hermine, distinction décernée par l’Institut Culturel de Bretagne (Skol Uhel ar Vro) à celles et ceux qui ont œuvré de manière remarquable pour la langue, la culture et l’identité bretonnes. Ce collier est considéré comme l’une des plus hautes reconnaissances symboliques en Bretagne. Il souligne l’importance de leur rôle dans la transmission orale et l’attachement au chant traditionnel dans sa forme la plus vivante.
Henri Morvan avait aussi reçu avec ses frères le titre de commandeur des Arts et des Lettres en 2019, une reconnaissance nationale qui s’ajoute à leur ancrage breton indéfectible.
Au-delà de la musique, les Frères Morvan furent de fervents défenseurs de la langue bretonne, qu’ils ont toujours chantée et parlée, refusant de la dissocier de leur art. Leur démarche a toujours été à la fois populaire et profondément politique, comme en témoigne leur testament culturel publié en 2020.
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Avec la disparition d’Henri Morvan, le chant populaire breton perd une voix authentique, mais l’écho de Botcol continuera de résonner longtemps dans les festoù-noz et les mémoires.
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