Une radio est née à Nantes en mai 2007 avec la fréquence 101.3 fm. Un concept intéressant mis au point par Laurence Aubron, la directrice actuelle : une radio « locale internationale », qui traite l'actualité nantaise en la mettant en perspective avec le quotidien des autres pays européens. Son but : « contribuer à l'édification d'une conscience citoyenne européenne faite de cultures, d'initiatives et de sensibilités diverses venant des quatre coins de l'Europe ». Dans ce cadre elle accueille 8 jeunes journalistes européens, venus à Nantes pour six mois. Hongrie, Roumanie, Allemagne, Suède, Espagne, Portugal, Grèce ...
Elle offre des émissions originales : des matinales, « l'accent de midi » , « elle est Babel la vie ? » , « Euroscopie » et, chaque jour, une photo d'Europe : une vieille femme allemande, tout ridée, un gamin violoniste à rome, et une terrasse aménagée dans le village hippie de Christiania (Danemark)
Cette plongée pendant 6 mois, dans une ville inconnue, permet aux jeunes journalistes d'approfondir leur métier, d epasser de la théorie à la pratique : chercher l'information, confronter les points de vue, apprendre le rythme d'une radio sous la pression du direct, expérimenter les échecs comme les enthousiasmes, se battre pour augmenter l'écoute. Une belle idée de radio fabriquée par des journalistes avec des étudiants étrangers en fin de formation, apprenant la radio, les regards croisés et l'information sans frontières.
Ah l'écoute ! C'est une tâche de longue haleine. Les spécialistes estiment qu'il faut au moins 3 ans pour se faire connaître et fidéliser des auditeurs.
La radio est largement financée par divers partenaires nantais, sur des fonds publics : la ville de Nantes et Nantes-Métropole, le Conseil Général, le Conseil Régional, l'Union Européenne … On parle de 400 000 à 500 000 euros. Ce n'est pas rien. Mais, selon Mme Aubron, il s'agit d'un projet pilote en Europe, appelé à se reproduire dans une autre ville européenne.
Stress ??
Est-ce le stress dû à des difficultés de gestion ? Est-ce un problème de management caractériel ? En tout cas les jeunes journalistes étrangers apprennent de belles choses sur la gestion du personnel et sur l'application du Droit du Travail. Tenez, le le 10 janvier 2008, les cinq salariés permanents ont écrit à l'ensemble de l'association qui gère la radio, sous forme de lettre ouverte. Des termes assez durs qui correspondent sans doute à une « ambiance » .
Cette lettre évoque « un conflit permanent entre la directrice et son équipe. Une directrice qui a concédé dès le mois de mai, qu'elle n'avait pas d'expérience de travail en équipe, qu'elle n'avait pas l'esprit collectif et qu'elle avait un "putain de caractère " ».
Malgré les demandes répétées des salariés, aucun outil de résolution des conflits n'a été établi pour tenter de trouver une issue à cette méconnaissance du travail en commun. Du coup il n'y a eu aucune tentative de tirer le meilleur de la diversité des expériences, des savoir faire, du sens de l'initiative et au final des enthousiasmes de chacun : comptable, journalistes, technicien et webmaster. Si bien que chacun s'est vite retrouvé démotivé par tant d'autoritarisme, d'ordres impulsifs et catégoriques, de colères, de manque de respect et de vexations.
Tensions, pressions individuelles, nerfs qui lâchent, crises de larmes et la directrice qui annonce chercher du travail ailleurs…..
La lettre met clairement en cause la directrice « attaques individuelles, contrôles tatillons du boulot de chacun, menace de virer les récalcitrants, ou refus d'adresser la parole à ceux qu'elle considère comme des obstacles. La directrice allant jusqu'à fuir toute communication, éviter tout échange, ou supprimer pendant trois semaines de suite l'unique réunion hebdomadaire commune ». Contactée la Directrice réduit ce problème à un simple conflit interne.
Face à un management souvent brutal, régulièrement incohérent, et donc forcément contre-productif, les salariés de la radio manifestent leur vive inquiétude sur le présent et sur l'avenir de leur travail, et de la radio. Ils demandent instamment à leur employeur, l'association « radio européenne nantaise », d'intervenir le plus vite possible pour trouver des solutions réelles, durables, de rétablir un dialogue constructif, afin que l'équipe puisse fonctionner sereinement. Pour que toute son énergie soit mobilisée sur les objectifs communs bien définis.
Lettre signée des 5 salariés, la comptable, le webmaster, les deux journalistes et le technicien
Raus !
Raus ! Dehors ! Depuis le 10 janvier 2008 rien n'a changé ou plutôt rien ne s'est amélioré. Au contraire ! L'un des journalistes, Nicolas de la Casinière, qui a le tort, par ailleurs, d'avoir une plume un peu acide dans « La Lettre à Lulu », a été convoqué dans un café nantais, début février, pour se voir remettre une mise à pied immédiate et une convocation à un entretien préalable au licenciement. Motif allégué « incompatibilité d'humeur ».
Refusant cette méthode expéditive, il a vu débouler, à la radio, la présidente de l'association accompagnée d'un huissier, pour le mettre dehors !
Finalement il a reçu une nouvelle lettre le convoquant … au domicile personnel de la présidente. Ce qui ne correspond pas au Code du Travail. Il a donc refusé.
Trois semaines plus tard les choses n'ont pas bougé. Les autorités nantaises attendent-elles que soient passées les élections ? Cet article de La Mée, sans prendre parti sur le fond, permet au moins de faire savoir les choses et de faire passer un message : quelle que soit la cause d'un conflit, il est nécessaire de respecter les lois qui régissent les relations de travail. A moins que les autorités nantaises ne soient tout à coup devenues adeptes des déréglementations sarkozystes ??
Il serait dommage qu'une belle idée de radio, financée par des fonds publics, se termine, par l'effet d'un management à la hache, en radio-gâchis …. mais, en période électorale, il vaut mieux ne pas en parler. Chuuuuut. On n'a rien dit !
B.Poiraud