[ABP] Nous venons d'apprendre la disparition de l'écrivain de langue bretonne Youenn Olier à Questembert où ses obsèques seront célébrées samedi à 14h30
Youenn Olier (à l'état-civil Yves Ollivier) était né à Audierne le 17 février 1923 de parents qui parlaient tous deux breton, mais qui durent quitter la Bretagne alors qu'il n'avait que 18 mois pour Cambrai où son père, sous-officier de carrière durant 16 ans, avait été nommé en 1924. Son père quitta lus tard l'armée et devint éclusier à Cambrai, puis, en 1937, il put revenir en Bretagne et fut éclusier à Saint-Germain-sur-Ille, près de Rennes. Yves Ollivier put faire des études classiques à l'Université de Rennes, obtint sa licence de lettres classiques en 1944, puis un DES de lettres et aussi le diplôme supérieur d'études celtiques - il s'était en effet passionné à l'adolescence pour la langue de ses ancêtres du Cap. Il devait aussi plus tard préparer et obtenir le diplôme supérieur de bibliothécaire. Après son service militaire effectué en 1945, il devint adjoint d'enseignement dans l'Académie de Rennes, avant de passer en 1950 dans l'enseignement libre et d'être durant plusieurs années enseignant de lettres au collège Saint-François-Xavier des Pères Jésuites à Vannes. En 1956, il revint à Rennes comme sous-bibliothécaire à la Bibliothèque universitaire, puis en 1968, il devint bibliothécaire de l'École nationale supérieure d'agronomie de Rennes où il fit le reste de sa carrière professionnelle jusqu'à son départ en retraite en 1983. Dès septembre 1945, Youenn Olier qui avait commencé à écrire des articles en breton à l'âge de 17 ans, avait créé une lettre circulaire en français et en breton An Avel (le vent), devenue en novembre 1946 Avel an trec'h (le vent de la victoire), premier véritable périodique politique et culturel en langue bretonne à paraître en Bretagne après la Libération. Il collabora par la suite à la revue littéraire Al Liamm (le lien) et à de nombreuses autres publciations en langue bretonne, avant de créer à Rennes en décembre 1969 une revue d'études en langue bretonne Imbourc'h (recherche) dont il a continué la publication à Questembert pendant de nombreuses années après son départ en retraite, ne s'arrêtant que ces toutes dernières années, en raison de sérieux problèmes de santé. En l'espace d'un soixantaine d'années, Youenn Olier a développé une œuvre littéraire en langue bretonne considérable, représentant plusieurs milliers de pages, et d'une très grande variété : poésie, pièces de théâtre, romans, nouvelles, essais politiques, philosophiques et religieux, études littéraires, traductions, travaux de lexicologie, souvenirs et bien d 'autres écrits encore, marqués par une foi chrétienne profonde mais aussi souvent par une vision assez sombre du monde actuel. La plus étonnante de ses œuvres est sans doute son journal, tenu en breton jour après jour à partir de la guerre et relatant une multitude de nouvelles et de faits, d'apparence parfois insignifiante, mais constituant, plusieurs décennies après, une incroyable mine de renseignements sur la vie quotidienne en Bretagne, particulièrement à Rennes, où il aura passé plus d'un e trentaine d'années de sa vie. Une grande partie de ce journal a été publiée déjà en volumes annuels, mais une grande partie en reste encore inédite. ABP.
Philippe Argouarch