Gentes dames et beaux damoiseaux qui parcourez les sentes et chemins de nos campagnes, point n’avez l’habitude de revêtir une peau de vache et point ne savez les traditions de ce milieu bovin. Les éleveurs, eux, ils connaissent !
Figurez-vous qu’il y a dans nos étables des vaches à lait et des vaches allaitantes. Les vaches à lait appartiennent à des races de « vache à lait », Holstein, Normande, Montbéliarde. Elles font des veaux mais on les leur enlève pour réserver le lait à votre consommation. Les vaches allaitantes font des petits veaux à qui elles donnent leur lait jusqu’au sevrage (elles appartiennent à des races comme Charolaise, Limousine, Blonde d’Aquitaine). Le revenu de l’éleveur dépend du nombre de veaux sevrés, par vache et par an.
Mais, selon une étude présentée par Gaël BENOTEAU et qui porte sur trois ans, les vaches allaitantes des Pays de Loire ont des écarts trop importants entre deux vêlages. Si elles avait un veau par an, il y aurait 10 à 11 000 veaux de plus par an dans les Pays de Loire.
Lors d’une réunion le 8 mars (journée des droits de la femme !), organisée par Hubert FILATRE conseiller à la Maison régionale de l’agriculture, en partenariat avec Jean-Marie NICOL vétérinaire, une soixantaine d’éleveurs se sont demandé comment faire pour améliorer les choses, pour faciliter les montées en chaleur.
C’est que ce n’est point commode ! Il n’y a pas de poudre magique. La montée en chaleur dépend de nombreux facteurs dont l’alimentation de la vache et son état corporel. Il faut savoir aussi que les tétées des petits veaux retardent le phénomène et qu’il suffit, quand le veau a deux mois, de le retirer pendant 48 heures, pour que la montée en chaleur se produise. Dans un troupeau de vaches allaitantes le principal ce n’est pas le taureau (il est toujours prêt à l’emploi, lui), ce ne sont pas les conditions de vêlage. Le plus important, c’est la vache.
Faut-il laisser faire la nature ? Ou intervenir ? Donner des vitamines A et E ? Des compléments alimentaires ? Des oligoéléments ? Du sel ? La vache, comme tout mammifère supérieur, ne se programme pas comme un robot.
Monte naturelle et taureau discret
Tout ça c’est très technique. Mais pour un non-initié la réunion du 8 mars avait des aspects rigolos. Tenez, par exemple, on a parlé de monte naturelle : des vaches et un taureau dans les prés. Et il arrive … ce que vous croyez ! Mais c’est très aléatoire. Ces dames ont des chaleurs et le taureau est là pour les servir. Quand il est décidé. Car, figurez-vous, il y a des taureaux « discrets » qui n’opèrent que la nuit. Des études ont montré qu’ils peuvent ainsi s’occuper de 3 ou 4 femelles par nuit. Mais que c’est bien dommage, car s’ils faisaient 2 femelles le jour et 2 la nuit ce serait plus efficace.
Il y a aussi des taureaux « dépressifs » qu’il faut laisser au repos et des taureaux « en panne ». Oui, oui ! Les éleveurs ont même remarqué qu’un taureau peut avoir une panne temporaire deux mois après sa mise à l’herbe !
De ce fait, les éleveurs doivent accompagner leurs taureaux voire même les surveiller. Tiens ! Savez-vous ce qui compte pour un taureau ?? Eh bien c’est d’avoir un bon dos, une bonne mobilité et … une bonne vue !
Insémination artificielle
L’éleveur peut aussi procéder par insémination artificielle. A condition de savoir à quel moment les vaches sont en chaleur ! C’est qu’il y en a qui le cachent : elles font des chaleurs silencieuses en hiver par exemple, ou des chaleurs erratiques !
Vêlage
Quand la vache est inséminée, reste à savoir si ça a marché. Car 6 à 10 % des génisses ont des problèmes de reproduction, Une vache trop maigre, par exemple, peut tarder à venir en chaleur. Et puis la vache peut avoir un kyste et pas de veau ! Un kyste c’est un follicule qui n’arrive pas à ovuler. Comme dit Jean-Marie Nicol, « un kyste c’est un gros candidat qui n’a pas de chance ! » .
Et enfin il y a les vaches qui avortent. Quelle en est la cause ? Listériose ? Néoporose ? Brucellose ? Tout avortement doit être déclaré au vétérinaire.
Toutes ces questions agitent l’esprit de l’éleveur qui se demande bien comment faire.
Certains éleveurs choisissent la liberté (presque) totale, et ont des vêlages toute l’année (mais surtout de juillet à octobre). D’autres choisissent « la synchro » pour synchroniser toutes les naissances sur la même période (auquel cas il faut utiliser l’insémination artificielle car le taureau ne suffirait pas à la tâche)
Tous ces points ont été débattus le 8 mars 2007. Les éleveurs étaient très intéressés. Certains d’entre eux ont témoigné de leur réussite.
ABP/BP