Depuis plus de 150 ans, de nombreux spécialistes, mais, peu d'universitaires et d'archéologues en activité, contestent qu'Alise-Sainte-Reine, en Côte-d'Or, soit le lieu où César a vaincu Vercingétorix, en -52 avant Jésus-Christ.
Par Christian Rogel pour ABP le 26/09/14 18:58
Depuis plus de 150 ans, de nombreux spécialistes, mais, peu d'universitaires et d'archéologues en activité, contestent qu'Alise-Sainte-Reine, en Côte-d'Or, soit le lieu où César a vaincu Vercingétorix, en -52 avant JC. Plusieurs livres le font, dont celui dont il est question ici, mais, tous les archéologues officiels récusent tout autre hypothèse, disant que cela a été confirmé par des fouilles menées de 1991 à 1997.
Dès les fouilles initiées et payées par Napoléon III, en 1861, de nombreux contradicteurs, tous latinistes, et, parfois, militaires, ont crié à l'interprétation tirée par les cheveux du texte de César. Si celui-ci écrit que la ville fortifiée était sur « une colline dont deux rivières léchaient les bases sur deux côtés », il faut être un archéologue trop sûr de quelques découvertes disparates et suspectes (armes hétéroclites abandonnées sans raison, fossés non datés ou monnaies trop concentrées) pour l'apercevoir sur le Mont-Auxois, une plutôt modeste colline aux flancs peu abrupts, que trois ruisseaux saluent de fort loin http://www.openstreetmap.org/?mlat=47.5361&mlon=4.4949#map=15/47.5361/4.4949&layers=C. En fait, comme il n'y a pas grand-chose dans les quelques phrases de César qui collent à ce qu'on voit à Alise-Sainte-Reine, il suffit de prétendre que «César est un des plus grands menteurs de l'Histoire » ou « qu'il déforme ou escamote la vérité ». Pourtant, rien de cohérent avec un siège à la romaine n'y a été trouvé.
C'est une jolie entreprise de purification de leur terrain de jeu, à laquelle se livrent les grands archéologues bardés de distinctions. L'intrus, c'est le spécialiste de l'Histoire romaine ou celtique qui prétend se fier à de misérables textes, au lieu de s'incliner devant les conclusions prétendues limpides d'une néo-science. Quand on a eu pour professeur d'Histoire romaine, l'immense Pierre Grimal, on ne peut qu'être conforté, puisqu'il ne croyait pas dans l'imposture d'Alise. Phonologiquement, l'Alesia (avec un e long) des textes latins et grecs ne peut avoir été transcrit par Alisia (Alise), au Moyen-Âge. Une inscription, trouvée à Alise, indique le nom gaulois de la ville, Alisiia, et il ne correspond pas plus à Alesia.
Cette remise en cause impossible d'une vérité idéologique, créée par un dictateur, est structurelle : les archéologues sont devenus des « scientifiques », sous la férule d'un ministère quasi-régalien, et gare à l'imprudent universitaire qui s'aventurerait dans leur jardin ! D'ailleurs, ils répètent comme un mantra que la question est réglée et que c'est « l'avis de la majorité des chercheurs » (Michel Reddé, responsable des fouilles récentes).
Pour simplifier et évacuer les problèmes, nos archéologues écartent les historiens ou géographes qui ont écrit en grec sur la Guerre des Gaules, alors que Diodore de Sicile, un contemporain de César et d'Auguste, dit que, fondée par Héraklès (Hercule) et dotée par celui-ci de remparts énormes, « Alésia était le foyer et la métropole religieuse de toute la Celtique ». Plutarque renchérit « Alésia passait pour imprenable, en raison de ses grands remparts et du nombre des ses défenseurs » et Strabon confirme la position : « Alésia était sur une éminence élevée, entourée de montagnes et de deux rivières ». L'existence dans l'Est de la Gaule, d'une métropole religieuse celtique, encore active au temps de Diodore, n'a pas fait l'objet de beaucoup de mentions par les historiens de la Celtique, car, elle revient à déclarer la guerre à nombre d'académiciens et de fonctionnaires ministériels. On n'est jamais trop prudent.
Notons au passage que les légendes concernant Héraklès-Hercule qui aurait passé une partie de sa vie dans « la Celtique » indiquent qu'il s'agit plutôt d'Ogma, le dieu champion des manuscrits irlandais, dont une trace peut être retrouvée dans un mythe concernant les Gaulois voisins des Phocéens ( voir notre article ). Un purificateur en chef, Jean-Louis Brunaux, archéologue éminent, partisan d'Alise, a osé prétendre qu'il n'a pas existé de religion celte, puisqu'il n'en a pas retrouvé la trace avec ses petites cuillères qui remuent la terre. Personne ne lui a soufflé que les Celtes ne confiaient pas leurs mythes à l'écriture et que seule la critique raisonnée de ce qu'en ont dit leurs voisins et descendants peut donner quelque lumière ?
Alésia, la supercherie dévoilée est une oeuvre collective, sous la direction de Danielle Porte, ancienne professeure de latin et de civilisation romaine à l'Université de Paris, qui va bien au-delà des limites de l'archéologie, en faisant appel à des spécialistes de la chose militaire ou à des observateurs sagaces qui se demandent, par exemple, comment maintenir une hygiène acceptable avec 95 000 personnes et de milliers d'animaux entassés sur 97 hectares au milieu des maisons et des remparts de pierre, dont aucune trace n'a été trouvée. La conclusion d'un vétérinaire sur l'eau à puiser et sur le monceau de déjections à évacuer en six semaines est terrifiante.
Plus concrètement, quand César écrit « le lendemain » (altero die) et qu'aucun site acceptable pour le combat de cavalerie d'avant le siège n'existe à moins de deux journées de marche, pourquoi continue-t'on à prétendre que César n'était pas dans le Jura, alors qu'il écrit, noir sur blanc, qu'il va « chez les Séquanes » (in Sequanos), alors habitants du Jura ?
Danielle Porte annonce une suite pour montrer que le meilleur site possible est celui de Chaux-des-Crotenay, dans le Jura (1 000 hectares) http://www.openstreetmap.org/?mlat=46.6716&mlon=5.9578#map=14/46.6716/5.9578&layers=C . Cela ne fera pas les affaires du tout nouveau MuséoParc d'Alise-Sainte-Reine, mais il pourrait rester comme lieu de mémoire des errements et des histoires à dormir debout du « roman national français » (on parle bien de roman, donc, de fiction complète).
Alésia : la supercherie dévoilée, sous la direction de Danielle Porte, Pygmalion, 2014. ISBN978-2-7564-1450-8.
Version papier 21,90 euros. Version ebook 14,90 euros
baptiste granjon Le Samedi 27 septembre 2014 16:36
M Rogel bonjour. Je viens de recevoir votre lien sur mon site internet. Je ne vous connais pas mais nous avons un point commun ; Alise Ste Reyne n'est pas Alésia. Je pense que pour Gergovie, il en est de même. Tous les tenants des oppida de la Limagne se battent pour en revendiquer la paternité. J'ai trouvé un site qui colle à 100% au scénario décrit par César dans la Guerre des Gaules. Voici le lien. Sur internet il a un succès grandissant. Je cherche des gens qui pourraient m'aider à développer et à promouvoir mes informations. Si elles vous paraissent crédibles ou pas, ce serait sympathique de me le faire savoir. Merci et bravo pour votre courage, il y a trop de gens historiens et archéologues qui s'agenouillent devant Alise Ste Reine. bapt42660 [at] gmail.com
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mansker Le Dimanche 28 septembre 2014 13:46
Bravo pour votre article et à Mr. Granjon. Quand on voit ce qui est également arrivé à Glozel, et les tribulations de Mr. Fradin. Très pathétique cette linéarité de la conception de l'histoire qui ne laisse pas de place aux suppositions, ou aux hypothèses. La Bretagne de Jules le César était aussi déserte. La conception pyramidale de l'organisation des historiens, toutes catégories confondues, n'admet point d'écart. Et pourtant, ils en savent des choses ! Je puis vous l'assurer. A qui profite « le crime »? Le disque de Nebra, trouvé par un chercheur amateur, « adepte de la poêle à frire », a également remis en cause bien des théories toutes faites, et rétabli les connaissances qu'avaient les Celtes sur l'astronomie. La ville de Troie fut aussi découverte par un passionné, etc,etc...
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Med KF Le Lundi 29 septembre 2014 17:49
Merci pour cet article ! Je vous conseille aussi d'aller voir cette page Facebook qui traite du sujet :
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Gérard Clavier Le Mardi 30 septembre 2014 16:57
Merci pour cet article qui ose dire clairement des vérités que trop de "spécialistes" nient farouchement pour quelque raison inavouée.
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Jean-Pierre Renaud Le Mercredi 1 octobre 2014 10:59
L'étude entreprise par Madame Danielle Porte repose sur une "modélisation", créée par Monsieur André Berthier qui cherchait - topographiquement - le site du siège d'Alésia. Or, puisque le terme de "supercherie" a été employé par Mme Porte, je serais tenté de l'utiliser pour ladite modélisation ; la concordance entre les caractéristiques du site de "Syam-Chaux", dans le Jura, et les éléments de description apportés par César (et par lui seul) n'est qu'apparente (par exemple, le "modèle" de forme triangulaire est arbitraire). Par ailleurs, le site du combat de cavalerie d'avant le siège sur le plateau de Crotenay n'est pas "garanti" du fait qu'il se trouve assez loin de la route principale correspondant au trajet des Romains proposé par Mme Porte, alors qu'il existe, à moins de deux journées de marche d'Alise, un site "envisageable" aux abords de la D905. Enfin, pourquoi prétendre que César était "in Sequanos", alors, qu'après la bataille, il "envoie" Labienus - qui était à ses côtés lors du siège d'Alésia - "chez les Séquanes" ? J'ai visité les deux sites (celui du Jura en compagnie de D. Porte) et je reste, pour le moins, ... dubitatif.
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Christian Rogel Le Mercredi 1 octobre 2014 17:34
@Jean-Pierre Renaud Les auteurs qui ont écrit après César ont dit qu'Alésia était au pays des Séquanes. Diodore aurait pu se le faire confirmer par un témoin. César a écrit : “Cum Caesar in Sequanos per extremos Lingonum fines iter faceret..". Ce qui se traduit par "Alors que César se mouvait (pour aller) dans le pays des Séquanes en passant par les régions frontières des Lingons... S'il avait fait, après avoir pénétré chez les Séquanes en étant parti de Langres, un crochet de plus de 200 km vers l'Ouest, en direction des Eduens insurgés, alors qu'il se repliait vers Genève, il l'aurait indiqué et justifié, tant ç'aurait été risqué. L'accusatif latin indique le mouvement et le "in" implique d'entrer dans le territoire visé. Cela a été validé par Constans, Carcopino et Grimal, excusez du peu. Et Danielle Porte, universitaire spécialiste du latin, est compétente pour le confirmer. La manière la plus ingénieuse de contourner César a été la proposition de Jérôme Carcopino qui voyait des "Séquanes de l'Ouest" (une enclave ?), du côté d'Alise. Sans l'ombre d'un texte, évidemment.
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Yannick Jaouen Le Mercredi 1 octobre 2014 23:01
Merci, Christian Rogel, pour votre mise en lumière d'un ouvrage qui n'a d'autres prétention que de poser des questions... auxquelles personne ne veut répondre parmi nos éminents spécialistes du sujet. Jean-Pierre Renaud, pourquoi prétendre que lorsque César envoie Labienus chez les Séquanes, il le fait depuis Alésia? Relisez donc bien le passage du BG ou César renvoie Labienus chez les Séquanes, le BG VII, 90 qui suit la reddition de Vercingétorix à Alésia et qui commence ainsi: "His rebus confectis in Aeduos proficiscitur; civitatem recipit."/"Tout cela réglé, il part chez les Héduens: la cité fait sa soumission." Déjà, cela élimine de fait toute localisation possible d'Alésia en pays Héduen: S'il part d'Alésia vers le pays Héduen, c'est qu'Alésia n'y est pas. Et puisque la cité fait sa soumission, cela signifie que tout ce qui vient ensuite se passe chez les Héduens, ou César c'est donc rendu... avec tout le monde: il y reçoit des ambassades Arvernes, prend des otages rend des prisonniers... toutes choses qui ont dû prendre un certains temps! Et ce n'est qu'après qu'il envoie Labienus chez les Séquanes... Pas depuis Alésia, donc, mais bien depuis la cité des héduens...Enfin, c'est ce que dit César!
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Moal Le Jeudi 2 octobre 2014 10:56
Une excellente exposition a eu lieu à Clermont-Ferrand mettant en parallèle la représentation des Gaulois dans la peinture française et les dernières découvertes archéologiques. Il est certain que l'histoire des Gaulois a été manipulée pour participer à l'élaboration du roman national français.
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Jean-Pierre Renaud Le Vendredi 3 octobre 2014 08:30
(à M. Rogel) Je ne défendrai pas Jérôme Carcopino et ses «Séquanes de l'Ouest» puisque, vous avez raison, aucun texte ne permet d'envisager une configuration d'enclave. Mais je ne serai pas aussi catégorique que vous pour ce qui est du « in impliquant une entrée dans le territoire visé » ; pour avoir étudié (avec des amies latinistes) le texte "AB URBE CONDITA" de Tite-Live, je crois savoir qu'il existe de nombreux cas où il est préférable de s'en tenir à - ce que vous mentionnez vous-même - (se mouvoir) "pour aller", autrement dit "aller vers". Au passage, "per extremos Lingonum fines" ne devrait pas permettre à Mme Porte d'avancer que César est parti de Langres pour se diriger vers Genève ...
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Jean-Pierre Renaud Le Vendredi 3 octobre 2014 10:51
(à M. Jaouen) J'ai, devant les yeux, le BG VII 90 : si rien ne laisse entendre - je l'admets - que c'est "depuis Alésia" que César envoie Labienus chez les Séquanes, rien ne ne permet d'affirmer que Labienus a suivi César à Bribacte ... et il est vraisemblable qu'il ait reçu la mission de diriger la suite des opérations à Alésia ! L'autre question importante est effectivement de situer le territoire des Mandubiens : puisque César - ainsi que vous l'avez noté - "part d'Alésia vers le pays (H)éduen, c'est qu'Alésia n'y est pas" ... mais savoir cela laisse toute latitude de le chercher ailleurs et, pourquoi pas, d'envisager une situation à la "rencontre" des territoires des Sénons, des Lingons, des Séquanes et des Eduens. Sur cela aussi, je suis dubitatif ...
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Med KF Le Mercredi 8 octobre 2014 16:21
(à M.Renaud) Vous dites : "L'étude entreprise par Madame Danielle Porte repose sur une «modélisation», créée par Monsieur André Berthier qui cherchait - topographiquement - le site du siège d'Alésia." Ce n'est pas du tout ce qu'aborde le livre "Alésia, supercherie dévoilée". Il traite uniquement du site d'Alise Ste Reine et de ses incohérences. L'étude se base principalement sur les rapports de fouille effectuée dans les années 90. C'est d'ailleurs le réflexe qu'ont eu Jean-Louis Brunaux,Yann Le Bohec et Jean-Louis Voisin, à savoir remettre en cause le site de Chaux des Crotenay alors qu'il n'en est nullement question dans ce livre de 400 pages. Ça prouve qu'ils ne l'ont pas lu et qu'ils sont dans le refus systématique d'envisager une autre hypothèse... Dommage pour des chercheurs de nier si facilement le bon sens... source :
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Jean-Pierre Renaud Le Jeudi 9 octobre 2014 01:21
(à Med KF) Personnellement, je n'ai jamais été "dans le refus systématique d'envisager une autre hypothèse", bien au contraire : c'est dans cet esprit d'ouverture que je me suis rendu à Chaux avec un ami historien et archéologue pour visiter le site (présumé) de l'Alésia jurassienne en compagnie de Mme Porte, et qu'ensuite, je suis retourné à Alise (où j'étais allé il y a bien longtemps). Ce que vous appelez "bon sens" fait-il référence à un article de Mme Porte intitulé "A la recherche du lieu perdu" ? J'avais rédigé un texte (en 6 points, je crois) pour lui faire part de mes réflexions sur le sujet mais je ne le lui ai jamais envoyé ; il contenait pourtant quelques réponses aux soi-disant "incohérences", dont vous me rappelez qu'elles sont l'essence même du livre "Supercherie dévoilée" ...
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Christian Rogel Le Jeudi 9 octobre 2014 12:07
@Jean-Pierre Renaud Je crois comprendre que vous pensez qu'Alise est cohérent avec le texte de César. Je me demande bien comment, car on ne voit pas comment César aurait pu confondre des flumina et des rivi ou, dans ce cas des rivuli : il était chef-d'état-major quand même ! A ces mécompréhensions radicales (cujus collis radices) s'ajoute ce que j'ai découvert dans le livre et qui emporte définitivement ma conviction : l'Alesia mentionné par César et les Grecs ne peut avoir qu'un e long et l'Alisiia de l'inscription de Martialis ne peut avoir qu'un i bref. La supposéemétathèse e long > i bref va contre les règles basiques de la phonétique historique. C'est comme si on pouvait imaginer que le mot breton penn pouvait avoir évolué en tel lieu ou tel autre en pinn. C'est strictement impossible. Par ailleurs, un M. Yves de Bermond propose un autre site que Chaux, non inclus dans les recherches de Berthier, Givry, au Nord de Vézelay A première vue, la Cure et le Cousin sont des flumina/i> , mais, ce n'est pas suffisant : une métropole religieuse dans un pays éduen, ami des Romains ? César aurait eu des motifs de le mentionner.
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Jean-Pierre Renaud Le Jeudi 9 octobre 2014 23:46
Alise n'est, de toute façon, pas moins cohérent avec le texte de César que Syam-Crans-Chaux. L'argument des "flumina" et des "rivuli" serait à prendre en compte si l'on connaissait la "réalité antique" de l'Oze et de l'Ozerain. Il en est de même pour "ce qui emporte votre conviction" : Alesia est le nom mentionné par César, c'est-à-dire la transcription de ce que Julius a entendu (et non ce qu'il aurait pu lire - si je ne m'abuse - puisque le "gaulois", quand il se présente à l'épigraphie, est transcrit par les lettres grecques) ... le "e" de la deuxième syllabe marque une différence de son (perçu) avec le "i" de la troisième, tout comme le font les deux "i" de la troisième d' "Alisiia" au regard du "i" unique de la première de ce mot ... mais, bien malin qui peut dire la prononciation exacte du nom donné à la citadelle qui fut assiégée en l'an 52 avant J.C. ?
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Christian Rogel Le Vendredi 10 octobre 2014 00:07
@Jean-Pierre Renaud Dans l'article, je parle, à dessein, d'une règle de phonologie qui se vérifie dans la phonétique : pour moi, un e avant -s ne peut être que long alors qu'un -i dans la même position ne peut être que bref. L'inscription gauloise porte donc un i bref Diodore de Sicile en écrivant Alησια a bien entendu ou lu la même chose que César, i.e. un e long.
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Jean-Pierre Renaud Le Vendredi 10 octobre 2014 10:41
(à M. Rogel) Tout comme vous, je fais entièrement confiance à Mme Danielle Porte - o combien meilleure latiniste que moi - pour ce qui concerne la règle de phonologie que vous rappelez. Mais c'est, en quelque sorte, "en amont" de cette règle que je veux évoquer, à dessein là aussi, la question de la "source" relative à ce nom ; sur ce plan, pour ma part, je laisse de côté l'Alησια de Diodore, qui a seulement transcrit ce que César a fait écrire ("ramenant" le problème à Julius et à lui seul), et je continue de douter que le terme "Alesia" émanât de ce que César aurait pu lire sur une inscription gauloise : je pense qu'il a "donné" à écrire à son "scribe" ce qui lui avait été rapporté auditivement.
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Christian Rogel Le Vendredi 10 octobre 2014 13:15
@Jean-Pierre Renaud Une fois, vous mentionnez que César a entendu le nom et une autre qu'il l'a lu. Non, mêm étant un fin lettré, César appartenait à une civilisation orale et les langues qu'il connaissait faisaient des distinctions entre les longueurs de voyelles. Toute la métrique était basée dessus et il a assez probablement entendu des poèmes ou des chants qui mentionnaient Alesia avec la bonne longueur du e. Le français, langue peu tonale et peu accentuée, nous empêche de percevoir l'importance que cela avait, à tel point que nous avons perdu depuis 50 ans la capacité d'entendre la différence de longueur entre brin et brun et entre patte et pâte.
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Jean-Pierre Renaud Le Vendredi 10 octobre 2014 21:09
(à M. Rogel) Me serais-je mal fait comprendre ? a) je ne pensais pas avoir "mentionné", en quelque endroit, que "César a lu" le nom de la citadelle qu'il assiégeait puisque je doute qu'il ait eu cette possibilité ; b) il me semblait intéressant, par cette réflexion, de relativiser la question des voyelles que D. Porte brandit comme un étendard pour réfuter une possible corrélation entre "Alise" et "l'Alésia de César".
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Christian Rogel Le Samedi 11 octobre 2014 00:25
OK, vous parliez de transcription de ce qu'il a entendu. Au temps pour moi. Ce n'est pas le simple fait que César ait écrit un e qui me convainc, mais, le fait que Diodore utilise une voyelle dont la longueur est indiscutable. L'un sans l'autre n'apporterait rien, car, on pourrait croire à une cacographie. Diodore est un contemporain de César qui s'est établi à Rome après avoir voyagé en Europe, donc très probablement en Gaule, ce qui lui permet d'être informé sur le statut exceptionnel de métropole religieuse qu'avait la ville d'Alésia, placée sous l'invocation d'un dieu très révéré par les Gaulois (Strabon, Lucien). Comme vous le savez, les pro-Alise oublient Diodore et les autres Grecs, ils sont beaucoup trop gênants. Quant à la possibilité que l'Oze ou l'Ozerain aient été plus abondants, elle est d'autant plus réduite que leur longueur n'est que de 32 à 40 km avec d'étroits bassins versants et qu'en été, l'étiage est extrêmement bas (quelques filets d'eau). La pluviométrie de la Côte d'Or atteint déjà 8 à 900 mm/m2 (comme les Côtes d'Armor ou le Pas-de-Calais). Même en la doublant, ce qui serait gigantesque, les rivuli ne se transforment pas en flumina.
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Jean-Pierre Renaud Le Samedi 11 octobre 2014 01:31
La "Quellenforschung" incite à ne pas prendre tous les dires de Diodore de Sicile pour argent comptant ; je reste sur l'idée que son "Alησια" est - en quelque sorte - la "conversion" de l'Alesia de César en grec (et si c'est le cas, l'un ne corrobore pas l'autre). En revanche, je veux bien admettre qu'il soit difficile d'imaginer des flumina là où le site alisien présente aujourd'hui des rivuli. Toutefois, ne faut-il pas considérer que "les exploitations agricoles" des terres, en Côte d'Or comme ailleurs, ait eu, depuis les essarts du Moyen Age, un impact relativement important sur tous les cours d'eau, et, en l'occurrence, ici, une réduction de leurs débits et un amoindrissement de leurs largeurs ?
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Christian Rogel Le Samedi 11 octobre 2014 01:51
Je répète que, si c'est un e qu'a écrit César, placé entre l et s, il ne peut être que long et Diodore l'a bien perçu avec un accès aussi direct à l'information. Inventer une cité religieuse avec son héros fondateur l'aurait fait passer pour un rigolo. J'ai parlé de la pluviométrie : si le filet d'eau est multiplié par 10 (épisodes cévenols à répétitions), le ruisseau ne s'élargira pas réellement..
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Jean-Pierre Renaud Le Samedi 11 octobre 2014 11:51
Vous évoquez, pour la deuxième fois, le "statut exceptionnel de métropole religieuse qu'avait Alésia" et "son héros fondateur" [Héraclès] ; votre insistance sur la "question des voyelles" me fait comprendre qu'il ne s'agit pas uniquement d'un problème de phonologie et de métrique ... Soyons clairs : les pro-Chaux mettent en exergue les textes grecs parce qu'ils voient dans les "structures de pierres" présentes sur le plateau de Chaux - au sujet desquelles Mme Porte a fait un livre - les restes de ladite "métropole". Et c'est en cela que "Diodore et les autres Grecs" seraient "beaucoup trop gênants pour les pro-Alise" : exact ? Pour ma part, je ne pense pas qu'il faille tout "amalgamer" pour localiser Alésia : qu'en pensez-vous ?
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Christian Rogel Le Samedi 11 octobre 2014 13:02
@Jean-Pierre Renaud Je n'ai pas pris parti pour Chaux et j'ignore si le mur près du camping de chalets ("Les chalets d'Alésia") ou le "fanum" allégué ont quelque consistance. Mais, par ma double formation d'historien et de latiniste, je ne peux voir d'amalgame, là où les textes s'emboitent, se complètent et ne se contredisent pas, dans un contexte historique et culturel similaire. Ce qu'on dit de César et qu'on tient de vraisemblable tient, à la fois de lui, de Cicéron, de Suétone et de Plutarque. Chaque source pouvant être discutée dans le détail, mais, aucune n'est disqualifiée d'entrée. L'idée de la métropole celtique escamotée m'intéresse, car, c'est une illustration d'une historiographie idéologisée qui fait semblant de mettre en avant les Celtes, pour mieux les dévaloriser, au nom d'une latinité politiquement fantasmée (ordre contre désordre).
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Jean-Pierre Renaud Le Samedi 11 octobre 2014 14:20
Je serais enclin à vous rejoindre sur l'idée d'une "historiographie idéologisée" quant à la récurrente dévalorisation des "formes" de la religion celte ... Pour ce qui se rapporte à "l'amalgame" que je vous disais craindre, l'interrogation première est [si l'on veut faire converger tous les éléments des textes "qui ne se contredisent pas, dans un contexte historique et culturel similaire"] : n'existe-t-il pas quelque indice sur le site d'Alise-Sainte-Reine qui conduise à le supposer " métropole religieuse de la Gaule celtique" ? Il conviendrait peut-être ainsi de se tourner vers les dieux Ucuetis (le protecteur des artisans) et Moritasgus (un dieu "guérisseur" autochtone, associé à Apollon) dont il semble que l'on a pu retrouver la trace, depuis peu, sous les vestiges de la ville romaine du mont Auxois ?
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Jean-Pierre Renaud Le Dimanche 12 octobre 2014 12:05
Une précision : pour "interrogation première", il faut entendre "qui doit précéder" celle que posent les "structures de pierres" du plateau de Chaux, mises en avant par Danielle Porte dans son livre : "Alésia, Citadelle jurassienne, la Colline où soufflait l'esprit" (sorti en 2000) ... dans la mesure où l'on accepte le principe de "non-amalgame là où les textes s'emboîtent et se complètent" [... dans lequel on pourrait voir celui du "croisement des sources" ... si l'on faisait au préalable la critique desdites sources, la "Quellenforschung" !].
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Christian Rogel Le Dimanche 12 octobre 2014 13:36
@Jean-Pierre Renaud Vous me reparlez de Chaux, alors que je parle de Diodore de Sicile (voir , car, il est intéressant qu'il ait mentionné Héraklès, puisque vous parlez de Quellenforschung (critique des sources), car c'est un effort de transposition vers son public qui implique ue réflexion sur sa source, et parce qu'il estimait important de rappeler le souvenir des héros fondateurs de ville. Habitant Rome, il avait beaucoup plus de possibilté qu'Hérodote de vérifier sa propre source, car, des Gaulois y habitaient et leur pays était sillonné par des Latins et des non-Latins depuis longtemps.
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Jean-Pierre Renaud Le Dimanche 12 octobre 2014 16:42
M. Rogel, si je vous reparle de Chaux, c'est parce que l'éventuelle "supercherie" du MuséoParc d'Alise ne se "dévoile" qu'en fonction de la "potentielle" révélation du site jurassien "concordant" de Syam-Crans-Chaux ! Ce que je précisais, supra, prenait en compte le texte de Diodore afin que l'on voie - en premier - en Alise la possible métropole celtique mentionnée par le Grec, citadelle moins excentrée que Chaux et plutôt bien située sur une route pré-romaine majeure joignant, géographiquement parlant, le "bassin parisien" au "bassin Saône-Rhône" ...
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Christian Rogel Le Dimanche 12 octobre 2014 19:02
@Jean-Pierre Renaud Faire d'Alise une ville avec des "remparts énormes" pose un premier problème sur un plateau relativement modeste qui, de surcroît devrait accueillir des effectifs militaires considérables, selon César. Exagérer des tailles de ruisseau, des effectifs, des largeurs de fossé (6 m x 6 m), mettre au Nord un camp qui ne peut-y être, cela fait beaucoup à lui mettre sur le dos, surtout pour un spécialiste mondial à l'époque. De surcroît, est-ce qu'une desecratio pouvait aller jusqu'à faire disparaître toutes les fondations des murailles ou murs (mis à part le bout de murus gallicus trouvé) ? Semer à l'emplacement des ruines n'impliquait probablement pas une tabula rasa étant donné les ressources que cela aurait mobilisé.
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Jean-Pierre Renaud Le Lundi 13 octobre 2014 00:57
La disparition des remparts et l'amoindrissement de deux cours d'eau ne me paraissent des arguments si forts que cela pour accuser les archéologues de "supercherie". Quant à la largeur actuelle des fossés, elle peut aisément s'expliquer (voir en page 60 du n°305 des "Dossiers de l'Archéologie"). En revanche, la question des effectifs gaulois réfugiés sur le mont Auxois, 80 000 hommes selon César, pose un réel problème ... mais peut-être pas où les pro-Chaux le croient : c'est par le biais d'un discours qu'il prête à Vercingétorix que César mentionne, au VII, 71, le nombre de « 80 000 Gaulois d'élite » ; est-il si déraisonnable de penser qu'il a pu, par ce procédé, exagérer les forces de son adversaire pour en tirer plus de gloire ? [Du reste, si ce dernier avait eu un tel effectif, n'aurait-il pas voulu tenter de lancer ensemble cavalerie et infanterie contre les troupes romaines (env. 70 000 hommes) pendant qu'une large partie de celles-ci était occupée à édifier la circonvallation ?] Enfin, pour ce qui a trait à une supposée "tabula rasa" venant après une possible "desecratio", je ne puis vous répondre sans vous "reparler" de Chaux ... ce qui ne vous semble pas mériter une place dans notre débat.
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Christian Rogel Le Lundi 13 octobre 2014 11:41
@Jean-Pierre Renaud Pour Chaux, attendons de voir ce que donnerons les investigations avec un lidar donneront, car c'est le seul moyen de percer le couvert végétal" et de voir des traces de constructions crédibles. C'est les "flumina" et le "subluebant" qui son toujours restés en travers de la gorge des latinistes anti-Alise plus que le reste. Comme les bassins versants sont très modestes, car étroits, il faut imaginer des pluies incessantes pendant des mois pour imaginer les 2 petits cours d'eau s'élargir jusqu'au mont. Il y en aurait des traces, une inondation majeure en aval et des difficultés insurmontables pour creuser des fosses de 6 m de profondeur ou même moins. On fabriquerait tout un paysage avec force hypothèses non étayées. La supercherie fait surtout référence aux fouilles du 19ème et leur amas d'armes mal sécurisé du point de vue scientifique. Or, sans lui, difficile de supposer une bataille.
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Jean-Pierre Renaud Le Lundi 13 octobre 2014 19:03
Sur ces deux points - les deux cours d'eau du site alisien (importance et position au pied du mont) et les fouilles de Napoléon III - il nous est facile de tomber d'accord: (1) on peine à imaginer aujourd'hui des flumina là où coulent Oze et Ozerain, 2. on doit dénoncer les "actes de faussaires", qui n'avaient pour but que de plaire à l'empereur ... Pour autant, (1) on a pu constater en maints endroits de notre pays que l'hydrographie évolue en permanence et (2) on doit prendre en compte les résultats des fouilles de 91-97 puisque "les dispositifs décrits par César se retrouvent bien dans le sol d'Alise" [propos de M. Reddé, en juillet 2005] et en particulier, les "trous de loup" (ou lilia) dus au seul César ! [A ce propos, les pro-Chaux m'avaient promis de me montrer des photos de ces pièges sur la commune de Syam ... je ne les ai toujours pas vues. En revanche, j'ai pu apprécier les bases de 5 tours distantes de 24 m. exactement, révélées par le lidar, en 1ère phase.]
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Christian Rogel Le Lundi 13 octobre 2014 21:58
@Jean-Pierre Renaud Concernant les pièges, D. Porte rapporte que César décrit des systèmes de pièges régulièrement espacés, mais les traces de tribuli ne sont pas là et il n'y a aucune régularité, tout serait mélangé, si bien qu'on invoque des initiatives personnelles en fonction du terrain. Plus ennuyeux, César parle de tours (miradors) espacées tous les 24 m et ce qui a été classé comme trace de tour est placé à des intervalles divers et les tours auraient eu des superficies très variables et seraient parfois en des lieux incompréhensibles.. Encore, une fois, César aurait déformé la réalité dans un but peu saisissable. Quant aux monnaies, elles viennent en partie d'endroits lointains de la Gaule et sont bizarrement concentrées dans un seul endroit des retranchements romains, alors qu'aucune monnaie romaine n'a été retrouvée. Les périmètres de fossés présumés sont beaucoup trop longs à Alise par rapport à César (parfois à 1800 m de la colline !). Last, but not last, un géographe, Yannick Jaouen, montre que la ressource autonome en eau du Mont-Auxois ne pourrait, en été, ne pas dépasser 15 m3/jour. Selon le livre, une ou des batailles limitées pourraient avoir eu lieu à différents moments, mais, pas forcément un siège. Chose amusante, le moine Eric d'Auxerre (9è s.) place Alésia à Alise, mais dit qu'elle a été "fatale aux armées de César".
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Jean-Pierre Renaud Le Mardi 14 octobre 2014 00:24
Toutes ces "discordances", que vous énumérez, font partie de la litanie anti-Alise/pro-Chaux ; elles commencent à être connues, mais tout ce qui forme ce bel "empilement" n'est pas à mettre sur le même plan (je m'explique) : les soi-disant absence de "traces" et "irrégularité" relatives aux tribuli relève - pardonnez-moi - d'une méconnaissance des résultats de fouilles, les écarts notables entre les données césariennes et la réalité du site (espacement des tours et distances entre la colline et les fossés) sont - en revanche - un fait avéré, et la question de l'actuelle faible ressource en eau rejoint celle des rivuli actuels : elle n'a pas, aujourd'hui, de réponse évidente. Vous voyez, c'est un peu cela que j'appelle "amalgame" et que je crains dans un débat.
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Christian Rogel Le Mardi 14 octobre 2014 01:01
@Jean-Pierre Renaud Je n'appellerais pas un empilement, ce qui est une séquence historique : Acte 1 : De 1832 à 1980 La critique du site d'Alise est purement philologique. Entre temps, Alise est "officialisée". Acte 2 : Berthier, à partir de 1980 laisse filtrer ses conclusions, qui toujours d'après César, le conduisent vers Chaux. Réactions de rejet, mais, pression montante Acte 3 : 1991-1997 Fouilles à Alise avec conclusions pro-Alise par des archéologues qui contournent le texte de César en excipant des éléments trouvés Acte 4 : Les anti-Alise, ralliés le plus souvent à Berthier, mais, pas toujours, critiquent les rapports de fouilles dans le détail, ce qui est logique et normal, en s'appuyant toujours sur César et 2 ou 3 Grecs. Acte 5 : Les archéologues officiels tiennent toujours à leurs conclusions et répondent par des affirmations, comme "il n'y a plus de querelle sur Alésia" (cf. livres de Reddé) , évitant d'aller trop dans le détail Acte 6 : Les anti-Alise sont, à nouveau, mobilisés. ayant trouvé un relai médiatique (Ferrand sur RTL) Acte 7 : Qui vivra, verra...
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Jean-Pierre Renaud Le Mardi 14 octobre 2014 09:29
Là, vous vous placez, pour me répondre, sur un autre plan que celui de l'empilement des discordances que je dénonçais. Qu'à cela ne tienne, je m'y place aussi... La séquence en 6 actes que vous affichez devrait en présenter un 7ème entre le 4 et le 5 : ce qui a été trouvé sur le site de Syam-Crans-Chaux (céramique, métal, ...) a été étudié, examiné et finement analysé, et rien ne s'est avéré datable du premier siècle avant J.-C.; y aurait-il eu là aussi tromperie, supercherie et, j'ose le mot, complot ?
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Christian Rogel Le Mardi 14 octobre 2014 11:25
@Jean-Pierre Renaud Chaux et Alise ne sont pas interdépendants, car, invalider le premier ne permettrait pas de valider le second. Celui-ci me paraît douteux depuis longtemps, mais, il ne s'agit pas d'un complot, seulement le produit habituel d'un Etat qui interfère depuis 150 ans dans ce qui devrait rester une controverse universitaire (à part mon regretté maître, Grimal, qui oserait affronter l'appareil d'Etat, dont les universitaires français font partie ?) et cela impacte les universitaires étrangers qui préfèrent regarder ailleurs, car, c'est la défaite qui est un événement historique, pas sa localisation. C'est par le même paradoxe que la France est promue, contre l'évidence, la "patrie des Droits de l'Homme". Le pouvoir gâte tout et le premier mérite des "calcistes" est d'en être loin, même si ce n'est pas du tout un gage de vérité.
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Jean-Pierre Renaud Le Mardi 14 octobre 2014 16:33
Vous avez raison : c'est une validation de Chaux qui invaliderait Alise, et non l'inverse. Mais, pour ce qui "devrait rester - selon vous - une controverse [d']universitaire[s]", je placerais devant un tout petit bémol : je ne suis pas certain que lesdits "universitaires" puissent se passer des "femmes et hommes de terrain"! ... et même un second relatif à l'Etat, car soyons logiques ... les "pro-Chaux" voudraient obtenir des autorisations de fouilles et les moyens qui vont avec, et ceci ne peut se faire "hors" l'Etat. Peut-être ne l'ai-je pas précisé : je serais partisan de leur accorder cela et je l'ai dit lors de la conférence de 2012, à Lons-le-Saunier (à laquelle, du reste, participait Franck Ferrand) ... en précisant toutefois que la demande ne pouvait pas stipuler "pour la localisation d'Alésia" !
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Jean-Pierre Renaud Le Mercredi 15 octobre 2014 09:45
A la réflexion, si "une validation de Syam-Chaux" - à coup sûr - invaliderait Alise", l'inverse (c'est-à-dire, une invalidation définitive de ce site jurassien) n'est peut-être pas à rejeter aussi vite que je le pensais de prime abord ... par le fait qu'on ne voit guère quel autre site plus (ou pour le moins, autant) en accord apparent avec les dires de César pourrait venir s'opposer à une consécration - cette fois définitive et (disons) - "par défaut" du "très imparfait" mont Auxois ! [Toutefois, avancer cela ne fait rien avancer du tout, concrètement, puisque l'on voit mal l'Etat prendre le risque d'autoriser des fouilles sur Syam, Crans et Chaux dans le but avoué de "localiser l'Alésia de César".]
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Christian Rogel Le Mercredi 15 octobre 2014 10:02
@Jean-Pierre Renaud J'ignore les mécanismes de financements des fouilles en GB, mais, je suis certain qu'ils ne dépendent pas de bon vouloir de fonctionnaires, dont l'honnêteté personnelle n'est pas en cause. C'est très bien que vous admettiez qu'on puisse fouiller un site alternatif, mais, ce que vous indiquez montre bien que l'objectif est censuré, parce qu'il dérange une construction intellectuelle et, en réalité, politique. A l'étranger, ce type de réaction officielle est tout bonnement intransposable. le projet serait soumis à un aréopage d'archéologues titulaires d'une chaire universitaire et personne ne comprendrait qu'un ministère émette un avis autre que pratique. On pourrait croire que cela n'existe que dans les pays peu développés. Mais, non !
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Jean-Pierre Renaud Le Jeudi 16 octobre 2014 00:42
Si vous me le permettez, je rectifie : ma position n'est pas "admettre qu'on puisse fouiller un site alternatif", mais c'est, carrément, proposer qu'il le soit ! Et je pense même qu'il faudrait avancer pour cela un argument tel que celui-ci : au vu des résultats des dernières fouilles et des diverses déclarations des responsables de ces fouilles, les "décideurs" n'ont pas à craindre qu'une opération du même ordre sur le "site alternatif" remette en cause la "validation" d'Alise-Sainte-Reine ! Dans le cas où cet argument resterait sans effet, j'en viendrais à croire qu'il y ait réellement eu "supercherie" ...
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Christian Rogel Le Vendredi 17 octobre 2014 23:57
Dans le dernier numéro de Keltia (n°32), Quentin Régnier explique le lidar (un "scanner laser") embarqué sur un avion permet de détecter des structures archéologiques, même couvertes par la végétation. Une campagne aurait permis de compléter les recherches de fossés du camp B à Alise-Ste-Reine. il regrette que la prospection faite à Chaux-de-Crotenay avec le même moyen n'ait pas été publiée. Il dit que c'est un architecte, M. François Chambon qui l'a faite. Dans le livre qui est l'objet de l'article, il est indiqué que l'interprétation devait en être faite par des étudiants lyonnais.
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Jean-Pierre Renaud Le Samedi 18 octobre 2014 12:29
J'ai rencontré François Chambon sur place, dans le Jura ; il nous a montré, à nous les "stagiaires" des "journées Berthier", la "ligne" aux tours distantes de 24 mètres (module donné par César !) décelée par le lidar, mais sur image. Par ailleurs, il a sans doute reçu, je le pense, l'article - que j'avais d'abord envisagé d'envoyer à Mme Porte - que je lui ai adressé - présentant mon point de vue sur les "deux Alésia" ... je ne sais pas du tout ce qu'il en a pensé (il n'a pas accusé réception et ne m'a pas écrit de réponse), ni ce qu'il en a fait. Dommage.
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Webmastr Alesia et dependances Le Jeudi 30 octobre 2014 12:35
Alise ou Chaux des Crotenay sont deux sites qui reviennent régulièrement… Très clairement cela ne peut être Alise , et Chaux des Crotenay pose aussi problème : toute l'argumentation mettant en défaut ces deux sites est ici : Le site du Beustiau présente quand à lui toutes les caractéristiques décrites par Cesar lui même dans les éditions LATINES (et non traduites) de ses ouvrages. Qui mieux que César sait où cela s'était déroulé ? Evidemment, au Beustiau , les enjeux financiers ne sont pas les mêmes… Quoiqu'il en soit , Yves de Bermond réagi à votre article sur Alesia et Dependances où vous trouverez l'étude complète d'un travail de fond qui a été soumis au Collège de France.
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Jean-Pierre Renaud Le Mardi 4 novembre 2014 21:30
(à M. de Bermond) Dans un article intitulé « Alésia : du ratage à l'imposture », Pierre-Louis André a écrit : « dans le journal du conseil général de mars 2012, C. Grappin proclame que les vestiges autour d'Alise sont conformes au texte de César [tandis que] M. Reddé [dans son rapport de fouilles] constate des divergences entre le texte et la réalité. » Et Pierre-Louis André se demande : « comment les constats archéologiques peuvent-ils être en non adéquation avec le texte césarien ? » Il répond aussitôt : « l'enquête archéologique n'a exploré qu'une partie du site et a mal interprété les vestiges qui ont été dégagés. » Je m'interroge à mon tour : même s'il est probable que tout le site des abords du mont Auxois n'ait pas été archéologiquement exploré, même s'il est envisageable que l'interprétation de toutes les traces étudiées autour du mont Auxois s'avère imparfaite, la réponse est-elle vraiment là ? Ne se devinerait-elle pas plutôt au travers de ce que M. André fait des dires de César : « pour des raisons que l'on ignore forcément, César n'a pas décrit toutes les travaux qu'il a ordonnés. Il est possible qu'ils les avaient pris en note et que celles-ci [les notes, je suppose] n'aient pas été utilisées [...] Il a simplement omis de décrire certaines opérations comme la construction de son "camp de plaine" ou la liaison entre ses castra isolés qui augmentait l'espace de son "camp majeur" ». Je pose dès lors deux questions : a) peut-on laisser entendre que le texte de César ne saurait être en "non adéquation" avec les constats archéologiques (comme le font les partisans du site jurassien de Chaux) et envisager que ledit texte présente des "omissions", donc qu'il ne soit pas le compte rendu complet du siège d'Alésia ? b) Quel est votre avis sur cette question ? [M. André situe Alésia près de Pouillenay.]
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Sylvain Hacquard Le Dimanche 16 novembre 2014 15:26
Chaux-des-Crotenay n'est pas Alésia. Car le portrait-robot qui identifie le site jurassien n'est pas fiable. D'après les calculs effectués sur le portrait-robot présenté aussi bien dans l'ouvrage de Michel Reddé que dans celui de Jean-Paul Savignac, le périmètre du triangle est de 10600 pas dans le premier cas et 10730 pas dans le second cas. La contrevallation de 11000 pas est donc juxtaposée au périmètre de la hauteur défini par André Berthier. La phrase BG 7, 86 loca praerupta ex ascensu temptant (le "tenter d'escalader les hauteurs" dans les traductions ou l'escalade des abrupts" chez les tenants de la thèse jurasienne) permet de localiser l'emplacement de la contrevallation attaquée par les assiégés. ex ascensu est un ablatif de temps ou de cause. Temptant, présent de narration de tempto : toucher, attaquer, assaillir ; examiner, tenter, essayer. Lorsque l'on compare les traductions au texte, on constate qu'il y a quelque chose qui cloche dans la compréhension du texte. César n'a jamais voulu dire que les assiégés tentent d'escalader les hauteurs ou qu'ils escaladent les abrupts. Au contraire, il a voulu dire que les assiégés après avoir effectué une ascension attaquent les retranchements situés dans les loca praerupta (les lieux abrupts). Il existe donc sur le site d'Alésia une montée qui permet d'accéder aux retranchements de la contrevallation. Ceux-ci sont situés par conséquent sur les pentes de la ceinture de collines et non sur les pentes d'Alésia. Sur le portrait-robot, la contrevallation est juxtaposée au périmètre de la hauteur. Elle est donc située entre les rivières et ce périmètre, et non au delà des rivières comme l'indique le texte. Par conséquent, le portrait-robot est en contradiction avec le texte. Un portrait-robot qui a pour finalité de localiser le site d'Alésia ne peut pas le faire s'il est approximatif.
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Jean-Pierre Renaud Le Lundi 17 novembre 2014 08:12
Le périmètre du plateau de Chaux-des-Crotenay, au regard des indications de César, est effectivement un élément qui fragilise l'hypothèse d'A. Berthier ; ce n'est pas le seul : la question - par exemple - de la zone-refuge aménagée par les Gaulois (7, 69) "au pied des murs" et "tournée vers l'est" ne trouve pas de réponse concevable sur le site du Jura. Mais il nous faut admettre que la polémique dans laquelle veut nous faire entrer Mme Danielle Porte vient de la mise en évidence d'une soi-disant "supercherie" qu'elle dit imputable aux "tenants" du site d'Alise-Saint-Reine ... et en premier lieu, des dimensions du mont Auxois qui ne peuvent pas être en concordance avec l'installation d'un armée de 80 000 hommes (7, 71) [il semble là qu'elle ait raison ...]
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Jean-Pierre Renaud Le Mercredi 19 novembre 2014 12:04
Dans mon dernier commentaire, un "e" de Sainte-Reine et celui de "une" devant armée ont été perdus, mais Alise n'a très certainement pas perdu la "nouvelle bataille des deux Alésia" ; l'argument-massue de la superficie du mont Auxois au regard des effectifs Gaulois perd une grande partie de son impact si l'on veut bien considérer que César nous livre le nombre de 80 000 hommes "par le biais" d'un discours qu'il prête à l'Averne Critognat (BG 7, 77) et que ledit "biais" fait fortement douter de la valeur de cette donnée. Au demeurant, avec un tel nombre de Gaulois, l'attaque qui a précédé le siège aurait-elle eu un résultat aussi négatif ? Dans la même optique, il bien difficile d'admettre que Vercingétorix se soit laissé "enfermer" sans tenter de "prendre le dessus" lorsqu'une grande partie des effectifs romains était affairée à l'édification de la circonvallation ...
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Sylvain Hacquard Le Samedi 22 novembre 2014 15:42
Le versant oriental est-il une zone-refuge ? Cela dépend si l'on pense que Vercingétorix tend un piège à César. Sur ce point, je n'ai pas d'opinion. On peut adopter le point de vue de Danielle Porte. Quand César écrit que les Gaulois ont élevé une maceria (BG 7, 69), il emploie le plus-que-parfait praeduxerant. ce qui marque qu'ils ont fortifié l'endroit avant l'arrivée des Romains et avant le combat de cavalerie qui a eu lieu la veille. Mais, on peut aussi adopter le point de vue de Jean-Louis Brunaux. Il s'agit d'un demi-piège. César force Vercingétorix à utiliser l'oppidum d'Alésia dont les défenses ont été renforcées auparavant. Ou le combat de cavalerie est-il une véritable bataille et pas une embuscade préparatoire au siège ? En 53, un an avant Alésia, l'armée romaine a été détruite par la cavalerie parthe à Carrhae. Bataille dans laquelle le fils du triumvir Crassus, ancien légat de César en Gaule a été tué. Ce qui fait la force des armées antiques, c'est la cohésion au combat des unités. Quand celles-ci sont désunies, on aboutit à une défaite. "Ils se réfugièrent péniblement à Olpai ; les pertes furent sévères parmi ces troupes qui chargeaient sans ordre ni aucune discipline, excepté les Mantinéens ; ceux-ci au contraire se distinguèrent dans toute l'armée par leur repli en bon ordre". (Thucydide, Guerre du Péloponnèse, 3, 106). Durant la bataille, les Gaulois n'ont pas réussi à "traverser deux fois les rangs ennemis" selon le serment qu'ils ont pris (BG 7, 66). Ils n'ont donc pas rompu les lignes romaines. Leur infanterie n'a pas pu alors entrer en action.
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Sylvain Hacquard Le Samedi 22 novembre 2014 16:52
Le Mont Auxois n'est pas aussi exigu qu'on pourrait le croire. Diodore de Sicile, qui est grec, dit à propos d'Alésia qu'elle est le foyer et la métropole religieuse de toute la Celtique. Alésia est donc un sanctuaire panceltique comme il existe des sanctuaires panhelléniques en Grèce comme Delphes ou Olympie. La surface occupée par ces sites (les vestiges archéologiques) est de 51 ha pour le premier et de 105 ha pour le second. Le Mont Auxois est presque 2 fois plus grand que Delphes et à peine plus petit qu'Olympie. Un Grec de l'Antiquité peut alors ne pas percevoir le Mont Auxois comme exigu. Le terme "métropole" utilisé par Diodiore concerne plus l'importance religieuse d'Alésia que sa taille. Ce que je trouve bizarre dans le texte de César, c'est que Vercingétorix fait partir de nuit ses cavaliers (BG 7, 71) alors qu'à la fin de la bataille de cavalerie (BG 7, 70), les Germains prennent un grand nombre de chevaux. Les cavaliers partent-ils à pied ? Ou y a-t-il parmi eux des fantassins ? Les Arvernes et leurs clients fournissent à l'armée de secours 35 000 hommes (BG 7, 75). Le contigent que l'Arverne Vercassivellaun mène à l'assaut du camp nord est de 60 000 hommes. Le reste de l'armée de secours ne bouge pas durant la bataille finale. 60 000 - 35 000 = 25 000 ; 80 000 - 25 000 = 55 000. On pourrait imaginer que le nombre de fantassins présents à Alésia après le départ de la cavalerie soit non de 80 000 hommes mais de 55 000 hommes. Le départ de nuit des cavaliers sert à dissimuler l'ampleur ou l'organisation de la tactique employée par Vercingétorix. Les 240 000 fantassins (BG 7, 75) servent à dissimuler les 25 000 fantassins sur lesquels Vercingétorix peut compter. Cela n'est qu'une hypothèse. Mais on peut constater que ce chiffre de 55 000 est proche de celui cité par Michel Reddé dans son ouvrage p. 148 : "les 97 hectares du Mont Auxois, un des plus grands oppida de Gaule, peuvent accueillir plus de 50 000 hommes." Cette estimation a été calculée à partir des données de Polybe (6, 27-32) : 516 hommes/ha. Coïncidence ?
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Jean-Pierre Renaud Le Dimanche 23 novembre 2014 19:53
(1) "Le versant oriental est-il une zone-refuge ?" Ne peut-on dès lors supposer que ce lieu était la "base" à partir de laquelle Vercingétorix avait choisi de lancer ses attaques, tout au moins pour ralentir le retour de César vers la Provincia et, en cas de réussite, amener les coalisés à une lutte plus intense et plus unie contre les Romains ? Il faut noter que dans une telle optique, et dans le contexte d'Alise, le choix de ce versant est logique puisqu'il est à l'opposé de la route principale donc dissimulé à la vue de tous ceux qui l'empruntent. (2) Quel était l'effectif gaulois présent à Alésia après le départ de la cavalerie ? Le chiffre que vous avancez est effectivement proche de celui que donne M. Reddé [pour moi, je pense qu'il est encore bien trop élevé pour atteindre à la vraisemblance] ; cependant, il nous faut admettre (au-delà de toute coïncidence qui pourrait troubler) qu'une estimation de cet ordre se heurte à la donnée des "80 000 h." présente dans le texte de César, et le procédé peut s'apparenter à un "problème qu'on prend à l'envers".
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Sylvain Hacquard Le Dimanche 30 novembre 2014 18:19
Entre "une estimation de cet ordre se heurte à la donnée des 80 000 h. présente dans le texte de César" et "César nous livre le nombre de 80 000 hommes par le biais d'un discours qu'il prête à l'Averne Critognat (BG 7, 77) et ledit biais fait fortement douter de cette donnée", il y a une contradiction. Dans le 1° cas, la donnée de 80 000 hommes est fiable. Dans le 2°, elle ne l'est pas. Si on adopte le 2° cas, on devrait alors avoir non pas "une estimation de cet ordre se heurte à la donnée des 80 000 h. présente dans le texte de César" mais "une estimation de cet ordre est impossible à faire en fonction des données de César". Le chiffre de 80 000 hommes est-il fiable ? Le discours de Critognat (BG 7, 77) est au style direct : c'est Critognat qui estime à 80 000 hommes le nombre de Gaulois présents dans l'oppidum, pas César. D'après Pollion (Suétone, César, 56), "la plupart du temps, César a enregistré sur parole, sans contrôle, les actions des autres ; quant aux siennes, soit à dessein, soit même faute de mémoire, ils les a présentées de façon inexacte". "enregistré sur parole, sans contrôle, les actions des autres" : comme les propos de Critognat. Le chiffre de 80 000 hommes avancé par Critognat est-il fiable ? Celui-ci décrit de façon réaliste l'impérialisme romain ("lui imposer pour toujours le joug de l'esclavage") dans un discours dans le ton est proche du dialogue entre Athéniens et Méliens (Thucydide, Guerre du Péloponnèse, 5, 92 : "Les Méliens : Et comment notre interêt se trouverait-il dans l'esclavage comme le vôtre dans la domination ?"). Aux yeux des Romains de Rome, le discours de Critognat est plausible. Ils vont donc considérer le chiffre de 80 000 hommes avancé par celui-ci comme fiable. Ils ne vont pas remettre en cause la véracité de ce chiffre. C'est pourquoi ce type de procédé n'a d'utilité que pour tenter de montrer comment César peut utiliser de façon non objective un chiffre. Car, comme les Romains considèrent les Gaulois comme des barbares indiscplinés (Michel Reddé , p. 47 : "César, comme ses contemporains, sacrifie aux clichés traditionnels sur le courage, la furie, la multitude, le désordre, le manque de constance de ces peuples.") et qu'ils n'ont pas le Mont Auxois sous les yeux, ils ne peuvent pas s'apercevoir de la supercherie. Pour reprendre les termes employés par Michel Rambaud, ce n'est qu'un "art de la désinformation" concernant l'exact déroulement du siège. Il n'y a que l'archéologie qui puisse montrer les preuves de cette désinformation (localisation des zones de combat autour de l'oppidum, contrevallation inachevée, fossé de 20 pieds, ampleur du glacis des pièges).
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Jean-Pierre Renaud Le Mardi 2 décembre 2014 11:02
(à M. Hacquard) Vous avez fort bien explicité cet art de la désinformation que pratiquait - je le crois aussi - César. Je pense, pour ce qui concerne la donnée des "80 000", que ce "contre-argument" peut être déposé sur le bureau de Madame Porte et de ses suiveurs. Toutefois, dans mes dernières remarques, je souhaitais insister sur le fait que ledit "contre-argument" (que je me permettais d'avancer dans un commentaire précédent) n'était pas du même ordre que celui qui consiste à dire : la superficie du mont Auxois n'étant que d'une centaine d'hectares - ce qui correspond à "l'hébergement" de 51 600 hommes -, la donnée en question ne doit pas être retenue ; c'eût été prendre le problème à l'envers. [Dans toutes mes interventions contre la soi-disant "supercherie dévoilée", j'essaie de mettre en avant ce que Yan Loth (fondateur de la Société Gaule - qui accueillit un temps, Régine Pernoud, Emile Thevenot, Raymond Chevallier et bien d'autres) appelait "le discernement méthodologique" ...]
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Pierre ANDRE Le Mercredi 3 décembre 2014 11:59
Je suis venu à Chaux et on m'a montré le site d'une agglomération de l'Age du bronze liée à l'acheminement de l'étain depuis l'Angleterre vers le Valais suisse à la Côte de Poire associée à un voie bordée de tombes diverses. L'une d'elle fouillée par A. Berthier, depuis détruite, était un tertre de pierre avec un mur en abside permettant l'accès constant au caveau. Le mur montrait un départ en moellons polygonaux ; ce type de tombe se retrouve en Angleterre et en Irlande. Par ailleurs sur le plateau de Chaux, au lieu-dit les Abattois, se trouve une nécropole où les dolmens à absides ont été cassés pour faire place à des tertres de pierre afin de recevoir des urnes. Le plan Mais la question n'est pas là : la thèse « aliso-centriste « est fausse comme celle « Chaux-centriste ». Le texte de César parle de deux sites comme Orose le dit à partir d'un livre perdu depuis de Tite Live. Les Romains et les Gaulois se sont affrontés à partir de deux collines. Le portrait-robot d'André Berthier est incomplet et par conséquent faux. Le portrait qui émerge de la lecture du texte serait d'avoir la place forte d'Alésia entourée d'une fosse de 20 pieds qui se tient à 400 pieds de la ligne d'investissement à double système défensif longue de 14 000 doubles pas (20,748 km) placée au niveau des cours d'eau et le vaste camp de César avec sa ligne de 16,302 km. Le Mont Auxois serait le centre du camp de César ;« Rien que cela » D. Porte. Il est semblable à celui que fera Pompée à Dyrrachium en -49, qui entoure une colline d'une ligne de défense de 15 doubles pas (22,230 km) gardée par 24 redoutes. Ces vastes surfaces permettaient d'avoir des réserves de fourrage pour les chevaux Autour d'Alise il n'y a aucune circonvallation et encore moins de contrevallation puisque ce terme n'existe pas en latin autour d'Alise. La soi-disant « circonvallation-contrevallation » de la plaine des Laumes est la partie Est du vaste « Camp de plaine » destiné à la cavalerie césarienne. La ligne de 11 000 double pas est celle qui est confondue avec la ligne de 20 pieds, se poursuit jusqu'au Bois d'Eugny qu'elle coupe en deux. La ligne qui relie les redoutes de plaines et de hauteurs entre elles est un bracchium ou boyau qui est un dispositif qui appartient à César et qui ne sera plus utilisé après lui. Seuls ses ennemis qui le combattent l'utilisent. C'est un système de double palissade au sein de laquelle on déplace rapidement des troupes sans que l'ennemi puisse le voir. Cela permet de dissuader au dernier moment un assaut ennemi par le renfort soudain de l'infanterie du poste attaqué. Ce dispositif permettait d'étendre des lignes avec un effectif réduit. Si le bracchium s'est maintenu tel quel sur la montagne de Flavigny, il a été modifié en agger sur la montagne de Bussy. Une photographie aérienne ancienne montre que la ligne de défense qui rejoint la camp C, a une trace sombre entre deux traces blanches attestant l'existence du brachium. Cependant le dégagement du sol a montré un radier homogène attestant d'une modification en vue d'un renfort. Ce bracchium a permis à César de recentrer son camp majeur en vue d'un attaque délaissant sur plus de 2,5 km la première ligne de défense du camp majeur. Dans la plaine de Grésigny à l'emplacement d'un de ces premiers camps de cavalerie, dont la ligne de défense pourvue d'un glacis posé à l'opposé d'Alise a été oblitérée par un camp de cavalerie de plan droit. Les trous de poteaux sont soit des tours porches, ou soit des portiques où se fixaient des vantaux pour laisser le passage des chevaux. Le camp Nord est visible à l'½il nu par la conservation intégrale de la fondation en pierre du vallum (2,10 m de large) bordé d'un fossé de 1,80 cm. Il se situe à l'angle Nord Est du bracchium transformé en agger (talus), au lieu-dit « au Recey. » Il a 650 m dans sa longueur Nord-Sud et 450 m dans sa largeur Est Ouest. Il se trouve à 150 m de la ligne du bracchium. Notre grande surprise a été de découvrir au Sud du chemin qui le borde une borne de la série de 1863, avec écrit dessus « CAMP DE CESAR ». La face écrite se regarde vers le Nord-Ouest et non vers Alise. Cette borne a été placée intentionnellement pour montrer le Camp Nord « au Recey ». Seul E. Stoffel avait l'autorité de placer ses bornes, suite à une véritable compréhension du lieu. Cette borne doit celle du camp 15 qui n'a jamais été vue et qui aurait été détournée. E Stoffel avait été obligé d'admettre, pour ne pas déranger la publication du livre sur César de Napoléon III qu'une fosse de 4,30 m sur 2,85 m aux parois inclinées étaient la fosse de 5,92 m sur 5,92 m aux parous verticales. A partir du moment que A.Stoffel a réellement découvert, lors de ses visites à cheval, le Camp Nord « au Recey » il a compris en tant que militaire que placer ce camp pour assiéger Alise était de l'ordre de l'absurde. En tant que militaire, il s'est aperçu que ce vaste camp se trouvait bordé de grandes falaises monumentales de type Etretat à l'Est et au Sud vers Alise et qu'il fallait revoir toute la lecture du théâtre des opérations du siège d'Alésia. Il s'est rappelé certainement le passage d'Orose issu de Tite Live qui indique que les Gaulois et les Romains se sont affrontés à partir de deux collines ; le texte de César étant par ailleurs très clair en ce sens. Ayant compris que le théâtre des opérations était double E. Stoffel s'est porté sur la Montagne de Pouillenay. Seul E. Stoffel aurait été capable de procéder à un sondage faisant apparaître sur 20 m de long de le rempart de 4 m de la cité d'Alésia, en payant des agriculteurs. Au final rendons à César …ce serait Stoffel qui aurait été le découvreur du camp Nord et d'Alésia sur la Montagne de Pouillenay. Nous ne sommes que ses serviteurs en ayant recueilli ses « bouteilles à la mer ». Appartenant au parti bonapartiste, il s'est interdit de rendre public ses découvertes qui auraient affaibli l'image impériale auprès des instituteurs de la République ; il s'est tu mais il n'est pas mort idiot en 1907. Si B. Fèvre a eu le mérite de signaler, à l'Etat en 1993, l'existence d'un grand oppidum, il s'est trompé en parlant d'éperon barré. En fait on a une enceinte triangulaire homogène d'une cité hallstattienne délimitée par un mur de 4 m de large comme à la Heuneburg en Bavière mais sept fois plus grande. L'article des 24 heures de Lausanne prend date : « Selon Pierre André, le site d'Alise, fouillé depuis des générations, ne serait pas la ville gauloise d'Alésia, mais le camp de César. Quant au site d'Alésia, il se trouverait à trois kilomètres au sud sur une colline située sur la commune de Pouillenay. » Par Justin Favrod/ Boris Senff . 2012 La découverte de la borne du camp 15 en dehors des lignes et tournée à l'opposé d'Alise nous introduit dans le thème devenu depuis classique de « l'archéologie de l'archéologie » ; ainsi nous pouvons affirmer qu'Eugène Stoffel avait découvert Alésia à 4 km d'Alise sainte Reine. Que de temps perdu pour protéger la thèse officielle érigée en dogme et que d'égarement dans le Jura. On juge la qualité d'un être humain à sa capacité à se remettre en question.
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Jean-Pierre Renaud Le Mercredi 3 décembre 2014 20:09
(à M.P. André) Dans mon intervention du 4 novembre, j'évoquais l'une de vos déclarations sur le sujet qui nous occupe : « dans le journal du conseil général de mars 2012, C. Grappin proclame que les vestiges autour d'Alise sont conformes au texte de César [tandis que] M. Reddé [dans son rapport de fouilles] constate des divergences entre le texte et la réalité. » Vous vous demandiez alors : « comment les constats archéologiques peuvent-ils être en non adéquation avec le texte césarien ? » et votre réponse fut, d'une part, « l'enquête archéologique n'a exploré qu'une partie du site et a mal interprété les vestiges qui ont été dégagés » et, d'autre part, « pour des raisons que l'on ignore forcément, César n'a pas décrit tous les travaux qu'il a ordonnés [...] il a simplement omis de décrire certaines opérations comme la construction de son « camp de plaine » ou la liaison entre ses castra isolés qui augmentait l'espace de son « camp majeur ». Je re-pose dès lors la première question que je posais ce mardi-là à M. de Bermond, en m'adressant, cette fois, directement à vous-même : peut-on laisser entendre que le texte de César ne saurait être en « non adéquation » avec les constats archéologiques (comme le font les partisans du site jurassien de Chaux) et envisager que ledit texte présente des « omissions », donc qu'il ne soit pas le compte rendu complet du siège d'Alésia ?
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Sylvain Hacquard Le Samedi 21 février 2015 15:17
Le site d'Alise est-il en "non adéquation" avec les données de fouilles ? Le texte de César présente-t-il des omissions ? La description des travaux de siège apporte des éléments de réponse, qui permettent en outre de résoudre le problème de la distance entre le fossé de 20 pieds et les autres fortifications. Lors de son récit des 3 batailles constituant la mise en oeuvre de la tactique du marteau et de l'enclume décidée par Vercingétorix, César structure celui-ci autour d'une ligne directrice : un parallèle entre les positions respectives de l'armée de secours et des assiégés, en créant pour ces derniers un effet d'éloignement par rapport aux fortifications intérieures. - La cavalerie gauloise prend position dans la plaine en se déployant au minimum sur 2 rangs le long des 3000 pas : la composante 20 du portrait-robot ("la plaine peut être saturée de cavaliers") est incomplète (elle n'est pas saturée de cavaliers mais saturée de 8000 cavaliers gaulois) et conduit à des aberrations du genre "plaine longue de 4,5 km. et large de 10 mètres) / les assiégés prennent position devant l'oppidum, comblent le fossé le plus proche ("proximam fossam") et "s'apprêtent à faire une sortie et à braver tous les hasards" ("seque ad eruptionem atque omnes casus comparant"), BG, 7,79. - L'infanterie combat dans le glacis (ils tombent sur les pièges et subissent les tirs des pilia muralia) / les assiégés comblent les premiers fossés ("priores fossas") et "ils apprirent la retraite des troupes de secours avant d'être parvenus au retranchement" : ils comblent des premiers fossés sans parvenir aux fortifications. BG 7, 82. - La cavalerie s'approche des fortifications de plaine (BG 7, 83) / les assiégés renoncent à l'assaut contre les fortifications de plaine ("locis campestribus") pour se rabattre contre celles des "loca praerupta", à cause de l'ampleur des fortifications (BG 7, 86). De ce récit, on constate que les assiégés n'ont jamais pénétré dans le glacis. Ils n'ont jamais subi le tir des pilia muralia, ni rencontré de pièges. L'ampleur des fortifications, c'est l'ampleur du glacis des pièges : stimuli, 8 rangs de lilia, 5 rangs de cippi. A partir de là, on peut relire le récit de la bataille en fonction de la description des travaux. - Ampleur des fortifications = ampleur du glacis. - Priores fossas = 2 fossés de 15 pieds. - Proximam fossam = fossé de 20 pieds. Priores est un comparatif employé pour 2 personnes, 2 choses. Si il y a des premiers fossés ("priores fossas"), il y a donc des derniers fossés (posteriores fossas). "Hasards" = "casus" : arrivée fortuite de qqch. ; ce qui arrive, accident, conjoncture, circonstance, occasion. Le proximam fossam / fossé de 20 pieds se trouve là d'où les assiégiés peuvent observer le déroulement de la bataille, ce qui leur permet de réagir en fonction des événements qui peuvent survenir durant celle-ci (ses circonstances). A 600 mètres (400 pas) d'une position, on a un angle de vision plus large qu'à 120 mètres (400 pieds) et l'on est hors de portée de l'artillerie romaine. "La portée efficace de l'artillerie tardo-républicaine est de 200 à 300 mètres" (Ch. Petit/J. Vidal "l'eau sur le site d'Alésia" RAE, 2010). En fonction du contexte du texte et de la portée de l'artillerie romaine, la bonne distance séparant le fossé de 20 pieds des autres fortifications est non de 400 pieds, mais de 400 pas. Sur le plan d'Alise (Michel Reddé, p. 140-141), 1 cm = 250 mètres. 400 pas (592 mètres) représentent donc 2,37 cm. Cette distance (mesurée approximativement puisque le tracé du fossé de 20 pieds est imprécis)) est perpendiculaire à la contrevallation en aval de l'Ozerain et aboutit au "fossé de 20 pieds" sur le sommet du replat des Trois Ormeaux. Si l'on compare le texte à l'implantation des fossés, on constate que la description correspond à la réalité archéologique, mais que des anomalies apparaissent. - Le proximam fossam / fossé de 20 pieds est au bon endroit. Par sa position surélevée par rapport à la plaine des Laumes, le replat des Trois Ormeaux peut servir d'observatoire, hors de portée de l'artillerie romaine. Mais ce fossé n'est pas parallèle à la contrevallation quand il se trouve à 400 pas de celle-ci. - Les fossés 1 et 2 sont les priores fossas / fossés de 15 pieds. Le fossé 1 est le fossé intérieur mis en eau. Le fossé 2 est le fossé extérieur. - Le glacis est au bon endroit. Mais son ampleur est moindre. 6 rangs de stimuli et 2 rangs de cippi (Michel Reddé, p. 173-176) au lieu de stimuli disséminés, 8 rangs de lilia et 5 rangs de cippi. - Le fossé 3 est le dernier fossé (posterior fossa) dont César omet la présence dans son texte. Il résulte de cette description de César, qu'il existe une omission, celle du fossé 3 / posterior fossa. "Voilà bien une incongruité : César parle de deux fossés, et nous avons trois." (M. Reddé, p. 171). Dans ce cas précis, il n'y a aucune incongruité, ni même de contradiction entre les sources archéologiques et philologiques. Et probablement un mensonge sur la cause du renoncement de l'assaut contre les fortifications de plaine : c'est probablement non à cause de l'ampleur de ces fortifications (plus précisément celui du glacis) que les assiégés ont renoncé à leur attaque pour se porter contre celles des "loca praerupta".
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Jean-Pierre Renaud Le Mardi 16 août 2016 20:26
(à M. Hacquard) Après une longue interruption dans nos commentaires, je reviens vers vous, car il me semble que les deux questions que vous posez dans votre dernière intervention sont fondamentales : "le site d'Alise est-il en non adéquation avec les données de fouilles ?" et "le texte de César présente-t-il des omissions ?". Vous avez fort bien traité ce qui se rapporte à votre première question, l'adéquation aux données des fouilles alisiennes ... J'aimerais vous faire part de ce que votre seconde question a déclenché dans ma perception du portrait-robot et des "composantes" à partir desquelles il a été brossé. En me demandant ce que César avait pu "omettre" de rapporter dans son texte, j'ai pris conscience que ni la forme triangulaire qu'affiche le portrait-robot ni les dimensions du soi-disant "triangle" qu'André Berthier a déduites de celles de la contrevallation (composante n°37) n'étaient présentes dans le B.G. ... En revanche, les "collines ceinturant le site" évoquées par César - et "retenues" par le chercheur dans la "composante" n°3 - ne sont pas notées schématiquement sur le portrait-robot ; seule apparaît la "Côte Poire" alors que celle-ci n'est pas seule "au nord" (composante n°14) ... De surcroît, une fois "appliqué" sur le secteur de Syam-Crans-Chaux [NB c'est le chercheur qui appelle cela « application »], ce portrait-robot ne peut pas recevoir la mention « correspond remarquablement bien au site de Syam-Cornu » (de la main même de son auteur) car , d'une part, le val de Syam ne saurait (au mieux) être considéré comme "plaine" (composantes n°7 et n°8) que sur 55,5% de sa longueur et, d'autre part, le plateau de Chaux, au vu de son côté sud ("l'Entre-Deux-Monts »), n'est pas invulnérable (composante n°39). En définitive, ces six objections - à elles-seules ! - constituent la base argumentative qui devrait permettre de réfuter en bloc la modélisation tendancieuse de M. Berthier ... que les suiveurs de l'archéologue-chartiste n'ont jamais véritablement analysée et envisagée avec un esprit critique. Le portrait-robot ne pourrait être qu'un "leurre" dont la première victime fut l'auteur lui-même ...
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Sylvain Hacquard Le Samedi 14 janvier 2017 19:07
Quand j'ai parlé d'omissions dans le texte de César, il s'agit d'omissions à but politique. Ce que pourrait dire César et qu'il ne dit pas pour tromper ses interlocuteurs. Par exemple, la plaine d'environ 3000 pas. La longueur de la plaine a été calculée parallèlement à l'oppidum. - "César campa devant la ville du côté où les cours d'eau et les marais laissaient, comme nous l'avons dit, un étroit passage, et il entreprit de construire une terrasse". (BG 7, 17) - "Ils construisirent une terrasse qui avait trois cent trente pieds de large et quatre-vingt pieds de haut". (BG 7, 24) L'accès à l'oppidum d'Avaricum, où César a installé son camp pour suivre le déroulement du siège, est étroit alors que la terrasse d'assaut est large de 330 pieds (98 m.) : cette largeur est une longueur parallèle au rempart de l'oppidum. Cela permet ainsi au lecteur de l'Antiquité d'avoir une vision précise du site. Pour retrouver ce même type de précision à Alésia, Il suffit de choisir entre les différentes hypothèses concernant la longueur de la plaine : celle proposée par Joël Le Gall et Jean-Louis Voisin ("Alésia, un village, un site, une bataille") correspond le mieux à cette interprétation (les 3000 pas entre la montagne de Flavigny et la montagne de Bussy). En la modifiant : en décalant la longueur vers la gauche pour que les "environ" puissent apparaître. On comprend alors que les 3000 pas sont sous la responsabilité directe de César et correspondent à la plaine des Laumes ; et que les "environ" sont sous celle de Labienus et correspondent à la plaine de Grésigny (2 balles de fronde portant le nom du légat de César trouvées, à proximité, sur la montagne de Bussy). L'intention de César est donc d'empêcher ses interlocuteurs au Sénat d'interpréter le siège d'Alésia comme une victoire de son légat, Labienus (qui, en 49, a pris les armes contre César). Les armes trouvées en masse dans les fossés au pied du Mont Réa devraient correspondre à "arma projiciuntur" ("les armes sont jetés" BG 7, 89) : la reddition de Vercingétorix a du se dérouler au pied du Réa, devant le Camp Nord. Le mot "circiter" ("environ") est une omission. César connait la longueur totale de la plaine mais il fait le choix, pour les raisons citées, d'en donner qu'une partie. Il ne va pas montrer objectivement à son public que le vainqueur de Vercingétorix est Labienus et non César. Cette interprétation permet de mieux comprendre la configuration du site d'Alise. Si l'on part, comme André Berthier, de critères considérés comme objectifs, ("Si, dans un texte descriptif d'un grand écrivain de l'Antiquité, on prend soin de dresser la liste de toutes les expressions significatives, on peut restituer la configuration d'un site" (A. Berthier, A. Wartelle, "Alésia", p. 132), on ne s'aperçoit de rien. Tant que l'on n'a pas le bon site identifié par l'archéologie sous les yeux. Mais est-ce la bonne interprétation ? la bonne interprétation est celle qui correspond à la manière dont César perçoit le site. Après tout, Michel Reddé n'a peut-être pas tort quand il mesure la longueur entre le Mont Auxois et Grignon.
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Sylvain Hacquard Le Dimanche 15 janvier 2017 10:00
Si l'on suit le raisonnement d'André Berthier, je ne pense pas que la forme triangulaire de la hauteur d'Alésia soit une omission de César. "Le dessinateur place donc les flumina de part et d'autre du carré d'abord tracé, et marque leur écoulement dans des gorges. Si les deux flumina, qui lavaient sur deux côtés le pied de l'oppidum d'Alésia, avaient maintenu leurs cours parallèlement après avoir longé l'oppidum, la plaine dans laquelle ils entraient aurait dû être assez large pour permettre leur double écoulement. Or, par la triple précision donnée par César que cette plaine n'a que 3 000 pas de longueur, qu'elle est serrée entre les collines (intermissam collibus) et assez dégagée pour permettre le combat de cavalerie engagé par l'armée de secours, elle nous est représentée comme une dépression allongée, soit une combe, soit un val. Ainsi décrite, elle convient plutôt au bassin de réception d'un seul cours d'eau formé du confluent des deux rivières. Un tel confluent fait surgir au débouché des deux vallées en gorges, une avancée en pointe suivant un mécanisme de modelé qui se retrouve fréquemment en pays de montagne. Un éperon vraisemblable et des flumina qui, allant à la rencontre l'un de l'autre, suivent un tracé oblique, invitent maintenant le dessinateur à retenir l'idée d'une pointe triangulaire." (A. Berthier, A. Wartelle, "Alésia", p. 137). Si je suis le raisonnement de l'auteur, la forme triangulaire de la hauteur d'Alésia est dû non pas à une omission du texte, mais à la manière dont le texte a été interprété. C'est, comme vous le dites, une modélisation, bien que ce terme ne fasse pas partie de mon vocabulaire. André Berthier a compris le texte de cette façon : c'est parce que la plaine est une dépression allongée, petite ("n'a que 3000 pas en longueur" ) et enclavée entre les collines et à cause de la présence de gorges de part et d'autre de la hauteur d'Alésia que celle-ci ressemble un éperon. Raison pour laquelle la forme triangulaire a été choisi graphiquement. Celui-ci a donc fait des déductions à partir d'éléments topographiques issus du texte. Ces déductions topographiques, "ça passe ou ça casse". Si l'on applique sommairement la description d'Alésia (plaine + ceinture de collines) sur une hauteur (le B. de Ban) situé au nord d'Izernore, on constate que le confluent des deux rivières (l'Ain et l'Oignin) se situe au niveau de la ceinture de collines, et non dans la plaine. Le confluent des deux rivières, mentionnées par César, n'est donc pas obligatoirement situé dans une plaine. Il vaut mieux alors renoncer à savoir où se trouve ce confluent, s'il y en a un. Et se contenter de savoir qu'il y a deux rivières sur deux côtés sans savoir dans quel sens celles-ci coulent. Le mieux est de mettre en relation ces rivières avec le fossé intérieur rempli d'eau pour tenter de comprendre la configuration du site. Lorsque vous écrivez que "les suiveurs de l'archéologue-chartriste n'ont jamais véritablement analysée et envisagée avec un esprit critique", vous avez vu juste. C'est dommage pour eux, en particulier pour Danielle Porte. Ils n'ont pas su ou pas voulu améliorer le portrait-robot élaboré par André Berthier.