À Chantepie, ouverture du 23e magasin “Cultura”
[ABP] Le jeudi 8 septembre prochain sera inaugurée à Chantepie, dans la banlieue de Rennes, à 1 200 m du siège du quotidien Ouest-France à vol d’oiseau, une nouvelle grande surface portant l’enseigne Cultura, déjà présente depuis 2002 en Bretagne, à Trignac, aux portes de Saint-Nazaire, et également à Saint-Malo, au centre commercial de La Découverte. Ce magasin de Chantepie qui a ouvert ses portes au public le 17 août dernier, semble devoir s’inscrire d’emblée parmi les toutes premières librairies de Bretagne, sans doute après la librairie Dialogues, à Brest, qu’anime Charles Kermarec (qui est très souvent citée en exemple au plan national et que tous les autres Bretons peuvent certainement envier aux Brestois).
L’histoire des magasins Cultura est intéressante à plus d’un titre. Ce groupe a d’abord l’originalité sympathique de ne pas être né à Paris et de ne pas y avoir son siège et ses services centraux. Le premier magasin Cultura a été ouvert à La Rochelle en 1998 et le siège du groupe se trouve en Aquitaine, à Mérignac, dans la banlieue de Bordeaux. Sur les 22 magasins déjà ouverts, seuls trois se trouvent en Ile-de-France et les autres sont situés à la périphérie de grandes villes, voire dans des villes moyennes, hors de la région parisienne. La philosophie du groupe est résolument régionale et, dans le domaine du livre, la place faite aux éditeurs et aux auteurs régionaux est ainsi sensiblement plus importante que celle qui leur est faite dans les autres grandes surfaces culturelles du type Fnac ou Forum du livre. Le magasin de Chantepie, qui est nettement plus grand que celui de Saint-Malo, propose plus de 46 000 références dans le seul domaine du livre et l’édition bretonne, y compirs celle de très petites maisons y est présente, ce qui n’est absolument pas le cas des rayons librairie des hypermarchés de la périphérie rennaise, en particuler les Carrefour du centre Alma et de Cesson-Sévigné (l’Espace culturel Leclerc de Rennes-Cleunay fait lui en revanche une très belle place aux livres, y compris aux livres édités en Bretagne).
Le croissance rapide du groupe est impressionnante : en moins de sept ans, le groupe a ouvert déjà 22 magasins, offrant généralement une surface de 2 000 à 3 000 m2 et employant chacun en moyenne une trentaine de salariés, dans l’ensemble assez jeunes. À la fin de l’année, le groupe devrait ouvrir son 28e magasin.
L’autre originalité du groupe est d’avoir associé à la vente de livres, de papeterie, de disques, de vidéocassettes et de dévédés, un important secteur consacré aux loisirs créatifs : peinture, dessin, sculpture, gravure, poterie, broderie, mosaïque, etc. L’idée générale est de favoriser l’épanouissement personnel et de s’adresser à toutes les générations, aussi bien les élèves du primaires que les retraités actifs. Des partenariats ont été noués dans plusieurs villes entre ces centres et le monde enseignant ainsi que le monde associatif. Des ateliers sont organisés régulièrement pour proposer aux visiteurs intéressés, moyennant une participation financière modique, une initiation à la peinturese, au dessin, à la mosaïque, à la réalisation de bijoux en perles, à la “home déco”, à la création de mode, etc. Cette expérience est suivie de très près par les chaînes concurrentes et les Espaces culturels Leclerc envisagent ainsi très sérieusement de s’adjoindre bientôt eux aussi à côté du lvire et du multimédia tout un espace voué aux loisirs créatifs.
C’est aussi ce même esprit qui a conduit à la création d’espaces de détente au sein des magasins avec des fauteuils confortables permettant aux visiteurs de rester à “bouquiner” ou à écouter de la musique. Comme c’est depuis longtemps le cas à la librairie Dialogues de Brest, beaucoup de magasins Cultura comportent aussi un espace de restauration légère, permettant de prendre sur place un rafraîchissement ou une boisson chaude, voire un vrai petit déjeuner ou un goûter. Dans le nouveau centre Cultura de Chantepie, où la restauration a été sous-traitée à une société extérieure, il est même possible de trouver un certain nombre de plats préparés et de prendre donc son déjeuner sur place. On peut ainsi y passer la journée entière...
Seul bémol, ces centres sont généralement situés en dehors des centres villes, dans des zones commerciales périphériques et donc surtout accessibles aux clients motortisés, mais, en cela, ils ne font que suivre une tendance lourde de l’évolution du commerce en France. Le nouveau centre Cultura de Chantepie est mitoyen de la Camif et situé dans une zone commerciale où l’on trouve Leroy-Merlin, Décathlon, super-Sport et bien d’autres enseignes, qui drainent une clientèle très importante, largement familiale, en fin d’après-midi et surtout les samedis.
Il est probable que ce concept est appelé à se développer dans la mesure où il correspond bien aux nouveaux modes de vie de beaucoup d’habitants de notre pays, mais il ne remet nullement en cause l’intérêt des librairies plus “traditionnelles” situées dans les centres villes, ni celui des librairies spécialisées, notamment celles qui sont spécialisées dans le domaine breton et celtique comme Ar Bed Keltiek à Brest et à Quimper, Coop Breizh à Lorient, et les membres du réseau Kenstroll : Penn da benn ) Quimperlé, Lenn ha Dilenn à Vannes, Gweladenn à Saint-Nazaire, Édit et moi à Ploërmel, Ar Vro à Audierne et Douarnenez, Dazont à Becherel et Cojean à Guingamp. Toutes les études faites depuis 20 ans montrent que la moitié des Français ne mettent jamais les pieds dans une librairie. Ces nouveaux espaces de vente de livres devraient attirer de nouvelles catégories sociales et aussi beaucoup de jeunes, comme le font déjà les magasins Virgin, les FNAC et les Espaces culturels Leclerc, et contribuer ainsi à rapprocher des livres un nombre croissant de nos concitoyens.
Bernard Le Nail
Note: Cultura est une filliale du groupe français Auchan/Mulliez.
Philippe Argouarch