Déclaration commune de l'Alliance Fédéraliste Bretonne et Bodadeg evit ar Vro.
Dans le journal Le Monde du 14 mars dernier, on peut lire ce jugement sur le Président Hollande : " L'audace, chez François Hollande, est rarement spectaculaire. C'est d'ailleurs la force de cet homme. On ne le voit pas venir, il avance à pas feutrés, et puis il finit par s'imposer. C'est ainsi qu'il a conquis le pouvoir, qu'il l'exerce et...qu'il compte le conserver"
Eh bien c'est cette manière de faire qui permet au "Président normal" de décrocher trois magistrales uppercuts à la face de la Bretagne et son peuple, quitte à renier sans vergogne ses promesses de candidat. Jugeons en. En l'espace d'un peu plus d'une semaine les Bretons auront ainsi appris la mise en pièces par un sénateur zélé de l'amendement Le Fur-De Rugy, le renvoi à une date indéterminée de la fin du cumul des mandats et "cerise sur le...Kouign-Amann" la non ratification de la Charte Européenne des Langues Minoritaires. Le "Changement c'est maintenant", mais comme à l'accoutumé, selon les m½urs politiques du parti au pouvoir, jamais dans le sens souhaité.
Revenons en détail sur chacune de ces "avancées à pas feutrés".
Premier uppercut, l'annulation de l'amendement Le Fur-De Rugy.
On se souvient que ces deux élus des Côtes d'Armor et de Loire Atlantique avaient réussi à faire adopter par la chambre des députés un texte qui laissait la possibilité à un département de choisir sa région d'appartenance sans consultation des autres départements de sa région originelle. On ouvrait ainsi une brèche pour réorganiser les découpages régionaux. Première concernée la Bretagne bien sûr. Ce qui était remarquable dans cet amendement, outre son habileté, c'était de constater que deux députés avaient su mettre de côté leurs appartenances idéologiques pour travailler ensemble au service des intérêts bretons. C'en était trop pour nos jacobins ringards. La contre attaque est venue du Président de la commission des lois au Sénat, le Sénateur Sueur, qui par un vote inique a fait annuler l'amendement Le Fur-De Rugy. Les mauvais esprits auront aussi noté que la Sénatrice Patricia Adam, élue du Finistère, est l'une des membres distingués de cette même commission présidée par son collègue de Blois. Les naïfs avaient pourtant été prévenus : dans son meeting préélectoral à Rennes le candidat Hollande avait refusé de se prononcer sur la Réunification. Et pourtant seule une Bretagne intégrale a le poids adéquat pour espérer jouer un rôle dans le cadre européen.
Second uppercut, le cumul des mandats.
Tout le monde aura remarqué que le Président français a décidé, comme tout ses prédécesseurs, d'aller à la rencontre du "vrai" peuple. Première ville dans la tournée : Dijon capitale bourguignonne administrée par un de ses amis Rebsamen. Ce dernier avait déjà, il a peu de mois, joué les éclaireurs en se déclarant absolument hostile à la fin du cumul des mandats. Exemple imité quelque fois sur le mode "moderato" d'autres fois sur le mode véhément par une kyrielle d'élus aussi bien de gauche que de droite. Bref nulle envie de rompre avec une spécificité toute française. Quelques rares isolés se sont non seulement déclarés contre ce cumul mais n'ont gardé qu'un seul mandat. Saluons les au passage. Parmi eux les députés Bruno Le Maire et René Dosière. Heureusement pour les cumulards le Conseil Constitutionnel, de façon fort opportune, a donné un avis pour indiquer que tout cela était fort prématuré. L'exécutif avait aussi sondé les présidents des groupes parlementaires (pas ceux des bretons malheureusement) pour juger s'il existerait une majorité des 3/5 èmes pour modifier la Constitution. Résultats des courses : pour l'UMP c'est non ; Jean Louis Borloo, qui vient de se souvenir qu'il avait une grand-mère de Guémené sur Scorff (plus de 10 millions de Bretons dans le monde, compris nombre politiciens français !), a plaidé pour "une stabilité maximum de la Constitution". Quant au PS, il est divisé. Reste deux solutions : le référendum. On connaît sur ce sujet les positions de la gent politique française : "c'est bon pour les Suisses !". Reste les ordonnances...Euuuhhhh.
Cerise sur le "Kouign Amann".
Exit ( habemus papam !) la ratification de la Charte Européennes des Langues Minoritaires. Au préalable on avait déjà eu quelques petits signaux qui faisaient craindre le pire. D'abord la déclaration de la Garde des Sceaux pour rappeler aux maires l'interdiction de délivrer des livrets de famille Breton-Français. Seul le Maire de Carhaix a déclaré qu'il persévérerait. Autre indice : le mépris opposé à la demande d'une Télé régionale bilingue en dépit des manifestations énergiques faites devant les studios FR3 de Nantes, Brest et Rennes. Refus d'autant plus inadmissible que la réorganisation de FR3 crée quatre nouveaux pôles de production à... Paris. Mauvais signal encore, le rejet dans le projet de loi sur la réorganisation de l'école, de toute insertion sérieuse des langues dites "minoritaires" dans les programmes. Diverses manifestations ont voulu rappeler au Président sa promesse de signature de la Charte. Et là encore le pouvoir s'en sort de façon magistrale. C'est le Conseil d'État, organisme inconnu même des mieux avertis, qui pour des raisons que par essence il ne peut divulguer, déclare cette ratification "pô pôssible" pour paraphraser Titeuf. Jean Jacques Urvoas, président de la commission des lois au Palais Bourbon, s'était beaucoup investi pour la signature de cette Charte. Il se demande dorénavant comment opposer un argumentaire adéquat à des motifs qu'il ne connaît pas !
De qui se moque t'on ? Bien trop d'élus de cette sacro sainte et prétendue "démocratie représentative" se conduisent en véritables Talibans de la République en opposant aux légitimes demandes des électrices et des électeurs bretons une fin de non recevoir. Ces derniers avaient pourtant cru que le changement ce serait pour bientôt.
Oui les droits du Peuple Breton sont bafoués. Oui les lois et traités internationaux sont bafoués. Oui ceux que nous avons envoyé, nous électeurs bretons, au Palais Bourbon et au Sénat sont ou ridiculisés ou complices.
On ne peut en rester là. L'heure est au regroupement. À nous tous, éparpillés ou non dans des organisations rivales sinon parallèles, de resserrer les rangs pour faire appliquer ici des droits que d'autres Peuples, en Europe, exercent de longue date.
AFB-EKB
Bodadeg evit ar Vro