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Le blé
- Reportage -
Semences Céréales et Protéagineux : le cri d'alarme
Rencontre avec des professionnels des semences organisé par le GNIS (Groupement National Interprofessionnel Des Semences et Plants)
Par Agnieszka Misiura pour ABP le 9/04/17 23:54

Mardi 4 avril, le GNIS (Groupement National Interprofessionnel des Semences et Plants) a organisé une rencontre sur la Filière Semences Céréales & Protéagineux. Cette rencontre a réuni 150 professionnels de ce secteur d'activité. La conférence était dédiée aux semences pour les céréales à paille et protéagineux, mais les sujets de discussion ont concerné l'agriculture en général.

Dans le groupe des céréales à paille on compte les producteurs de blé tendre et dur, d'avoine, de riz, de seigle, de triticale, d'épeautre. La France est le premier producteur de céréales en Europe et 7,6 millions d'hectares sont cultivés. Pour la région Bretagne 661.500 ha sont cultivés (blé, maïs, orge), mais aussi les oléagineux (colza, tournesol) et des protéagineux comme les pois. Les pois protéagineux de printemps s’adaptent globalement bien au climat breton et servent comme alimentation du bétail.

Des coûts de production trop élevés

Fabrice Dreyfus, président des Ressources PhytoGénétiques a tiré la sonette d'alarme : « Je ne suis pas certain que la classe politique mesure la détresse du monde agricole. Il y aura un avant et un après 2016. Nous avons perdu un tiers de la récolte de blé en France en terme de chiffre d'affaire. Je ne pense pas que les tarifs que l'on envisage cette année pour le blé nous permettent de se refaire. Nous avons perdu des clients car nous ne produisions pas la quantité nécessaire pour remplir les carnets de commande. Or nos clients n'ont aucune difficulté à trouver du blé d'aussi bonne qualité et moins chère que le nôtre et certains sont contents d'avoir changé. Lorsque du blé est payé 150 euros à un Russe, il gagne bien sa vie mais pour le même tarif, un Français ne peut pas s'en sortir.. La concurrence est donc déloyale. Nos responsables politiques ne peuvent donc pas rester avec aussi peu de décision et de mesures ».

ll y eut également le témoignage de Jérémy Decercle, président des jeunes agriculteurs :

« La profession a eu du mal à vivre le ping-pong « région - État - Europe » qui plus est, après la création de nouvelles régions administratives. Il est important que nous avancions ensemble et que l'on arrête de se tirer dans les pattes. La responsabilité des conseils régionaux est d'apporter des solutions pour reconstruire nos filiales en facilitant les échanges entre les différents acteurs de la filière. On sait par exemple que 60 % des produits consommés dans la restauration est importé. Il faut imposer des choses à la grande distribution, à la transformation et à la production. Il est important de donner de la lisibilité aux jeunes agriculteurs avec des contrats définissant un prix, un volume et une durée pour sécuriser le métier ».

L'agriculture française risque de disparaitre

Robin Rivaton, essayiste, a quant a lui mis en avant la problématique des tailles et la complexité des strates administratives : « Nos concurrents ont des tailles gigantesques, comme des province chinoises de plus de 50 millions d'habitants [...]. Si on ne se donne pas les moyens de rivaliser avec ces entités, l'agriculture française risque de disparaître. Aujourd'hui, malgré la mise en route assez rapide des nouvelles régions, il nous reste cette énorme complexité administrative. Nous avons beaucoup trop de collectivités publiques, il faut donc plus de temps pour convaincre tout le monde et organiser la promotion d'une région à l'étranger ».

Filières courtes ou longues ?
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Comme l'expliqua Xavier Martin, délégué régional, « filière courte veut dire : pas beaucoup d'intervenants mais pas forcément locaux » . Pascale Gaillot du Conseil Régional de la nouvelle région Grand Est a déclaré qua la région avait " posé une politique agricole et voulons accompagner toutes les filières, quelles que soient leur longueur, courte ou longue. Il y a une certaine tendance qui voudrait que nous limitions toutes nos aides aux filières courtes. Le repli sur soi, le retour à 'mon voisin est mon consommateur' n'est pas notre souhait. Nous demandons donc à chacune des filières de nous proposer des contrats de filières pluri-annuels afin de mieux saisir leurs besoins et structurer notre agriculture en terme de capacité d'exportation ».Pascal Ferey, vice-président de la FNSEA-Environnement a déclaré qu'il "y avait de la place pour le marché local mais n'oublions pas que la France exporte. Il faut trouver pour l'étiquette française des débouchés autres que des débouchés d'appoint. Par exemple investir dans des marchés haut de gamme comme le bio, l'IGP ou l'AOP qui représentent 20 % de nos parts de marché ».

Biodiversité visible et invisible

Une discussion eut pour thème : «Comment la biodiversité peut-elle profiter à la filière céréalière ? » Marie- Cécile Damave de SAS agr'iDées, qui est responsable innovations, a donné sa définition de la biodiversité : « Il faut d'abord définir ce qu'est la biodiversité : Il y a d'un côté, la biodiversité productive, celle dont on a besoin : plantes cultivées et animaux d'élevage, visible, et la biodiversité des sols, invisible, mais qui est aussi un outil de production. L'agriculture a tendance, d'une manière générale, à réduire la biodiversité car la même plante est cultivée à l'intérieur d'une parcelle mais l'amélioration génétique élargit le socle de la biodiversité invisible. La filière céréalière en est le parfait exemple ».

D'après Fabrice Dreyfus, président des ressources PhytoGénétiques « nous n'aurons aucune diversité si on ne crée pas les filières qui permettent d'écouler la production. Par exemple, il y a en ce moment une multiplication des plantations de sarrasin. Il y a une demande de la part des agriculteurs de rétablir une diversité dans la production. Il faut aider les agriculteurs à écouler les fruits de la diversification ». Un agriculteur-céréaliers, Michaël Jacquemin, a donné son exemple de diversité de production : Il a plusieurs type de cultures allant du soja aux pommes de terres en passant par le chanvre. Il fait également de l'élevage bovin et porcin et s'est récemment lancé dans l'apiculture. Il note que la préservation de la biodiversité passe également par l'entretien des bordures des champs et des talus.

Dans son discours de clôture, Thierry MOMONT, Président de la Section Céréales à Paille et Protéagineux a souligné que la nouvelle loi a emmené une année catastrophique pour la filière semences.

Il faut faire une réforme politique sur le sujet très rapidement.

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Journaliste-photographe ABP pour Rennes
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