Les bretonnants avaient noté avec consternation l'absence du moindre mot de breton dans le premier numéro du magazine "Bretagne(s)", grassement subventionné (310 000 €) par la Région et chargé de promouvoir les travaux des universitaires bretons. Deux ou trois articles laissaient même percer à l'égard de notre culture une forme d'agressivité digne des médias jacobins, et le travail de Diwan se voyait qualifier « d'enseignement sectaire d'une langue ».
Eh bien, on n'avait rien vu ! Le deuxième numéro de "Bretagne(s)" vient de sortir, on n'y lit toujours pas le moindre mot de breton, mais on y trouve la question suivante soumise à deux professeurs de langue : « À quoi la transmission du breton sert-elle à une époque où il n'est la langue principale que de quelques ruraux âgés sans influence ? » (Selon les rédacteurs qui n'hésitent pas à en remettre dans la perversité, « c'est une question que se posent de nombreux Bretons »…) Autrement dit : « À quoi sert de conserver ce baragouin de bouseux et de ploucs ? » Aucune idée, chez ces mandarins incultes, de ce qu’est une culture, une conscience identitaire, une ouverture fraternelle sur une humanité plurielle. Sans doute pensent-ils que ce sont les bretonnants qui sont agressifs ?
Michel TREGUER