Le monde évolue à l’insu des Français, la France se fige dans son immobilisme, se retranche derrière sa maintenant traditionnelle « Exception française», alors que les frontières s’ouvrent et que les effets du mondialisme nous obligeraient à une réactivité sans précédent.
Ecosse, Catalogne, Pays de Galles, ont acquis leur autonomie, Slovénie, Slovaquie, pays baltes leur indépendance, et ce sont ces petits pays périphériques de l’Europe qui obtiennent les plus fortes croissances.
Pendant ce temps les grands Etats fondateurs utilisent la majorité de leurs forces vives à justifier leur « Etat » et la Bretagne, toujours amputée de son 5eme département, voit tout son dynamisme, son courage, son imagination bref, son économie hypothéquée par le déclin du dispositif politico-administratif français.
C’est à partir de ce constat, pour prendre en compte ces évolutions, qu’un groupe de femmes et d’hommes issus de notre territoire, a développé le projet de faire de la Bretagne une nation à part entière afin qu’elle ne soit plus absente du concert des grands acteurs européens et qu’elle puisse à l’avenir saisir de son propre chef toutes les opportunités de développement et de progrès.
A ce titre, elle pourra disposer des mêmes prérogatives que tout autre nation européenne, grande ou petite, à égalité avec l’Irlande, le Danemark, le Portugal ou la Lituanie, dont les
données économiques et géopolitiques sont d’ailleurs comparables. Nous savons très bien que des étapes intermédiaires sont indispensables, mais le réalisme n’exclut pas la franchise et l’ambition.
Nous pensons que le décrochage de la France, à la fois politique et économique, n’est pas le fruit
du hasard : c’est un phénomène culturel et structurel, donc irréversible. Culturel car le travail n’y est pas considéré comme un épanouissement (pour nous, le travail est bien une valeur) , mais comme une damnation et l’entreprise est suspecte, sauf si elle est petite. Structurel, car la nation y est placée au service de l’Etat, et non l’inverse.
Tout ceci nous parait profondément ancré dans la culture française irréformable, et nous avons fait le choix de faire entrer la Bretagne dans une autre « sphère d’influence » afin d’éviter son naufrage en concomitance avec celui de la France indivisible, dont au surplus elle ne partage pas toujours les mêmes valeurs comme l’a démontré le dernier referendum sur l’Europe.
Un tel projet, absent du paysage politique actuel, du moins sous une forme réaliste, représente un acte courageux de longue haleine, mais nous sommes persuadés de la nécessité de l’entreprendre si nous voulons restituer à la Bretagne sa liberté d’entreprendre, son modèle de société et d’organisation territoriale, afin de donner à nos enfants un autre choix que celui de l’émigration ou de la précarité.
Pour le parti breton,
Pierre Le Labouze (coordinateur)