C’est à une mini-révolution à laquelle nous assistons dans la politique économique française...
La centralisation était jusqu’à maintenant la règle. De grandes compagnies nationales contrôlées par l’Etat dans des secteurs clés comme l’énergie avec EDF ou les transports avec la SNCF,… de grands centres de recherche d’Etat comme le CNRS. L’économie était impulsée depuis Paris pour profiter essentiellement à la capitale.
Avec la création de 67 pôles de compétitivité, la France s’adapte peu à peu aux réalités du monde contemporain en modifiant son modèle colbertiste. Certes, la présence de l’Etat reste forte puisqu’il décide et finance ses opérations. Mais, les pôles de compétitivité dans leur logique sont une forme hyper décentralisée de gestion économique. Les entreprises, les centres de recherche, les écoles de formation d’un même secteur d’activités sont en effet réunis en réseau pour travailler ensemble et produire des projets communs au niveau de la recherche, de la formation, de la qualité, de la gestion, de l’activité internationale... Tous ces acteurs de terrain sont donc les véritables animateurs du pôle. Le réseau de compétences de terrain est contraire à la hiérarchie centraliste, l’initiative donnée à une multitude d’acteurs de terrain est contraire à l’impulsion et le contrôle exercés par l’Etat. Pourquoi ce changement progressif ?
Parce que les régions qui réussissent en Europe sont des territoires qui ont développé des pôles d’activités ou cluster depuis les années 80-90. La France aveuglée par son idéologie centraliste s’y résout finalement au regard de l’efficacité de la formule tout en contrôlant les initiatives depuis Paris. En Pays basque sud, les pouvoirs publics qui sont opposés à la mentalité jacobine ont lancé depuis 15 ans les fameux clusters proches des pôles de compétitivité. Actuellement il y en a 12 qui représentent 45% de la richesse produite en Euskadi, 20 autres sont en gestation. Les cluster ont permis de freiner la délocalisation et ont contribué à rendre les entreprises compétitives qui ont pu croître leurs exportations.
La France se lance à son tour dans une expérience d’économie décentralisée. Va-t-elle rattraper son retard ? Les pôles de compétitivité seront-ils une stratégie majeure ? L’avenir le dira. Pour l’heure, afin d’être au niveau d’Euskadi en nombre de clusters, il en faudrait proportionnellement environ 360. Le chemin est encore long. La décentralisation ne sera vraiment efficace que lorsqu’elle sera à la fois économique et politique, c’est-à-dire lorsque les régions pourront engager de tels projets sans dépendre de Paris. Il faudra rapidement changer de vitesse pour s’engager résolument et sans complexe dans cette voie.