Le parquet général fait appel contre trois Bretons
Skoazell Vreizh apprend que le procureur général de Paris a fait appel contre certains accusés de la décision rendue par la cour d’assises spéciale le 26 mars dernier.
Chacun avait accueilli cette décision avec sérénité, constatant que des juges, bien que réunis dans une juridiction d’exception, avaient, dans leur conscience professionnelle, pris la mesure de l’inconsistance des charges produites par l’accusation contre les militants bretons poursuivis comme complices de l’attentat dramatique de Quévert.
Tous ceux qui avaient assisté aux débats du procès avaient pu le constater et les medias s’en étaient nettement fait l’écho.
Certes, nous étions conscients de l’épreuve que constituait ce verdict, après quatre semaines d’audience, pour la famille de la malheureuse Laurence Turbec, à laquelle la justice d’instruction anti-terroriste avait laissé croire pendant quatre ans qu’elle avait une réponse à son drame.
L’appel du parquet général, qui ne vise apparemment que trois des accusés de l’affaire de Quévert, intervient curieusement le dernier jour du délai. Le sens politique de cette démarche interpelle. S’il n’apparaît pas concevable que le procureur général ait pu céder aux démarches du lobby SOS Attentats qui s’érige dans ce type d’affaire en véritable ministère privé - et le dossier des Bretons n’a pas échappé à cette politique - faut-il alors considérer que la hiérarchie du parquet ou le ministère en viennent à considérer que pour livrer des coupables à tout prix aux porteurs autoproclamés de la vengeance des victimes, dix magistrats mieux choisis pourraient, en appel, retenir comme suffisantes les constructions intellectuelles de l’accusation, à défaut de preuves sérieuses, contrairement à ce qu’ont fait les premiers juges ?
Cette démarche sélective amène à se demander si la justice française ne tend pas désormais, au nom du « droit des victimes » à instaurer une justice d’exorcisme et à remplacer le principe de présomption d’innocence légalement en vigueur par une quelconque « loi sur les suspects ».
Il faut encore souligner que cet appel a pour conséquence d’interdire toute mesure d’aménagement de peine pour de longs mois encore, alors que l’un au moins des trois accusés visés par cet appel pouvait solliciter une libération conditionnelle à bref délai, et qu’un autre a été normalement remis en liberté, sa détention provisoire ayant excédé la peine prononcée contre lui.
Skoazell Vreizh continuera pour sa part à apporter son soutien indéfectible aux familles des accusés concernés comme elle l’a toujours fait et restera vigilante quant aux délais d’appel et au déroulement du second procès.
P.L.
Skoazell Vreizh
Guérande, le 6 avril 2004