Révélé par le journal Bakchich n°3 (voir le site) qui a eu accès aux notes de l'ancien directeur financier de la DCNI Gérard-Philippe Ménayas, les noms de Balladur, Sarkozy, Pasqua, Guigou, Cambacérès et Le Drian (alors député-maire PS de Lorient) apparaissent en relation avec les négociations qui ont eu lieu avec Taïwan pour la vente des frégates. Le contrat fut finalement signé en 1991.
Le contrat a été suivi de nombreuses affaires en justice impliquant Elf et Thomson-CSF, et une demi-douzaine de morts suspectes – aussi bien à Taïwan qu'en France – pour se heurter en 2001 à la décision de Laurent Fabius de refuser de lever le secret défense.
Malgré le non-lieu qui a clos cette affaire cette année seulement, la rumeur persiste que les rétro-commissions qui ont accompagné les négociations ont alimenté les caisses du PS et de l'UDR (devenue UMP depuis). Elle refait surface régulièrement. De mauvaises langues affirment même que c'est pour s'assurer que cette affaire reste bien "secret défense" que Sarkozy aurait offert le ministère de la Défense à Le Drian, juste après son élection à la présidence.
Comme l'a révélé Bakchich ce vendredi 12 septembre, le ministre du Budget Nicolas Sarkozy et le directeur de cabinet d'Édouard Balladur ont, en 1994, autorisé la création de Heine, une bien curieuse société au Luxembourg, destinée, selon ce journal, à acheminer de belles et discrètes commissions pour le compte de la Direction des constructions navales (DCN, devenue aujourd'hui DCNS). À noter que ces rétro-commissions n'auraient pas servi en France à l'enrichissement de certaines personnes, mais bien à celui des deux partis cités, en particulier pour le financement de campagnes électorales comme celle de Balladur en 1994. Si un jour cette affaire est prouvée, au niveau du droit, toutes les élections qui ont eu lieu depuis 1991 pourraient être invalides.
Contrairement à ce qui s'est passé en France, où le secret défense est utilisé pour mettre l'exécutif et des intérêts particuliers au dessus de la justice, et où il est utilisé aussi pour protéger les secrets de partis politiques (les caisses noires), à Taïwan, la justice a suivi son cours. Dans leur empressement, les dignitaires du gouvernement et de la marine avaient oublié de mouiller l'opposition politique comme ce fut fait judicieusement en France. Quand l'opposition taïwanaise gagna les élections, la boîte de pandore fut ouverte et des procès, voire des suicides s'en suivirent. Pour certains ce fut la prison.
En octobre 2003, l'État de Taïwan s'est constitué partie civile au motif que la société Thomson avait violé un point du contrat interdisant tout paiement d'intermédiaires (article 18 du contrat). Taïwan, qui a saisi la commission internationale d'arbitrage, demande maintenant 800 millions de dollars à la France, soit le remboursement de 500 millions de dollars de commissions et de rétro-commissions et 300 millions en guise de pénalités diverses. Ce seront les contribuables français qui paieront si Taiwan a gain de cause. Juste un petit problème : l'affaire des frégates s'étant terminée par le non-lieu prononcé en 2009 pour la France, il n'y a donc jamais eu officiellement de rétro-commissions et les rembourser serait alors admettre qu'il y en a eu.
DROIT DE REPONSE:
Nous avons reçu cette réponse des avocats de Mr Le Drian que nous publions en vertu de la loi n°2004-575 du 21 juin 2004 pour la confiance dans l'économie numérique__ABP
" Monsieur Jean-Yves Le DRIAN, Président du Conseil régional de Bretagne, n’a été concerné ni de près ni de loin par l’exécution de grands contrats de la DCN-Internationale (DCNI) dans des opérations de vente de frégates à Taïwan et de sous-marins au Pakistan auxquelles il n’a, en tant que député et maire de Lorient, en rien été associé. Il n’a jamais tiré quelconque bénéfice à titre direct comme à titre indirect de la conclusion comme de l’exécution de ces contrats, tant à titre personnel que dans le cadre des différents mandats et fonctions qu’il a exercés.
L’allusion selon laquelle Monsieur Jean-Yves Le DRIAN aurait perçu des commissions pour l’exécution des grands contrats de la DCN internationale est parfaitement fausse.
De même, l’insinuation selon laquelle Monsieur Jean-Yves Le DRIAN se serait vu proposer le poste de ministre de la Défense par l’actuel Président de la République en vue de dissimuler, sous couvert du Secret Défense, des éléments de preuve susceptibles de le compromettre lui ainsi que d’autres membres de la classe politique est une complète affabulation."
Ces insinuations ou allégations portent atteinte à l’honneur et la considération de Monsieur Jean-Yves Le DRIAN tant à titre personnel qu’en sa qualité d’ancien député et Maire de Lorient. »