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- Rapport -
L'avenir de la Bretagne pourra se faire avec la France comme partenaire, à égalité, mais rien de plus
Le rétablissement de notre Dignité, en tant que Nation, est la condition sine qua non pour que nous existions au regard du monde, et que nous mêmes puissions, chaque matin, nous regarder dans la glace: nous voulons y voir notre visage, pas celui d'une greffe imposée de l'extérieur.
Par Louis Melennec pour Histoire et Identité le 18/06/07 9:45

L'avenir de la Bretagne pourra se faire avec la France comme partenaire, a égalité, mais rien de plus. Il est inacceptable que la situation actuelle, humiliante, se maintienne.

Si nos élus n'étaient pas si "mous" , ce serait fait depuis longtemps. Voyez l'Ecosse, le Pays de Galles, l'Irlande, l'Estonie, la Lituanie, la Catalogne, le Pays basque espagnol, la Croatie, la Slovénie, la Slovaquie, etc., etc., etc....

Ces pays sont quasi indépendants, ils auraient dû montrer l'exemple à nos "responsables" (lisez plutôt: à nos "irresponsables"). Mais aussi à nos compatriotes, qui, dans ce domaine, ne se remuent pas beaucoup, à l'exception de quelques uns.

Au plan de la légitimité historique, la Libération de la Bretagne est une nécessité impérative.

L'histoire de la Bretagne a été confisquée pendant plusieurs siècles mais aujourd'hui, nous y avons accès. On y apprend que nos ancêtres ont été en lutte permanente contre le pays voisin, les royaumes Francs, devenus "LA" France d'une manière progressive, par agrandissements successifs aux dépens de ses voisins.

Tout le monde sait que le Roi de France Charles VIII ayant violé les engagements pris à l'égard de la Bretagne, en 1488, a lancé ses armées sur notre pays, procédé à une destruction systématique de ses forteresses et de ses défenses, et, ayant la supériorité numérique - en aucun cas la supériorité morale -, l'a soumis, dans des conditions humiliantes, lors de la bataille de Saint-Aubin du Cormier. L'indépendance du pays a été sauvée in extremis .... pour deux ans. Une seconde invasion a eu lieu en 1491, cette fois fatale pour nous.

La duchesse Souveraine, qui incarne encore, cinq siècles plus tard, notre fierté Nationale, déjà mariée à Maximilien, roi des Romains, a dû consentir, dans le seul but de sauver ce qui pouvait l'être encore, à épouser son ennemi Charles VIII de France.

Vous connaissez le reste: notre descente aux enfers date de nos défaites militaires de 1488 et de 1491, et de l'accaparement progressif, par nos ennemis, de ce qui ne leur a jamais appartenu. Leurs manoeuvres, pendant 41 ans, ont été particulièrement tortueuses, voire machiavèliques. Un montage initié par la Chancellerie française - avec la complicité de "collabos bretons" -, a abouti à ce que d'aucuns ont appelé "le traité d'Union", qu' aucun juriste sérieux n'a considéré tel (d'Argentré, Planiol ...). ( voir notre article )

L'histoire officielle n'est que l'histoire des vainqueurs

Nos historiens officiels, reprenant les thèses imposées par la France, qui a su utiliser les "arguments" propres à maintenir ces messieurs dans le bon discours (vous me comprenez), ont feint de croire à cette version. Mais la vérité est toute autre. L'histoire du monde démontre, il n'y a guère d'exception à cette loi, que tout Pays qui a eu une longue histoire nationale, qui s'est battu pendant des siècles pour conserver sa liberté et ne pas être soumis à la honte, au joug imposé par ses ennemis, qui a, comme nous, eu le bonheur d'avoir des Institutions respectables, une langue vénérable, un long passé de souffrances et de joies partagées en commun, réagit toujours, lorsque ses armées sont défaites, lorsque l'ennemi s'est imposé chez lui, de toutes les façons possibles, par des sentiments identiques: la honte, la culpabilité, l'humiliation. Cela s'appelle le syndrome du vaincu, une sorte d'état dépressif qui affecte toute la Nation, la dévalorise, la fait sombrer dans un état plus ou moins prononcé de léthargie, affectant sa confiance en soi, l'estime d'elle même. A terme, si cet état se prolonge, c'est sa créativité qui s'étiole, qui s' accentue au fil du temps.

La Bretagne, sur ce point n'est pas différente des autres peuples. Elle a non seulement réagi comme toutes les autres Nations de la terre, lorsque qu'elle a été envahie et défaite à la fin du XVème siècle, mais même, elle a réagi plus douloureusement que d'autres.

Les raisons sont simples à comprendre - à condition qu'on ne veuille pas s'enfermer dans le discours officiel, tellement plus commode, et plus "rentable" lorsqu'on a décidé de s'abriter derrière le mensonge .

La Bretagne, je l'ai dit, est une très vieille Nation. Les Bretons qui traversent la Manche au Vème siècle, venant de Grande Bretagne, ont déjà une culture commune, une langue, une mythologie, des croyances, et même une religion (ils sont christianisés, en tout cas le sont partiellement). Depuis le VIème siècle, ils se battent contre un ennemi commun: les Francs. Ces éléments non seulement perdurent, mais se renforcent au long des siècles.

L'invasion de la Bretagne au 15e siecle: Une blessure psychique profonde, toujours présente dans l'inconscient collectif breton

Au xvème siècle, lorsque les hordes françaises déferlent sur la Bretagne, tels les Huns, tuent, brûlent, pillent, violent, il est aisé d'imaginer l'état d'esprit dans lequel se trouvent les Bretons - même s'il y a des défections dans la haute noblesse (je parle des Rohan, des Laval, des Chateaubriand, des Rieux et autres), la Nation est dans son ensemble soudée, comme le sont les Français losrqu'ils sont envahis, en 1914, par les armées allemandes.

La plupart de nos historiens pensent que les bretons n'ont pas souffert de cette situation. Mais c'est monstrueux ! Nous nous trouvons là devant une loi de la nature, à laquelle aucun peuple n'échappe. Avec cette profonde différence, par rapport à la Nation d'en face: celle-ci n'existe que depuis peu de temps (depuis Louis XI, au mieux), alors que nous, nous avons une antériorité nationale de plusieurs siècles au moins! Les évènements qui nous affectent collectivement ont donc, on le comprend, un retentissement beaucoup plus marqué. Vous qui me lisez, vous savez que certains d'entre nous ne peuvent évoquer ce qui s'est passé à cette époque, chez nous, sans éprouver encore des sentiments violents de colère, de dégoût, d'injustice.

Il est vrai que les traces de cette souffrance nationale n'apparaissent qu'assez peu dans les textes de l'époque. . Lorsque, la Duchesse Anne étant morte, en 1514, son gendre François Ier s'empare de tous les leviers de commande en Bretagne, année après année. Ce roi est un roi absolu, souriant à l'égard de ceux qui lui obéissent, mais intransigeant et cruel à l'égard de ses ennemis, n'hésitant pas à les envoyer à l'échaffaud, souvent pour des vétilles.

J' ai recherché dans les textes les traces de ces affreuses blessures narcissiques vécues par les Bretons, je les ai trouvées. Je renvoie nos "hystoriens" pressés ou aveugles, pour commencer, à d'Argentré, et leur demande de lire tout ce qu'il a écrit sur cette période: ce sera une bonne initiation, avant que l'un d'eux approfondisse ce point, qui mérite une thèse entière. Je leur demande surtout de perfectionner leurs connaissances sur l'histoire du monde, sur la psychologie humaine, et, puisque cela est devenu une discipline autonome, sur la psychologie collective, des peuples et des nations en particulier; de nouveaux horizons vont s'ouvrir devant eux.

Les siècles suivants ont été marqués par une lutte permanente contre le pouvoir royal. L'esprit de résistance a été admirablement incarné par les Etats de Bretagne. Comme vous le savez, la Révolution de 1789, au nom des libertés collectives du genre humain - selon les thèses souvent simplistes des théoriciens de ce temps -, ont anéanti la Nation bretonne, détruit la Bretagne en tant que Pays autonome (elle avait conservé le droit de voter ses impôts, et le droit de regard sur la législation royale avant que celle-ci soit applicable en Bretagne; pratiquement, le pays s'administrait lui même). Passons sur cela, sur la destruction de la culture, sur l'anéantissement programmé de la la langue, sur la "ploukisation" tous azimuts du pays, surtout des cerveaux, afin que les Bretons en arrivent à avoir honte d'eux mêmes, et de tout ce qui se rattache peu ou prou à leur civilisation.... Mes grands parents, mes parents, moi même, avons vécu cette horreur, je peux donc attester qu'elle a été réelle.

Au plan moral, la nation bretonne a un droit imprescriptible et sacré a être elle-même.

C'est une revendication minimale pour nous. Le droit international, depuis plusieurs décennies, consacre le droit des peuples à apprendre à parler, à enseigner leur langue, à apprendre, à pratiquer, à transmettre leur culture. La Bretagne ne sera elle même que lorsqu'elle aura renoué avec ses racines, lorsqu'elle se sera retrouvée à travers son histoire. Je parle de sa vraie histoire, qui a été scotomisée dans l'enseignement dispensé dans nos lycées et collèges, selon les programmes imposés par Paris.

Le roi Saint louis n'a pas davantage été le roi des Bretons, que les Gaulois n'ont été les ancêtres des Sénégalais ou des Djiboutiens.

Nous avons eu nos rois, et, issus d'eux, nos souverains, qui ont porté avec fierté le titre de Ducs jusqu'à l'anéantissement de notre pays. C'est cela qu'on doit maintenant enseigner aux jeunes Bretons, même si nous entendons, aussi, leur enseigner l'histoire du genre humain tout entier, contrairement à ce que font ceux d'à côté, qui sont en train de découvrir qu'ils ne sont pas le nombril du monde, pire: qu'ils ne l'ont jamais été, comme ils l'ont cru si longtemps.

Le rétablissement de notre Dignité, en tant que Nation, est la condition sine qua non pour que nous existions au regard du monde, et que nous mêmes puissions, chaque matin, nous regarder dans la glace: nous voulons y voir notre visage, pas celui d'une greffe imposée de l'extérieur.

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Histoire et Identité est un groupe d'historiens bretons dont le but est de restaurer la vérité sur l'Histoire de Bretagne. Le fondateur du groupe est le Dr Louis Melenec, docteur en droit et en médecine, diplômé d'études approfondies d'histoire, diplômé d'études supérieures de droit public, de droit privé, de droit pénal, ancien chargé de cours des facultés de droit et de médecine, ex-consultant prés le médiateur de la République française, ancien éléve de la Sorbonne et de l'École des Chartes de Paris.
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