Construire la Bretagne a souligné plusieurs fois comment l’absence d’identité claire avait été jugée par le jury international de l’Idex (Initiatives d’excellence) comme « l’obstacle principal » au financement de la recherche en Bretagne.
Trois fois déjà, le jury international a souligné la qualité exceptionnelle de la recherche en Bretagne tout en disant que « l’appellation choisie » (ici Ouest, là Bretagne-Loire…) était « illisible ». Qu’à cela ne tienne. Nos bons représentants persistent et signent.
Sous l’appellation « Université Bretagne Loire », ils viennent pour la quatrième fois de porter un dossier de financement qui, selon eux, fait « la démonstration de la plateforme de promotion des compétences scientifiques … de l’ouest » (cf. la première phrase de leur site).
Or, cette fois-ci, pour sa seule candidature, l’Université dite de « Bretagne-Loire » n’a même pas réussi à fédérer les trois groupements de Rennes, de Nantes et de Brest. Du coup, ces trois entités y sont allées chacune de leur côté. Le résultat est sans appel. Aucun financement global. Brest a été éliminé au premier tour et Rennes au second (des problèmes d’articulation et de gouvernance entre Rennes I et Rennes II étant soulignés) et du coup, seul Nantes a obtenu une labellisation I-SITE (centrée d’un côté sur la santé, de l’autre sur les industries du futur) grâce à un projet porté par l’Université, le CHU, l’Inserm et Centrale…. L’Usine Nouvelle évoque « un lot de consolation très apprécié localement après le triple échec des universités de l’ouest » (sic). Nantes s’en sort donc avec son lot de consolation et l’échec est pour le reste total.
Cela fait donc quatre. Depuis plusieurs années, on s’évertue à expliquer que « l’ouest » est un point cardinal et non une région. Depuis plusieurs années, on répète qu’en choisissant un nom illisible et impossible à repérer, ils seront logiquement et évidemment jugés « illisibles et non repérables » par le jury international de l’Idex. Qu’à cela ne tienne. Le dogmatisme a encore de beaux jours devant lui. Cette fois en choisissant le nom Bretagne-Loire (on a cherché vainement les liens effectifs avec Saint-Étienne), ils viennent d’être une nouvelle fois retoqués, notamment en raison de la « complexité institutionnelle » de leur groupement (sic) et de « la taille de la zone géographique couverte » (sic).
L’Idex souligne une nouvelle fois l’« excellente capacité scientifique » et c’est donc bien une nouvelle fois l’homogénéité et la maille territoriale qui posent problème. Il est évident qu’une Université de Bretagne affichée très clairement n’aurait jamais été recalée et c’est, une nouvelle fois et pour cette seule année, 17,5 millions d’euros de plus perdus pour la recherche. En cas de labellisation I-SITE, Rennes et Brest pouvaient chacune espérer entre 6 et 9 millions d’euros par an pendant 4 ans, voire pendant 10 ans en cas de reconduction. En tout, l’absence de cohérence et la perte dépassent donc des dizaines et des dizaines de millions d’euros, sans doute les 100 millions.
On peut se tromper une fois mais quatre fois de suite, cela fait beaucoup pour des « scientifiques ». Bravo à nos représentants du « grand » ouest.
Le Comité de rédaction de Construire la Bretagne