Le 4 juillet 1776, les Américains devinrent « autonomes ». Cette « révolution », nous l'avons rappelé, fut avant tout une lutte pour « l'indépendance ». Une lutte à laquelle ont contribué de nombreux Bretons. Parmi eux, il faut compter La Rouërie (étrangement disparu en janvier 1793), Rochambeau (né à Vendôme, où est décédé Nominoë, et parti de Brest), ainsi que La Fayette (dont la mère était originaire du Vieux-Marché près de Guingamp).
Comme nous le rappelons souvent, les « révolutions » sont des formes de « réflexion » ou de « retour sur soi » (du latin "revolvere"). Ces « revirements » qu'ils soient « politiques » ou « culturels » sont avant tout "d'ordre intellectuel". De grands philosophes comme Hegel (1770-1831) ou Emerson (1803-1882) ne s'y sont pas trompés : l'un « réfléchissant » la révolution de 1789, l'autre, celle de 1776.
Notons que les révolutions qui font « le plus avancer les choses » ne sont pas nécessairement « les plus dures ». Elles ont souvent lieu « dans les mentalités » ou « sur le papier ». Elles sont « douces » au sens où elles se font "à peine remarquer". On pense par exemple au "Discours de la Méthode" (1637) de Descartes. Inaperçu à son époque, ce texte continue de laisser des traces aujourd'hui...
Nous travaillons à cette notion de « révolution douce » au sein du Cercle Pierre Landais (qui prévoit cet automne de nombreux ateliers de réflexion à ce sujet). L'heure est à « l'urgence ». Plus que jamais, il s'agit de « penser ». Et cela, pour ne pas « subir les événements » ou en être « dépendants ».
Entre l'exemplaire inspiration de Descartes, dans la Bretagne de « l'après 1532 », et la naissance de l'Amérique « bretonne » de 1776, rappelons ce que Tocqueville (1805-1859) écrivait en 1840 dans le second tome de sa "Démocratie en Amérique" :
« Je pense qu'il n'y a pas (…) de pays où l'on s'occupe moins de philosophie qu'aux Etats-Unis. Les Américains n'ont point d'école philosophique qui leur soit propre (…). Il est facile de voir cependant que presque tous les habitants des Etats-Unis dirigent leur esprit de la même manière, et le conduisent d'après les mêmes règles ; c'est-à-dire qu'ils possèdent, sans qu'ils se soient jamais donné la peine d'en définir les règles, une certaine méthode qui leur est commune à tous (…) : chaque Américain n'en appelle qu'à l'effort individuel de sa raison. "L'Amérique est donc l'un des pays du monde où l'on étudie le moins, et où l'on suit le mieux les préceptes de Descartes" ».
Le même Tocqueville affirmera, dans un discours daté du 29 janvier 1848, un mois avant la Révolution qui allait renverser « la Monarchie de Juillet », la chose suivante, d'une étonnante actualité :
« On dit qu'il n'y a point de péril parce qu'il n'y a pas d'émeute (...), je crois que nous nous endormons à l'heure qu'il est sur un volcan, j'en suis profondément convaincu (...). Ce n'est pas le mécanisme des lois qui produit les grands événements, messieurs, c'est l'esprit même du gouvernement (...). Pour Dieu, "changez l'esprit du gouvernement, car, je vous le répète, c'est esprit-là vous conduit à l'abîme" ».
Puisse « l'été breton » de 2013 être plus « brûlant » encore que celui de 2012 ! La « révolution douce » n'est pas « à venir » en Bretagne. Elle a déjà commencé.