A l'ouverture de son "curriculum vitae", le prisonnier politique breton Alain Solé, en détention "provisoire" depuis quatre ans et demi, a lu la déclaration suivante : "Monsieur le président, la cour, mesdames et messieurs les jurés... Me voilà après avoir purgé une peine sécuriatire de quatre années et demi sans avoir bénficié de la présomption d'innocence, devant cette juridiction d'exception pour le procès de l'Armée révolutionnaire bretonne. C'est en vérité le procès de toutes celles et ceux qui luttent pour la liberté de la Bretagne, car nos supposés actes sont qualifiés de criminels alors même qu'ils ont une motivation politique. Les revendications légitimes du peuple breton sont réprimées avec violence ou mépris dès que des voix s'élèvent pour faire entendre à cette république tombée en désuétude que le pouvoir en Bretagne ne se fera qu'avec les Bretons. Je suis de ceux là. Je reste un militant actif de la cause nationaliste, même si je nie toute participation dans les faits qui me sont reprochés. Au regard du droit français, c'est visiblement un crime. Sinon, pourquoi cet acharnement à me maintenir interné depuis de si longues années sans argument sérieux, mais sous le seul prétexte de porter atteinte à la sécurité de l'Etat de par mon engagement politique et culturel? Il a été dit que mon attitude laissait présumer de mon enracinement dans "l'organisation indépendantiste" sans préciser si celle-ci était publique ou clandestine. C'est donc un procès politique qui va se dérouler. C'est la volonté des dirigeants successifs de cette république d'éradiquer toute forme d'accès à l'autodétermination des nationalités qui la composent. Cette lâcheté étatique nous vise tout particulièrement. Malgré cette répression, je reste combatif et cela grâce au soutien de toutes celles et ceux qui, en Bretagne et ailleurs, ont partagé avec moi ces années d'oppression carcérale et ainsi contribué à la lutte d'émancipation du peuple breton. Beaucoup de Bretons se retrouvent derrière les revendications que nous portons et que l'on nous reproche aujourd'hui en nous traitant de criminels. Toute cette partie du peuple breton sera donc jugée avec nous à travers les accusations fallacieuses à mon encontre. Elles sont sans fondement et élaborées par la police politique de l'Etat français afin de criminaliser l'ensemble du mouvement breton, qu'il soit culturel ou politique. Une grande partie de la société bretonne, dans ses diversités, n'est pas dupe de ces manipulations. Elle suivra avec une attention particulière les débats pendant toute la durée de ce procès. Bevet Breizh Dizalc'h ! Bevet ar stourm a-zieubidigezh vroadel ! Vivre la Bretagne indépendante ! Vive la lutte de libération nationale ! (déclaration d'Alain Solé, prisonnier politique breton, devant la cour d'assise spéciale, mars 2004) SK VZH : 03/03/2004