Deux élus bretons viennent d’échanger récemment leurs points de vue sur les finances publiques dans les colonnes du Monde. Mme Marylise Lebranchu, Parti Socialiste, a fustigé le 19 avril 2006 les transferts de compétences de l’Etat, mal géré par la droite, vers les Régions, bien gérées par la gauche, sans les transferts de financements avenants. Nul doute que si la situation vient à s’inverser, Mme Lebranchu saura adapter son discours.
Jeudi 18 mai, M. Dominique de Legge, président du groupe UMP au Conseil régional de Bretagne, nous affirme que le financement des collectivités locales représente le premier poste de l’état, soit 79,5 milliard d’euros. Chaque contribuable qui vient de recevoir sa feuille d’imposition 2006 peut pourtant constater que ce poste est annoncé à 63,9 milliards par le MINEFI (Ministère des Finances) et représente le deuxième poste après l’enseignement et la recherche, 80,4 milliards, et avant la dette et les engagements financiers de l’état, 40,8 milliards.
Mme Lebranchu ne cite aucun chiffre et ne risque donc pas de se tromper. M. De Legge ne se méfie pas de ceux qu’il trouve, l’état et les collectivités locales en produisant facilement sans complétude. Au-delà de ces questions de chiffres, il confond un jeu d’écritures comptables publiques avec une politique de régionalisation dont il semble considérer qu’elle est toujours à l’ordre du jour.
Mais ce n’est pas tant la répartition état-collectivités dans les finances publiques qui importe, que les montants globaux. Etat et collectivités locales s’endettent davantage chaque année, individuellement ou collectivement, que ce soit avec la droite ou avec la gauche, chacun se défaussant sur l’autre de cette responsabilité.
On peut estimer à partir des données du MINEFI qu’ont été prélevés en 2004 en Bretagne près de 22 milliards d’impôts, étatiques et locaux confondus, sur un PIB de 100 milliards, dont environ 6,3 sont comptabilisés au titre de la Région Ile-de-France. En effet, suite à la création de la Direction des Grandes Entreprises au sein du MINEFI en 2002, la TVA, l’impôt sur les sociétés des entreprises dont le chiffre d’affaires est supérieur à 0,6 Milliards d’euros sont gérés à Pantin. Ce qui traduit on ne peut mieux la recentralisation de l’état français.
Les dépenses publiques en Bretagne, Etat et collectivités confondus, peuvent, avec autant de précision, être estimées de l’ordre de 19,5 milliards d’euros, ce qui correspond à un trop-perçu important d’impôts prélevés en Bretagne que ces élus seront sans doute bien en peine de commenter et justifier.
Nos deux élus bretons s’égratignent donc gentiment dans le cadre d’un faux débat. Ils pourraient associer leurs talents pour exiger que les administrations mettent à la disposition des citoyens des chiffres précis, fiables et actuels sur les finances publiques. C’est un signe de santé démocratique que de disposer de ces informations et bien des pays dans l’Union européenne, dont l’Irlande ( (voir le site) ), nous montrent l’exemple.
Pour le Parti Breton, le président Gérard Olliéric (voir le site)