Communiqué du Cercle culturel Sten Kidna d'Auray :
"Le président du conseil régional de Bretagne est venu signer, lundi 19 novembre, un contrat de pays avec les cinq communautés de communes du pays d'Auray et avec le syndicat mixte pour la période 2006-2012. L'association Kerlenn Sten Kidna s'étonne de l'absence totale de projet autour de la langue bretonne dans ce contrat. Petit rappel historique : en décembre 2004 le conseil régional vote une déclaration à l'unanimité reconnaissant officiellement le breton et le gallo comme "langues de Bretagne".
Puis le Conseil régional de Bretagne a fixé dix priorités pour les contrats de pays. La neuvième priorité s'intitule “Pour une véritable politique linguistique” en faveur du breton et du gallo. Cette priorité est ainsi définie : “Permettre à chaque Breton qui le souhaite d'apprendre, d'écouter et de parler le breton; assurer le maintien et la transmission familiale du breton populaire”; plus loin “favoriser la présence de la langue bretonne dans les différents champs de la vie sociale et publique en bretagne” et, plus loin encore : “L'encouragement de la pratique de la langue dans la vie sociale et publique et les médias (...) et l'encouragement à la création culturelle en breton et en gallo”. Etc.
Notre association dispense dix cours de breton en pays d'Auray, chaque semaine, et assure de nombreuses animations durant l'année. Elle édite une revue bilingue, An Dasson. Elle est, en effectif, parmi les premières écoles du soir de breton (derrière Rennes, Nantes, Brest...) : 110 étudiants en 2006-2007. De 2002 à 2007 Sten Kidna a bénéficié d'un emploi-jeune financé à 80% par l'Etat (et 20% par nous-mêmes).
Fin 2006 , voyant la fin de l'aide publique arriver, nous avons sollicité le soutien des élus locaux, départementaux et régionaux pour trouver des subventions pouvant remplacer l'aide de l'Etat, tout en essayant d'augmenter nos ressources propres. Si les élus locaux vers lesquels nous nous sommes tournés nous ont toujours écouté, s'ils ont toujours relevé la qualité et le sérieux de notre action, ils se sont également toujours contentés de nous renvoyer vers d'autres élus. Résultat, fin août 2007, nous avons dû licencier notre salarié.
Pour l'année 2007-2008, l'ensemble des cours et activités est assuré par les bénévoles de Sten Kidna. Cela démontre le dynamisme de notre association mais également l'absence de politique linguistique en faveur de la langue bretonne en pays d'Auray. Car nous ne pouvons faire face à toutes les demandes ni réaliser tout ce que la situation exige. En effet, nous sommes à une période délicate pour la langue bretonne. Les générations de bretonnants de langue maternelle disparaissent (ce sont des personnes de 60, 70, 80 ans aujourd'hui dont, rappelons-le, certaines parlaient uniquement breton avant d'aller à l'école).
De nouvelles générations apparaissent grâce aux écoles bilingues. Un travail important de mise en relation, d'animation et de collectage est à faire. Des bénévoles peuvent en réaliser une partie : l'association Kerlenn Sten Kidna l'a prouvé encore en réunissant 600 personnes, dont 500 enfants et adolescents, pour la journée de la langue bretonne, dans le cadre de Bro Alré Gouil Bamdé (26/10). Idem le 9 novembre pour la première “Sketchnoz” (200 participants). Mais nous, les bénévoles, ne pouvons pas tout : nous avons dû ainsi arrêter le collectage de mémoire, réduire notre service de prêt d'enregistrements...
L'avenir de la langue bretonne en pays d'Auray dépend aussi de la volonté politique des élus locaux, départementaux et régionaux. Notre association constate avec déception l'absence de prise en compte de la langue bretonne dans le contrat signé entre le pays d'Auray et la région. 4,6 millions d'euros attribués par la région sur six ans et pas un “blank”, pas un sou, pour la langue et la culture bretonnes alors même qu'elles apparaissent de plus en plus comme des atouts économiques.
Il est grand temps que les élus, du pays d'Auray, et d'ailleurs, prennent conscience que le sauvetage de la langue bretonne mérite une politique digne de ce nom, et des moyens. En ce qui nous concerne, le Cercle culturel alréen Sten Kidna - Komzomp asampl, est prêt à travailler en ce sens avec eux, de manière constructive. Nous tenons cependant à leur rappeler que ce n'est pas seulement avec des paroles, fussent-elles élogieuses, qu'on édifie sa maison et que le dicton du maçon reste toujours d'actualité : «Bihanoc'h a gomzoù, muiikoc'h a daoloù» (Moins de paroles et davantage d'actes)."
Kerlenn Sten Kidna An Alre - Komzomp Asampl, 8 rue Joseph Rollo, 56400 An Alré/Auray.