Clément Siberchicot a donné une brillante conférence sur l'exposition Volpini (1) dans le prolongement du don au musée de l'œuvre Misères Humaines de Paul Gauguin par l'association des Amis du musée de Pont-Aven (2).
Pour Clément Siberchicot c'est " Pont-Aven à Paris ".
" L'exposition Volpini remplaça au pied levé une commande non respectée de glaces à l'usine Saint-Gobain. Sur monsieur Volpini, propriétaire des lieux, nous ne savons rien sinon qu'il était d'origine italienne, amateur d'art et que son prénom avait pour initiales J.P. ! Sous le titre Peintures du groupe impressionniste et synthétique, l'exposition se situe dans un contexte de violentes rivalités entre le groupe de Gauguin et celui de Seurat et Pissaro. elle rassemble les peintres Paul Gauguin : 17 oeuvres dont onze zincographies (3), l'élite montante de l'avant-garde, Charles Laval, Léon Fauché, Émile Schuffenecker, Louis Anquetin, Georges-Daniel de Monfreid, Émile Bernard avec ses Bretonnitudes et Louis Roy. Chaque peintre a pris soin d'y envoyer à la fois des œuvres déjà exposées et ayant obtenu de bonnes critiques et quelques œuvres avant-gardistes, tout cela dans le souci de rassurer une clientèle et de vendre. L'accrochage est particulièrement bohème derrière les clients, les bouteilles et un orchestre féminin de cordes venue de Russie !
Dans sa zincographie Misères Humaines, Gauguin reprend le motif de son tableau, une variation sur le thème du péché originel avec un traitement à la sanguine. Le modèle est Marie Louarn que l'on retrouve aussi dans le tableau de Charles Laval avec la collerette de sa coiffe retroussée par le vent ! Grâce à la description exhaustive du critique Antoine nous avons pu identifier 70 œuvres sur les 96 exposées ".
Bernard Le Floc'h, ami du musée et auteur de fiches analytiques sur les peintres du Pouldu à la maison de Marie Henry : " Gauguin, alors à Pont-Aven pilotait à distance et Schuffenecker était à la manœuvre pour négocier la salle pour ces peintres contestataires qui cherchaient leur publicité auprès de l'exposition universelle de 1889. Mais ce fut un ratage : peu d'intérêt des médias, peu d'acheteurs mais abondance de détracteurs. La reconnaissance viendra plus tard... ".
C'est une association de 500 membres très actifs dans les rendez-vous culturels. Ils organisent des conférences par des conservateurs et historiens de l'art. Ils participent à la publication d'ouvrages, de catalogues, soutiennent la restauration d'œuvres de la collection, animent la nuit des musées, les journées du patrimoine et assurent la promotion du musée...
Louis Marie Le Breton, son président, parle de l'engagement de son association dans ses nombreuses activités : " Si l'on considère notre participation cumulée on peut dire qu'elle totalise 145 œuvres et, en ce qui concerne les Misères Humaines, cette zincographie de l'exposition Volpini est totalement financée par notre association (4). Il s'agit là de la 7e œuvre de Gauguin pour laquelle nous avons apporté notre contribution ". C'était pour célébrer leurs 25 ans de mécénat.
Le musée de Pont-Aven a été fondé en 1985 sur une initiative de la municipalité et de l'association des amis du musée. La ville a décidé d'entreprendre un important chantier de rénovation. Cette évolution rendue nécessaire par la notoriété – 50.000 visiteurs par an en moyenne – et l'accroissement des collections est favorisée par le nouveau statut et le transfert à la compétence communautaire de Concarneau- Cornouaille agglomération. Le musée fermera ses portes après le week-end du patrimoine de la mi-septembre.
(1) Le Café des Arts est adjacent au Palais des Beaux-Arts où se tient l'exposition officielle des peintres admis.
(2) Clément Siberchicot est spécialiste du post-impressionnisme et auteur d'un mémoire de master sur Charles Laval et d'une thèse sur l'exposition Volpini.
(3) Une zincographie est une lithographie gravée sur du zinc au lieu d'être sur pierre (lith-).
(4) La zincographie Misères humaines de Gauguin provient des États-Unis : (voir le site)