Énergie et excitation, triste mélodie – et beaucoup dans l'intervalle. Telle fut la soirée où les éclatants talents traditionnels des deux nations brittoniques, Bretagne et Pays de Galles, se sont réunis pour célébrer le 1er mai dans le Théâtre Donald Gordon, au Millennium Centre du Pays de Galles à Cardiff. Le 1er mai, plus exactement, c'est le premier jour de l'été selon le vieux calendrier celtique. ( voir notre article )
Ce sera le quarantième Festival Interceltique cette année à Lorient. La soirée folklorique commune qui s'est tenue au Millennium Centre en était un des éléments. Le Pays de Galles avait été la nation invitée au tout premier festival de Lorient – qui est devenu un événement d'importance et d'influence énormes dans la musique folk mondiale.
D'abord sur scène, le bagad de la Kevrenn Alré, d'Auray ; prestation réussie et acclamée. Pour moi c'était une nouvelle expérience que d'écouter un grand bagad dans une immense et belle salle. J'associe les pipe bands bretons au grand air, marchant dans leurs riches costumes avec des bouffées de sons obsédants portés par la brise. Ce fut pour moi une expérience impressionnante que de regarder et écouter ces joueurs de biniou, de bombardes et de percussions qui remplissaient la scène de leurs rythmes vifs et parfaits.
En Bretagne les bagadoù sont aussi nombreux qu'au Pays de Galles les choeurs, aussi peut-être ne devrais-je pas être stupéfié de la qualité de leurs performances. Mais je le suis encore. Le Bagad Alré a été créé par des ouvriers du chemin de fer d'Auray en 1951 et un groupe de danseurs lui est associé. Et c'est naturellement qu'une grande partie de la musique que nous avons entendue était des airs de danse, enchaînées avec grâce et élégance d'un air à l'autre.
Les deux pays se sont rejoints admirablement avec Nolwenn Korbell et Lleuwen Steffan. Nolwenn a passé une grandie partie des années 90 au Pays de Galles en tant qu'actrice et chanteuse. Lleuwen, originaire d'Anglesey, habite maintenant en Bretagne, il a appris le breton et, depuis le Festival de Lorient de 2008, il se produit régulièrement avec Nolwenn.
Ils ont tous les deux d'admirables voix chaudes et sont des musiciens doués ; leurs chants en breton montraient qu'ils ont été influencés par beaucoup de types de musique. Ils ne s'attendaient pas à être rejoints sur scène par un autre chanteur gallois bien connu en Bretagne, Meic Stevens, qui a chanté Cân Walter, au sujet de son oncle qui est mort lors de la deuxième guerre mondiale.
La deuxième partie de la soirée fut pour le Pays de Galles. Au Pays de Galles nous estimons que, dans le monde de la danse traditionnelle et de la musique, nous sommes en retard sur nos cousins de Bretagne et d'Irlande, plus assurés. Nous n'avons pas besoin d'avoir honte.
Y Glerorfa, l'orchestre de musique traditionnelle du Pays de Galles, créé lors de l'Eisteddfod national de 1996, est enthousiasmant. Il a vraiment témoigné de la richesse du patrimoine gallois de musique traditionnelle et, avec un tiers de la scène occupé par des harpes de diverses tailles, il a donné à la musique une beauté supplémentaire, visuelle.
On nous a présenté un mélange de musique tsigane, provenant de toutes les parties de l'Europe ainsi que celle des Tsiganes du Pays de Galles. Robin Huw Bowen, directeur artistique adjoint de Y Glerorfa, a fait la plupart des recherches en ce domaine. Il est également l'interprète principal du Pays de Galles de la harpe-triple traditionnelle galloise.
La soirée s'est terminée avec l'admirable et obsédante prestation de Sián James qui interpréta des chants de son Powys natal, s'accompagnant à la harpe et une fois au piano. Son propre arrangement de Yr Eneth Glaf (La fille malade) était particulièrement émouvant.
Puis la Kevrenn Alré est revenue sur scène se joindre à l'orchestre Y Glerorfa et aux artistes gallois pour l'hymne Hen Wlad Fy Nhadau/Bro Gozh ma Zadoù.
Ce fut un événement important pour la musique traditionnelle et la coopération entre le Pays de Galles et la Bretagne. Qui que soit celui qui a proposé l'idée de faire venir la Kevrenn Alré et Y Glerorfa ensemble dans la même soirée, il devrait être félicité.
Félicitations, aussi, à Aneirin Karadog pour sa présentation dynamique de la soirée dans trois langues, breton, gallois et anglais.
Gwyn Griffiths
traduction Maryvonne Cadiou
( voir notre article ) en anglais.