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Les frères Kerveguen, et si le pire nous attendait, lu et commenté par Jean Cévaër
Dans ce roman Yvon Ollivier narre des événements de la fin de la deuxième décennie du XXIe siècle en France. Au-delà de l’étude psychologique des deux frères qui se font face idéologiquement et militairement et des péripéties militaires du siège de Quimper, c’est la description de la société française et des courants qui la traversent à un moment crucial où
Par Jean Cévaër pour ABP le 6/03/17 22:35

De Yvon Ollivier, éd. Yoran Embanner, Fouesnant, 2017, 239 pages.

Dans ce roman, Yvon Ollivier narre des événements de la fin de la deuxième décennie du XXIe siècle en France (1), en prenant à contre pied le thème du roman de Michel Houellebecq, « Soumission » . L’auteur prend aussi le risque d’impliquer dans ce récit d’une révolution des personnages existants, ainsi monsieur Valls est président de la République et madame Le Pen Premier ministre, le parlement est dominé par le FN et la chasse aux « mauvais Français » est engagée.

Mais la Bretagne se révolte : et quand le récit commence, Quimper insurgée est menacée par les troupes de l’armée française. La trame de ce drame sera fournie par les récits croisés de deux frères que tout unit, surtout leurs souvenirs familiaux, et les aventures de leur enfance et que tout sépare, car l’un qui se considère comme un raté, par ailleurs fort buveur et coureur de jupons, est au milieu des Bonnets Rouges qui défendent la ville libérée, l’autre, officier général est à la tête des troupes françaises chargées de reconquérir la capitale de la Cornouaille.

Comme un dialogue virtuel

Le drame va se dérouler comme un dialogue virtuel entre les deux frères, narrant d’un côté la résistance des « rebelles », bientôt cachés autant qu’ensevelis dans les ruines de la ville et de l’autre les avancées sans cesse repoussées des troupes françaises pourtant supérieurement équipées et entrainées.

Toutes proportions gardées, ce qui est ici narré c’est la conquête ou la reconquête de tant de villes, du Paris de la Commune au Stalingrad soviétique, au Mossoul d’aujourd’hui, avec les mêmes tactiques et les mêmes conséquences.

Ce qui est important dans cet ouvrage, au-delà de l’étude psychologique des deux frères qui se font face idéologiquement et militairement et des péripéties militaires du siège de Quimper, c’est la description de la société française et des courants qui la traversent à un moment crucial où les bouleversements locaux, nationaux, européens et mondiaux pourraient bien se traduire dans ce pays par de tels affrontements, en Bretagne ou ailleurs.

Parution à la veille de deux périodes électorales majeures

Il n‘est pas indifférent que cet ouvrage paraisse à la veille de deux périodes électorales majeures pour l’avenir de ce pays, l’élection présidentielle et les élections législatives.

Et il n’est pas choquant que, au vu des programmes de certains des candidats, il soit légitime de se poser cette question, « Et si le pire nous attendait ? »

Une analyse de la société française

Pour nous éclairer sur toutes ces fractures financières, économiques et sociales qui divisent le pays, Yvon Ollivier, à travers les pensées de son héros « révolté », nous livre une analyse de la société française telle qu’il la perçoit en cette période qui s’annonce peut-être comme celle d’un basculement catastrophique de notre société.

Une autre vision de la société

En contrepoint nous avons une autre vision de la société, celle du frère, général, qui représente en fait la conception d‘une société, sans doute sclérosée, qu’une discipline d’un autre âge ne protège plus vraiment contre les bouleversements du Monde et les menaces qu’ils portent en eux.

Bon, les deux frères périront au cours de ce qui est peut-être le dernier combat des insurgés face aux forces « de l’ordre » et se réconcilieront dans la mort, au-delà de leurs échecs partagés.

Une fable

Il s’agit bien là d’une « fable », au sens de récit « allégorique », c'est-à-dire un récit destiné à la foule pour l’éclairer, en fait c’est bien d’une mise en garde qu’il s’agit et souhaitons de tout coeur que cette fable ne soit pas prophétique au sens de « prédiction d’un événement futur » qui, dans ce cas se traduirait vraiment par le pire, la guerre civile.

Heureusement le pire n’est jamais sûr et le bon sens populaire finit (presque) toujours par triompher.

Jean Cévaër

(1) 2020 apparaît sur la couverture.

En complément

http://www.yoran-embanner.com/politique/409-les-freres-kerveguen.html de l'éditeur, page du livre.

( voir notre article ) pour une interview de l'auteur, et https://www.nhu.bzh/freres-kerveguen-yvon-ollivier-bretagne/ de Ni Hon Unan (nhu) pour un autre compte-rendu.

Jean Cevaer est un chroniqueur pour l'ABP
[ Voir tous les articles de de Jean Cévaër]
Vos 1 commentaires
Léon-Paul Creton Le Mardi 7 mars 2017 07:18
Qu’importe la formulation, les combinaisons variables de mêmes mots dans une analyse ou une autre, cela ne change absolument pas le message originel voulu par Yvon Ollivier. Celui- ci étant « de bien voter » ! Mais en s’interrogeant profondément bien entendu…
Que viennent faire les deux frangins Kerveguen dans cette galère ? Des hommes-sandwitchs ? Dans ce cas j’aurai personnellement préféré les deux frères Dupon, T et D, ces deux-là me paraissait idéals pour jouer ce rôle… Je dirai même plus « idéals pour jouer ce rôle !»
Si je m’en tiens aussi à la lecture des analyses de Didier Lefebvre et de Jean Cevaër, qui prolongent la désignation, le jugement et la condamnation d’un parti politique, d’hommes et de femmes qui n’ont jamais été au pouvoir, par un procès (de Nuremberg ?) d intentions supposées possibles, quasiment réelles, mais dans un avenir qui n’est pas encore écrit ! Minority Report.
Veut-on absolument, ne pas juger les hommes et femmes, ces plaisanciers de la politique de ces soixante dix années qui viennent de s’écouler ?
Le baudet qui concentre toutes les attaques n’est pas responsable de « …la lente dérive… » bucolique. Ce « …long glissement qui conduit au pire » d’une république, objet impersonnel et mal identifié, qui ne désigne personne d’autre nommément en dehors de ceux FN. Y en aurait-il beaucoup trop pour tous les citer ???
Sur le navire La République à vous lire il n’y a que les Le Pen ? Il n’y avait pas en responsabilité, d’équipage, pas de veilleurs aux bossoirs par temps de brume, pas de chefs de quart, pas de matelots à la barre,… La Star, la seule responsable du naufrage c’est l’iceberg blond que l’on veut discerner dans le futur, à qui l’on donne un nom à détester, celui de Marine Le Pen. Et c’est lui qui va nous couler. Aah! Ça c’est sûr!
Mais qui donc a choisi les cartes, tracer le cap, décidé et programmé la marche à suivre, indiqué la vitesse et mis un mot de passe pour que rien ne bouge ? Et qui donc a créé les changements climatiques qui ont permis que ce fichu « iceberg » se détache de sa banquise, qu’il n’aurait jamais dû quitter. Le FN est l’Effet, et nullement la Cause ! Pour l'instant.
Á voir comment se déroule et se prépare l’élection présidentielle il est clair que pour pour bonne part d’électeurs tout peut être légal sans être moral, ce même tout peut être coupable mais pas responsable, Sans aucune vergogne. CJ'en ai entendu un certain nombre dire : ON aurait fait pareil à leurs places!
De l’éditeur :
« Ce livre est une invite à la réflexion sur le long glissement qui nous conduit au pire. De petites lâchetés en renoncements aux libertés, on en vient à trouver normale la prise du pouvoir par l’extrême droite. La France authentique de Marine Le Pen n’est-elle pas l’aboutissement logique d’une république tournée contre la différence ? »
« Cette vision cauchemardesque est moins improbable que le joug islamiste promis par Houellebecq dans son roman Soumission. »
« Et si le pire nous attendait ? Ceux qui sont tentés par le vote de l’extrême droite gagneraient à lire ce roman. Pour que le pire jamais ne se produise, la vigilance est un devoir. »
Sur tout cela il y a de quoi faire dix commentaires comme le mien ! Au moins!
Soumission ? Mais Houellebecq a le scénario le plus probable, en 2022 ça je n’en sais rien. Mais quand je lis que le peti et nouveau « Khan » de Londres traite les Écossais qui veulent leur indépendance, de « racistes », je commence sérieusement à m’interroger sur ce qui se développe sous une forme et une intensité…toujours supputables évidemment. Mais qui est pour moi relativement prévisible. C’est le moins « improbable » sur la lancée actuelle !
Nb : Je ne suis pas frontiste, et dans la situation actuelle, je n’irais pas voter ! Mais je dois dire que ce n’est pas le FN qui m’effraie !
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