C'est dans une lettre ouverte de 125 pages éditée par Le Temps Éditeur et préfacée par Yannig Baron, que le juriste et écrivain Yvon Ollivier dénonce Ceux qui ont renoncé à la Bretagne et tout particulièrement les élus du PS dont plusieurs centaines sont toujours en poste partout en Bretagne dans des Conseils municipaux ou départementaux. Ces élus continuent à courir comme des autruches sans têtes, du moins jusqu'aux prochaines municipales où le dégagisme ambiant va faire un grand ménage.
Avant de dénoncer, Yvon Ollivier énonce. ll énonce tous les coups tordus de ce parti dont les mensonges et les vaines promesses aux Bretons marqueront l'histoire de la Bretagne des 40 dernières années. On sait maintenant que ce "régionalisme" de parole n'avait pour but que d'assurer le vote des militants et sympathisants de la cause bretonne au second tour des élections. Ces 5% qui faisaient que les résultats passaient à gauche plutôt qu'à droite et vice-versa, car le camp opposé a aussi souvent joué cette carte. Des municipales aux présidentielles, il fallait flatter et promettre.
C'est vrai que Mitterrand a, en 1981, stoppé la centrale nucléaire de Plogoff comme il l'avait promis dans sa campagne mais en même temps il a renoncé à la réunification aussi pourtant promise. Ensuite les trahisons de nos chers élus et leur silence complice, s'empilent. Pour ne citer que quelques-uns des tours de cochons du PS, on citera la déclaration des maires, tous socialistes, de Brest, Rennes, Saint-Nazaire et Nantes, en faveur d'un Grand-Ouest, pourtant rejeté massivement dans les sondages par l'ensemble des Bretons : " le 26 mai 2014, nos édiles socialistes des grandes métropoles bretonnes : Rolland de Nantes, Appéré de Rennes, Cuillandre de Brest et Samzun de Saint-Nazaire nous servaient le traditionnel Grand-Ouest pour faire barrage à la réunification". La réforme territoriale de 2014,qui d'ailleurs n'était pas dans le programme de François Hollande, piétinera le voeu des Bretons allègrement sans aucune protestation de nos élus. A noter aussi que sous Sarkozy en 2009, le maire PS de Nantes, Jean-Marc Ayrault, avait fait effacer du rapport ''Balladur'' la réunification de la Bretagne. On a affaire là à de l'acharnement anti-breton.
Le Drian, le marchand de canon numero uno de la République, depuis les frégates de Taiwan fabriquées à Lorient où il était maire et député à la Commission de la Défense de l'Assemblée Nationale, jusqu'aux Rafales aujourd'hui, qu'il offre à tous les pays qui pourraient se les payer, n'est pas épargné. Le ministre s'est vanté d'avoir mis sur le tapis sa démission lors de la réforme territoriale de 2014 "pour éviter le Grand-Ouest" -- sauf qu'il n'a pas eu le courage de demander la réunification à son copain François Hollande. C'était pourtant sur ce terrain qu'il devait mettre sa démission en jeu ! Les marchands de canons ne sont jamais en première ligne. Pour Le Drian, la réunification, la langue bretonne ou la décentralisation, on en parlait uniquement quand on était dans l'opposition. Ces sujets furent pour lui des marche-pieds vers le pouvoir, le camp des "progressistes" n'étant pas toujours majoritaire et il fallait gagner.
En ce qui concerne le conseil régional dominé par les socialistes depuis 15 ans, Ollivier dénonce la mise sous tutelle du Conseil Culturel dont les membres sont nommés. Il dénonce aussi l'abandon de la langue bretonne avec un budget des plus ridicules qui devrait être 10 fois plus important et, selon l'auteur, la priorité des priorités : "le budget consacré à la langue bretonne reste de l'ordre de l'insignifiant : moins de 1% du budget pour une affaire aussi importante qui consiste à sauver sa langue. Le minimum eut été de consacrer 10%". Il dénonce la lâcheté des élus au CR car "si le cadre est étouffant et ne permet pas à la Bretagne de préserver ses fondamentaux, eh bien il revient à ses élus d'ouvrir les brèches". On pense tout de suite au maire de Langouët interdisant les pesticides près des habitations de sa commune par delà la loi en vigueur. Ollivier demande des maires de cette trempe pour la promotion de la langue bretonne plutôt qu'un maire de Telgruc complice de la francisation tous azimuts. Il n'y aura-t-il personne pour reprendre la combativité d'un Yannig Baron, auteur de quatre grèves de la faim en faveur de la langue bretonne dont une à 70 ans ?
Yvon Ollivier dénonce ensuite les mécanismes du renoncement. Il observe les méthodes qui consistent à faire "de la victime un complice de son asservissement".
Celui qui veut renoncer trouvera toujours de bonnes raisons pour couvrir sa démission. C'est humain. La résistance est bien plus complexe à assumer, car il faut sans cesse remonter la pente. Il faut faire preuve d'abnégation et de lucidité pour dévoiler les artifices et faux-semblants qu'utilisent toujours les dominants dans l'art subtil de la fabrication du consentement de leurs victimes.__Yvon Ollivier
Un livre courageux qui ne plaira pas à tous mais qui rappelle les faits, les mensonges et les trahisons ainsi que ses mécanismes. Le texte est écrit sans convolutions dans un langage simple et clair quasi journalistique.
Seulement 9,50 euros.