by Yann Rivallain Une pétition de soutien à la création d’une télévision bretonne diffusée gratuitement vient d’être lancée par l’association « Une télévision bretonne pour tous ». Fondée par des acteurs du monde des médias et de la culture, cette association réclame le déblocage des fréquences régionales hertziennes pour permettre à une télévision bretonne de toucher gratuitement l’ensemble des Bretons. Contrairement à la plupart des autres pays d’Europe, en France, le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) a jusqu’ici refusé d’attribuer les fréquences existantes aux projets de chaînes régionales. « Une télévision bretonne pour tous » est née suite à l’annonce d’une sévère réduction des programmes bretons de TV Breizh, la chaîne bretonne privée diffusée par satellite, faute d’une audience suffisante en Bretagne (lire Eurolang 12/11/03). Quelques mois avant de prendre cette décision, TV Breizh avait essuyé un double refus de la part du CSA de lui attribuer des fréquences régionales et locales pour toucher un public plus large. La jeune association n’a cependant pas pour ambition de défendre un projet de chaîne en particulier. « Nous réclamons que le CSA libère toutes les fréquences hertziennes disponibles sur les cinq départements bretons et autorise la diffusion sur ces fréquences de la chaîne de télévision bretonne tant attendue », précise Ronan Le Flécher, président de l’association. La pétition lancée permettra de traduire concrètement la volonté de la population et de plaider ensuite auprès du CSA et des élus ». Reste à déterminer qui serait prêt à relever le défi si les fréquences étaient libérées. Outre TV Breizh, qui pourrait théoriquement revenir à une programmation plus bretonne, l’association émet aussi l’idée d’une télévision de service, public partiellement financée par les autorités locales, comme c’est le cas dans d’autres régions d’Europe. « Il n’existe aucun obstacle d’ordre technique, précise Ronan Le Flécher. Dans les autres pays d’Europe, on trouve des chaînes nationales, locales et régionales, de statut privé ou public diffusées gratuitement. » Concernant la langue bretonne, Ronan Le Flécher estime « qu’on ne peut se satisfaire des 80 heures annuelles en langue bretonne diffusée par France 3 Ouest. Inutile de rappeler que le breton est en grand danger de disparition faute d’actions volontaristes menées par le pouvoir politique ». L’association, qui refuse toutefois de se substituer aux professionnels des médias et de la langue bretonne, suggère que la priorité soit donnée aux programmes de jeunesse et qu’une chaîne éventuelle utilise au maximum le deuxième canal son pour diffuser certains programmes en breton et en gallo, l’autre langue minoritaire de la Bretagne. Lancée la semaine dernière sur Internet ( (voir le site) , la pétition a déjà été signée par environ trois cent personnes. « Nous avons besoin de soutiens européens, précise Ronan Le Flécher. Les signatures et les témoignages de ceux qui bénéficient de télévisions régionales, en Catalogne, au pays basque, en Irlande, au pays de Galles ou en Allemagne seront précieux. Une participation massive relayée par les médias donnerait un coup de projecteur sur nos actions et la situation de la Bretagne. » Parallèlement à la pétition, l’association a préparé un questionnaire sur la télévision régionale qui sera soumis aux élus avant les élections régionales de mars prochain. L’association compte aussi sur le soutien de personnalités culturelles et politiques et prévoit la tenue de réunions publiques pour expliquer son action. Suite aux questions sur la télévision régionale posées ces derniers jours par plusieurs membres de l’association, au cours d’émissions de télévisions ou de radios sur l’audiovisuel en France, France 3 a répondu de manière individuelle et détaillée aux demandes exprimées. Elle a notamment affirmé sa volonté de « doubler le volume des programmes régionaux d'ici 2008». Concernant « la création d’une chaîne de télévision régionale de plein exercice », la chaîne estime que « la réalisation d'un tel projet n'est possible qu'en partenariat avec des collectivités territoriales, investissements obligent ».