Près de trois mois après le procès des présumés voleurs du Reliquaire, le tribunal correctionnel de Nantes a rendu son jugement. Celui-ci est sans surprise, conforme aux réquisitions de la substitut du procureur : quatre ans de prison ferme pour celui reconnu comme organisateur, et de trois ans à 18 mois pour les trois complices.
Tous sont par ailleurs solidairement condamnés à verser au Conseil départemental de Loire-Atlantique, partie civile, une somme dépassant 50.000 euros, en dédommagement des préjudices subis, en sus de l’euro symbolique en dédommagement du préjudice moral subi. Certaines demandes du CD44 ont par ailleurs été rejetées, elles concernaient des réparations non directement en lien avec l’affaire, ou remboursant la rémunération de fonctionnaires restés ensuite sans emploi.
Nous attendions avec anxiété le jugement. Souvenons-nous (1) l’avocat du CD 44 qui parlait de patrimoine ligérien, au sujet du Reliquaire et de la Cadière. Aussi avions-nous craint des mots équivalents dans le rendu du jugement. Nous ne sommes qu’à moitié rassurés : au gré des nombreuses pages de ce jugement, nous lisons d’abord dans l’ordonnance du vice-président chargé de l’instruction les mots « l’écrin en or d’Anne de Bretagne, des pièces de monnaie ». Bon, pas très féru de notre Histoire, ce vice-président. Puis, d’une façon un peu plus précise, dans l’exposé des faits, la présidente cite «un écrin en or contenant le reliquaire du cœur d’Anne de Bretagne ». La Cadière est également citée. Et aucune référence à un patrimoine ligérien. Et le mot « de Bretagne » est bien cité après celui de notre Duchesse. Mieux, mais c’est un service minimum. Le fait principal finalement retenu dans la condamnation concerne le « vol d’un bien culturel exposé, déposé ou conservé par une personne effectuant une mission d’intérêt général ou dans un édifice affecté au culte aggravé par une autre circonstance ». Bon, c’est l’intitulé légal, on eût préféré lire une référence plus forte sur ce lien entre ce « bien » et la Bretagne.
Le lecteur sera surpris de cette question. Le Reliquaire n’a pas de valeur, car il a une valeur inestimable pour nous, Bretons. Mais quelle est la position du Conseil départemental ? La réponse est dans le montant de l’assurance souscrite. Extrait d’un attendu « Le reliquaire, trésor du patrimoine national, avait été évalué, pour des raisons assurantielles, à une valeur de plus de 10 millions d’euros ». Un peu plus de10 millions d’euros, voila selon le CD44. Là, il avait assuré notre Reliquaire non pas comme trésor ligérien. Sûrement les assurances auraient refusé ! Ne voulant bien entendu pas écrire breton, ils ont écrit national.