Directeur de la revue "Diasporiques", revue trimestrielle interculturelle coéditée par la Ligue de l'Enseignement et l'association Diasporiques (www.diasporiques.org), Philippe Lazar introduit son exposé de trois quarts d’heure par quelques mots en breton.
Il commence par souligner que le "principe de laïcité", très souvent invoqué, n'existe en fait dans aucun texte de nature juridique, contrairement au « principe de précaution » qui fait l'objet d'une définition constitutionnelle très précise, même s’il est souvent employé à tort et à travers.
Il évoque ensuite les deux lois de 1901 (droit d'association) et la loi de 1905 (séparation des Églises et de l'État) parce qu’on les classe habituellement dans la catégorie des lois « laïques » de la République bien qu’elles n’utilisent pas ce terme. Ce sont pour lui des lois de "libération" parce que leur adoption libérait la population la première de l’interdiction de constituer librement des regroupements de tous ordres, la seconde de l'emprise très forte, à l’époque, de l'Église.
"Nous avons le droit et le devoir de respecter ce qui est écrit", ajoute-t-il. Le mot laïque figure explicitement dans la Constitution : elle dispose que la France est une république « indivisible, laïque, démocratique et sociale ». Affirmer que la France est « indivisible », c’est reconnaître sa complexité en même temps qu’affirmer la volonté de ne pas la diviser. La qualifier immédiatement après de « laïque », c’est donner la clef de la gestion de cette complexité si l’on accepte de considérer la laïcité comme « un principe de reconnaissance mutuelle de l’égale dignité des cultures ».
A l’appui de cette interprétation, Philippe Lazar rappelle l’étymologie grecque, laïos, du mot laïque, qui renvoie au peuple dans toute sa diversité et il précise que cette définition « périculturelle » de la laïcité permettrait, entre autres, de se rapprocher des nombreux autres États européens qui ne peuvent accepter une définition « péricultuelle », telle que celle qui résulte de la Loi de 1905 - puisqu’ils ont une religion d’État ! - mais qui pourraient tout à fait se rallier à une définition d’ordre culturel.
Philippe Lazar souligne, pour conclure que les écoles Diwan lui semblent combiner de façon harmonieuse les « deux » laïcités : la classique, puisqu’elles adoptent la même référence à la laïcité que l’école publique (celle qui relève de la Loi de 1905) et la «culturelle » puisqu’elles sont fondées sur un principe de cette nature – l’immersion dans la langue et la culture bretonnes – sans pour autant ignorer, bien au contraire, les autres cultures.■