Coordination Anti-Répressive de Bretagne
Communiqué de presse
Paskal Laizé : demande de mise en liberté examinée le 30 septembre.
Communiqué de presse
La Coordination Anti-Répressive de Bretagne vient d’adresser au Secrétariat de la Commission des Pétitions du Parlement Européen à Bruxelles un témoignage sur un incident survenu au Palais de Justice de Pariz.
Cet envoi complète le dossier de la pétition lancée par notre association afin d’obtenir une enquête sur la situation sanitaire des prisonniers politiques bretons Alain Solé, libéré le 6 août dernier, et Paskal Laizé, dont la demande de mise en liberté conditionnelle sera examinée le jeudi 30 septembre. Il s agit d'un témoignage rédigé par Monsieur Gérard Bernard. Les faits relatés se sont produits le 10 octobre 2000. Des gendarmes mobiles français sont gravement mis en cause.
Pour la Coordination Anti-Répressive de Bretagne,
Le porte-parole,
Claude LE DUIGOU
Je, soussigné Gérard Bernard, né le 16 juin 1961 à Pariz (quatrième arrondissement), France, tiens à porter témoignage des faits suivants, survenus pendant ma détention « provisoire » à Fleury-Mérogis, Sainte-Geneviève-des-Bois, Essonne, France.
« J’étais extrait ce 10 octobre 2000 pour me présenter devant la Cour d’Appel de Pariz au sujet d’une énième demande de mise en liberté. Je suis donc arrivé à la souricière du Palais de Justice de Pariz comme cela était devenu une habitude. Nous étions toujours placés dans les cellules du premier étage, les cellules du rez-de-chaussée étant réservées aux détenus de « droit commun » . Le départ de Fleury-Mérogis se faisant toujours de très bonne heure, nous arrivions les premiers, ce qui nous permettait d’occuper les cellules les plus proches de l’escalier et ainsi de pouvoir voir par la porte (dont la moitié supérieure est grillagée ) ce qui ce passe tant dans le couloir de rez-de-chaussée que dans l’escalier. Escalier relativement dangereux de par sa position et la façon dont on nous le faisait prendre ,imaginez-vous menotté dans le dos, un gendarme mobile vous tenant les menottes, n’oublions pas que nous sommes dans un local sécurisé géré par l’administration pénitentiaire. Donc, ce jour-là, Paskal Laizé était dans ces locaux en même temps que moi . Nous avons passé la journée dans des cellules voisines. Lorsque le moment du départ est arrivé, j’ai vu Paskal passer devant ma cellule avec son escorte. Je voyais bien que sa démarche était gêné par sa jambe. Je lui ai d’ailleurs demandé si tout allait bien , ce à quoi il a répondu que son genou le faisait souffrir. Après les encouragements d’usage, je l’ai vu s’engager dans l’escalier. Du fait de son handicap, l’escorte a été obligée de se tenir derrière lui, mais les gendarmes mobiles n’ont pas pour autant négligé de le menotter dans le dos comme c’est l’usage. Je me suis fait la réflexion, me demandant comment dans son état, il avait réussi à monter les étages jusqu’au bureau du juge d’instruction, escalier encore plus dangereux , en colimaçon avec des marches très usé .Paskal s’engage dans l’escalier pour descendre et, du fait de la fatigue et du centre de gravité déplacé par le menottage et de son genou blessé , est tombé dans cet escalier. Durant un moment qui m’a paru une éternité, Paskal, qui était tombé très violemment et avait descendu plusieurs marches sur le dos, est resté sans bouger . Je me suis mis à crier, leur demandant de faire quelque chose, invectivant les gendarmes mobiles et demandant à Paskal s’ il allait bien. Un gendarme mobile m’a même répondu : « Ce n’est rien , il n’a rien , il fait du cinéma » . Je voyais bien, moi, à l’expression de son visage, que la douleur devait être insupportable . Les gendarmes mobiles ont alors relevé sans ménagements mon camarade et sont repartis comme s’il ne s’était rien passé. Paskal ne pouvait plus marcher, il a été porté sans précautions jusqu'à la porte et je suppose qu’il a été mis dans le forgeons cellulaire de cette façon. Paskal ne pouvait me répondre tant sa douleur était forte. Je l’ai entendu dire aux gendarmes d’y aller doucement car il avait très mal .
Fait à Lorient (Mor-Bihan), le samedi 25 septembre 2004.
Gérard Bernard