C'est durant le conflit des Malouines, en avril 1982, entre l'Argentine (et sa junte) et le Royaume-Uni que l'expression gesticulation intelligente m'est apparue. Le sens donné étant, me semble-t-il, de montrer sa puissance pour ne pas avoir à la démontrer.
Depuis la loi de 1995 de financement public des partis politiques, véritable instrument de la néfaste globalisation politique et de son corollaire, la montée en puissance du bipartisme en France, j'ai étendu cette expression à une attitude de plus en plus fréquente de nos politiques.
A savoir montrer que l'on existe même si l'on sait que cela n'est pas
Cela en m'appuyant sur le constat que les parlementaires subissent l'abus de position dominante de leur « parti-financier » et connaissent de ce fait, les limites de leurs engagements.
Aussi, pour apparaître, médiatiquement, comme des défenseurs de leurs électeurs et de leurs régions, ils sont amenés à présenter des propositions de lois, alors qu'ils savent très bien que leur propre parti et ses troupes iront à leur encontre.
Cela peut s'appliquer également à une initiative stratégique de leur tutelle.
Là, les parlementaires, « bons petits soldats », sont utilisés pour lancer des débats et pour amuser la galerie.
La démonstration éclatante a été faite à la fin de 2002, après la « grande frousse du 21 avril ».
Aussitôt que l'annonce, « prématurée», ait été faite par Jean-Pierre Abelin d'un prochain dépôt, qu'il ne fit que le 13 octobre, d'une proposition de loi concernant la reconnaissance du vote blanc et avant même qu'il ait pu le faire, Thierry Mariani le devança, en compagnie d'une cinquantaine de ses collègues, le 24 septembre.
A la suite de cela et pour brouiller le débat et les responsabilités, 5 autres propositions de loi ayant, presque à la virgule près, le même texte, furent présentées avec souvent les mêmes signataires, certains, mascarade, figurant sur plusieurs. L'une, présentée par le parti socialiste portait en plus sur le vote obligatoire.
Tout cela pour arriver au scandaleux débat, véritable imposture démocratique, du 31 janvier 2003 dont il faut préciser qu'il était le premier depuis 1952 sur le sujet. Il se déroula devant une petite trentaine de députés et une loi « séparant, au niveau de leur comptabilisation, les votes blancs des votes nuls » fut votée.
Elle n'a jamais été inscrite en deuxième lecture et reste lettre morte.
Cela n'empêche pas aujourd'hui certains parlementaires, en mission (?), de « remettre le couvert ».
Ainsi le 13 avril dernier la proposition de loi 3366 a été présentée par Thierry Lazaro. Certains de ses cosignataires étaient déjà présents en… 2002 et dans une autre en octobre 2010…
Il ne fait pas de doute que les « grandes manoeuvres politiciennes » étant engagées, de nombreuses autres initiatives vont se faire jour prochainement autour de la reconnaissance du vote blanc.
Sauf qu'il y a une échéance et que les parlementaires auront à donner une réalité à leurs « gesticulations », qui devront être, cette fois, plus… qu'« intelligentes ».
Cela valant pour les autres réformes indispensables et urgentes que réclame l'association Blanc c'est exprimé.