"Alors, il fait beau à Paris " C'est en ces termes que m'a salué un des membres du jury lorsque je me suis présentée au Concours Bombarde et Orgue de Rennes en 2002, histoire de bien me faire comprendre, avant même que nous n'ayons joué une seule note, qu'on nous avait déjà étiquetés comme "sonneurs parisiens".
Au concours de Plescop l'an dernier un couple de sonneurs travaillant à Paris s'est vu accueillir par "Ça va les Parisiens "… ce qui ne les a pas empêché de remporter le 1er prix ; ils ont eu plus de chance que la plupart de leurs collègues franciliens, à qui des membres du jury vont parfois même jusqu'à confier, en aparté après la compétition, "oui mais vous comprenez, on ne peut tout de même pas donner la première place à des Parigots…"
Parigot, tête de veau, c'est un air connu. Mais combien de temps encore le Breton, tête de… fripon, va-t-il dédaigner le "Breton-de-Paris" comme une race à part, et lui refuser le droit de se considérer Breton, à part entière
Que ce soit clair une bonne fois pour toutes : on n'est pas moins Breton parce qu'on vit, temporairement ou pas, à l'extérieur des Cinq Départements.
Bien sûr tout dépend de la définition qu'on a d' "être Breton". Au-delà de la découverte ou l'ignorance, si l'on considère qu'être Breton cela veut dire apporter sa contribution à la société bretonne, chacun à sa façon, que cela signifie regarder ensemble dans la même direction et construire l'avenir de la Bretagne, alors on peut être Breton peu importe que l'on soit né à Lampaul ou à Pékin, à Toulon ou Alger, que l'on vive à Rennes ou que l'on travaille à Paris.
Certes il y eut un temps où les Parisiens regardaient les Bretons de haut, et encore aujourd'hui il y a des imbéciles partout. Mais cessons de systématiser : certains Bretons vivant dans la capitale, loin d'être déconnectés de la réalité régionale, sont des acteurs de premier plan dans la société bretonne.
Nous vivons dans un monde où il appartient à chacun de faire le choix de son identité. Ces identités peuvent se définir en regard du territoire géographique comme de d'autres critères : orientation sexuelle, choix politique, style de vie… elles peuvent aussi se cumuler, comme l'apprentissage d'une langue nouvelle s'ajoute à la connaissance d'une langue maternelle, sans rien lui enlever.
On ne laisse pas de côté son identité bretonne parce qu'on vit à Paris ; plus encore, plus l'éloignement géographique est grand, plus le besoin de vivre son identité est fort. Ainsi, c'est de Paris qu'a démarré le courant de revivalisme de la musique bretonne, et c'est aussi à Paris qu'après la deuxième guerre, alors que les couples de sonneurs ne se comptaient plus que sur les doigts de la main en Bretagne, qu'a été maintenue vivante la tradition de sonneurs en couple. Tant et si bien que les premiers "Champions de Bretagne" du concours de sonneurs de la BAS (Bodadeg ar Sonerion - Assemblée des sonneurs), en 1949, étaient bel et bien des Parisiens…
Arrêtons donc une bonne fois pour toutes d'opposer les Bretons de par leur situation géographique : tout le monde sait que les Bretons sont des grands voyageurs et n'ont jamais eu crainte de s'installer même sur les terres les plus hostiles, sans pour autant rien perdre de leur identité. Cessons ces stupides querelles de clocher et regardons plutôt de l'avant, en nous demandant ce que chacun d'entre nous, Breton de naissance ou de choix, de Bretagne et d'ailleurs, peut apporter à la Bretagne !
De toute façon, bientôt Paris sera une ville bretonne comme les autres, puisqu'elle aura son école Diwan…
- Tud a Skoazell Diwan Paris
par Claude Nadeau, prezidantez
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