Nicolas Sarkozy a connu aujourd'hui une journée difficile à Bayonne. Le maire de la ville avait averti le président-candidat d'éviter de venir au quartier du Petit Bayonne. Alors, le candidat-président l'a approché le plus possible, jusqu'au pont Marengo, avant de devoir battre en retraite vers un bar.
Il s'est réfugié dans le bar du Palais après avoir été très fraîchement accueilli par plus d'un millier de manifestants pour l'autonomie du pays basque. Les CRS ont été mandés en grand nombre pour charger et dégager le président qui ne manquera pas d'exploiter l'incident et jouer, selon la stratégie que lui impose son conseiller spécial Buisson, artisan du célèbre discours de Grenoble, sur les terres du FN en exaltant l'opposition entre la République et les irrédentistes de tous bords, basques, corses ou… bretons. Dans la foule hostile au président se trouvaient aussi des militants socialistes, écologistes (mouvement Bizi), le tout étant arrosé par les confettis des militants de la coalition Baterra pour une collectivité territoriale basque.
Plus tôt dans la journée, alors que le président visitait la ferme d'Itxassou, il a été approché par les indépendantistes qui réclamaient qu'il s'engage sur la création d'une collectivité locale spécifique aux Basques français – il a esquivé la question – et qu'il permette le rapprochement des prisonniers basques de leur pays ; le président ne s'est pas montré hostile à ce dernier point. Cependant il a refusé de répondre aux opposants à la ligne à grande vitesse qui étaient aussi présents dans le comité d'accueil.
En mars 2011, interrogé sur la question de la réunification de la Loire-Atlantique avec la Bretagne, le président avait déclaré aux Bretons Prenez votre destin en main ! les invitant par là-même à s'investir eux-mêmes pour refaire l'unité de leur collectivité territoriale et à initier la procédure localement. La même ligne prévalait pour la Normandie où Hervé Morin avait appellé en 2009 les deux présidents de région à lancer eux-mêmes la procèdure pour l'union de la Normandie ( voir notre article ) Les intrigues politiques et la crise ont détourné les Bretons et les Normands de la parole présidentielle. Mais les Basques n'ont rien perdu du message. Aujourd'hui, le mouvement civique pour la création d'un pays Basque français est plus fort que jamais.