De nouveau, la tension monte. La crise qui s’est installée dure anormalement. Entre la nécessité immédiate de trouver des réponses humaines à la détresse de nombreux agriculteurs et le temps long du grand virage de la valorisation, règne la confusion.
Les Etats Généraux de l’Alimentation ont fait naître l’espoir d’un changement rapide. Il se fait attendre dans les faits.
Produit en Bretagne appelle à un pacte de paix pour construire un avenir à notre agriculture et notre industrie agro-alimentaire. Un avenir à la hauteur des enjeux. Rappelons que la Bretagne unie qui compte 4,5 millions d’habitants nourrit 25 millions de personnes. Ce socle de notre économie anime un écosystème unique en France, et qui pèse pour un tiers des emplois bretons : agriculteurs, transformateurs, fabricants d’emballage, transporteurs, distributeurs, constructeurs de machines, éditeurs de logiciels, écoles… Ce savoir-faire est reconnu dans le monde entier.
Disons-le tout net. La violence est non seulement intolérable, mais elle est contre-productive. Dans son principe même, la violence a besoin de désigner un bouc émissaire pour souder ses troupes. Cette focalisation brouille la vision au point que l’on se trompe de cible.
Quelles en sont les conséquences ? Une escalade dont on ignore à quelles extrémités elle peut conduire. Une rupture du dialogue dans le meilleur des cas. Le risque est de voir aujourd’hui se dresser les uns contre les autres des partenaires qui, depuis plus de 20 ans, ont peu à peu appris à se connaître et à travailler ensemble au sein de Produit en Bretagne : producteurs, transformateurs, distributeurs. Près de 1000 magasins travaillent chaque jour avec Produit en Bretagne au développement des ventes de nos produits : prospectus, animations magasins, mise en avant des lauréats de notre Grand Prix de l’Innovation, balisage en rayon des producteurs locaux... Produit en Bretagne, avec ses 430 entreprises et ses 110 000 salariés, est ainsi devenue le plus grand des circuits courts. Du reste, ce sont les PME et les produits locaux qui tirent les ventes vers le haut. Plus 4 % de progression pour les produits locaux en un an, dans un contexte de stagnation globale. Ne scions pas la branche sur laquelle nous sommes assis.
Ce ne sont pas de vaines paroles. Des exemples de bonnes pratiques : au sein de notre commission commerce, les distributeurs de Produit en Bretagne ont proposé de former gratuitement les commerciaux des entreprises membres pour les aider à mieux négocier. Cette même commission organise depuis maintenant 18 mois des rencontres filière rassemblant un agriculteur, un transformateur et un distributeur. Se parler pour mieux se comprendre et apprendre à se faire confiance. Les filières porcine, légumière, laitière, et ostréicole ont ainsi été passées au crible d’une réflexion sur la création de valeur.
Que pèse la voix de Produit en Bretagne dans ce tumulte ? Il ne nous appartient pas de définir la stratégie de l’agriculture bretonne. Nous sommes avant tout une plateforme de rencontres et d’échanges. Et nous voulons promouvoir notre agriculture à travers nos produits et nos distributeurs, avec le soutien des consommateurs.
Par ces déclarations, nous voulons d’une part faire appel à la raison de chacun et d’autre part proposer à notre échelle de contribuer à faire dialoguer de façon constructive chacun des acteurs, afin qu’ils construisent ensemble leur avenir.
Nous n’avons qu’une idée en tête : que chacun puisse demain vivre de son travail et participer au développement d’une Bretagne belle, prospère, solidaire et ouverte sur le monde.
Loïc Hénaff, Président de Produit en Bretagne,
avec le Conseil d’Administration de Produit en Bretagne.