M. Mélenchon s'oppose à l'Europe de la diversité des langues et des cultures
Dans une question écrite au ministre de l'Intérieur (3 mars 2005), M. Jean-Luc Mélenchon, sénateur de l'Essonne, s'insurge contre la reconnaissance, à l'unanimité du Conseil régional de Bretagne, du breton et du gallo comme langues de la Bretagne aux côtés de la langue française.
Pourtant ce vote historique s'inscrit bien dans les orientions universelles de la préservation de la richesse linguistique de la Bretagne et du maintien de ses capacités de création à travers le plurilinguisme. La Bretagne affirme ainsi son identité plurielle et sa volonté de participer à la diversité culturelle et linguistique du monde défendue aussi bien par l'UNESCO que par l'agenda 21 de la culture adopté à Barcelone en mai 2004 dans le cadre du Forum social mondial. Le Conseil régional de Bretagne s'inspire des politiques de reconnaissance de la diversité linguistique mises en oeuvre dans tous les autres pays du Conseil de l'Europe, à l'exception de la Grèce, de la Turquie et de la France. Il s'inspire aussi des objectifs du projet de traité constitutionnel européen qui déclare que " l'Union respecte la richesse de sa diversité culturelle et linguistique et veille à la sauvegarde et au développement du patrimoine culturel européen" (article I-3), et affirme le droit au respect de la diversité des langues et des cultures dans sa Charte des droits fondamentaux (article II-82), ainsi que dans sa politique (article III-280, § 1 et 4).
M. Mélenchon montre ainsi une convergence profonde entre son refus de la Constitution européenne, qui prône la tolérance et le respect de la diversité culturelle et linguistique des citoyens, et son combat contre les langues régionales accusées de communautarisme et d'atteinte à l'unité nationale. Il n'y a rien d'étonnant à ce que le vote unanime du Conseil régional de Bretagne qui reconnaît la diversité linguistique de la Bretagne, et le projet de constitution européenne provoquent la même opposition des nationalistes jacobins les plus radicaux. Pourtant la France gagnerait en démocratie, en richesse d'expression, en créativité et en cohésion sociale en assurant sur son territoire le respect des droits fondamentaux de l'homme tels qu'ils sont fixés dans le projet de Constitution européenne.
Conseil Culturel de Bretagne Roazhon / Rennes, le 11 mai 2005