Plaidoyer pour Notre-Dame-des-Landes, Playdoyer pour la Bretagne.
Dans la chronique "À vous de jouer" de l'édition de votre journal du Lundi 20 Juillet dernier, Mr. Hervé Kempf tente, parfois avec des arguments fallacieux et erronés, de s'opposer à la construction d'un aéroport international (et non transcontinental) situé à une quarantaine de 40 kilomètres au Nord de Nantes, à 60 kilomètres au sud de Rennes afin de pallier aux inconvénients de l'actuel aéroport de Château Bougon (développement du traffic et nuisances sonores pour l'agglomération ducale). Je ne sais si Mr. Kempf est originaire de Nantes ou d'une quelconque autre région bretonne, mais nous aimerions relever quelques erreurs, pour ne pas écrire contradictions, et aussi des "énormités" dans son argumentation. Permettez nous de lui opposer notre vision en faveur de ce projet structurant, porteur d'emplois, non seulement pour l'agglomération nantaise mais aussi pour la Bretagne.
Première contradiction: Cet aéroport aurait un traffic "réduit" alors que plus loin dans le texte on nous révèle que le traffic actuel est de de 2,8 millions de passagers, loin devant le second aéroport de la péninsule, Brest-Guipavas avec 1 million de passagers, ce dont nous félicitons pour tous les deux. Autre argument technique erroné: il suffirait, aux dires de Mr. Kempf, de construire une simple piste "perpendiculaire" à l'existante (à Château Bougon) pour mettre fin aux nuisances sonores. On peut s'étonner de lire une telle argumentation alors que n'importe quel quidam vous dira que les pistes partout dans le monde doivent être orientées suivant les vents dominants. Faut-il rappeler à notre écologiste de circonstance que les vents dominants dans cette partie du monde sont d'Ouest ! Est-ce à dire que les deux dernières pistes construites à Roissy (dans le sens Est-Ouest) l'ont été avec erreur ? Autre argument fallacieux: ce projet (inscrit par le Conseil Général de Loire Atlantique comme réserve foncière dès 1974 sous la forme d'une ZAD de 1225 hectares) gèlerait 2000 hectares de terres agricoles. Par un habile tour de passe-passe on tente de nous faire accroire que l'emprise de l'aéroport atteindrait cette surface or il n'en est rien puisque la surface totale des deux pistes prévues, aérogare et bâtiments annexes sera de 800 hectares. À noter que l'indignation de Mr. Kempf est assez sélective car il se garde bien de fustiger promoteurs, notaires et même la DDE qui ont laissé se construire des maisons individuelles dans des secteurs théoriquement "gelés". Sous la pression d'organisations comme la notre il a été prévu des indemnisations conséquentes pour les familles qui pourraient être touchées. Ainsi la collectivité a t-elle été amenée à réparer les erreurs de certains particuliers. On aimerait aussi poser la question: combien d'hectares de bonnes terres agricoles ont -ils été dévorés par l'extension de Roissy ? Quant au coût, 560 millions, qui fait s'étrangler Mr. Kempf, là encore il conviendrait de lui opposer celui de bien des équipements et infrastructures de la région parisienne déjà largement pourvue. Ne parle t-on pas, pour citer un exemple, de 7 à 8 milliards d'Euros pour les transports du futur "Grand Paris" ? On pourrait à ce jeu citer des dizaines d' autres exemples du même acabit. Autre argument démagogue développé par l'auteur : le capitalisme continuerait de saccager l'environnement au nom de la "croissance verte". J'invite votre intrépide interlocuteur à aller voir du coté de Mourmansk ou de Tchernobyl ce que le "Socialisme scientifique" a fait de l'environnement dans ces contrées !
En conclusion, on retrouve une fois de plus avec l'exposé de Mr. Kempf, une illustration de l'un aspects les plus critiquables de "l'exception française" dans notre pays à savoir la difficulté rémanente à concevoir un aménagement harmonieux et équilibré des territoires. Aux yeux de certains il y a Paris qui reste prioritaire et "la province" réduite à la portion congrue... Aveuglés par cette vision toute réactionnaire et égocentrique, il leur est difficile d'imaginer que l'on puisse exister sans eux. Que ne se démènent-ils en priorité, par la mobilisation des citoyens et des associations concernés, à améliorer l'environnement et les conditions de vie d'une agglomération parisienne de longue date au bord de l'apoplexie ?
Fort heureusement les bretons ne se laisseront pas impressionner par la rhétorique hâbleuse de telles personnes. Gageons aussi que la légitime ambition bretonne confortera partout ailleurs "au fin fond" des territoires ceux qui, et ils sont nombreux partout en France, veulent aussi lier de façon équilibrée infrastructures, emplois et cadre de vie. C'est avoir là une toute autre ambition pour notre pays.
Le président,
J. Le Mee.