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- Lettre ouverte -
Lettre ouverte a M. Auxiette, Président de la région: Pays de la Loire
Réagissant à la résolution votée vendredi 8 octobre par le Conseil régional de Bretagne concernant la réunification, M. Auxiette, président de la Région des Pays de la Loire, a parlé d'une « annexion », car a-t'il ajouté « il faut bien employer le mot ! Monsieur Auxiette nous montre l'urgente
Par Philippe Argouarch pour Marcel Texier le 28/10/04 13:12

Réagissant à la résolution votée vendredi 8 octobre par le Conseil régional de Bretagne concernant la réunification, M. Auxiette, président de la Région des Pays de la Loire, a parlé d'une « annexion », car a-t'il ajouté « il faut bien employer le mot !

Monsieur Auxiette nous montre l'urgente nécessité de restaurer "un socle commun des savoirs fondamentaux", comme le prône le rapport Thélot !

Utiliser le mot juste est en effet extrêmement important. Or, Monsieur Auxiette nous parle de l'annexion de la Loire-Atlantique par la Bretagne. Un Président de Région (fût-ce d'une "pseudo-région") devrait savoir qu'on ne peut parler d'annexion que lorsqu'un Etat fait passer "tout ou partie d'un autre Etat sous sa souveraineté". Dans le cas qui nous occupe, l'annexion supposerait que la Bretagne fût un Etat, ce qu'elle a cessé d'être précisément à la suite de son annexion par la France après la défaite bretonne de Saint-Aubin-du-Cormier le 28 juillet 1488.

Je ne sache pas que Monsieur Auxiette souhaite le rétablissement d'un Etat breton, même s'il s'agirait en l'occurrence d'introduire un peu de rationalité dans un "ordre" (sic !) international où règne une joyeuse pagaille. Ce ne serait pas plus ridicule que la présence à l'Assemblée des Nations Unies d'un Etat comme Tuvalu, fort de ses 26 km2 et de ses 8500 habitants, mais ceci est un autre débat. Je ne voudrais pas, par ces propos, compromettre l'amitié éternelle et indéfectible entre Tuvalu et la République Française !

Bien sûr, dans le cas de la Bretagne, nous avons appris sur les bancs de l'école que la Bretagne avait été "rattachée" (qu'en termes galants ces choses-là sont dites !) à la France par le Traité d'Union de 1532. Là, il s'agissait donc de "rattachement" (toujours le mot juste !). C'est un peu ce qui serait arrivé à la Pologne après de mariage de Sigismond, fils de Jean III de Suède avec Catherine Jagellon de Pologne si, finalement, l'Histoire n'en avait, dans ce cas, décidé autrement...

Revenons à la Loire-Atlantique. Là, il s'agit non pas d'annexion, non pas de rattachement (la Loire-Atlantique est bretonne de toutes façons), mais de l'abrogation du décret Pétain-Darland du 30 juin 1941. Il est curieux que Monsieur Auxiette veuille pérenniser cette victoire posthume du régime de Vichy, à savoir la partition de la Bretagne, partition que Charles Guillois, l'auteur de la traduction bretonne en juin 1940 de l'Appel du Général, appelait, lui et ses camarades bretons, la punition de Pétain.

"Charles Guillois", direz-vous, "qui c'est ça ?" C'est un héros de la France Libre dont le nom devrait honorer une rue dans toutes les villes de Bretagne, Nantes y compris naturellement. Pour connaître son histoire, reportez-vous au numéro d'Ouest-France (le seul quotidien français qui en ait parlé !) du 18 juin 1990 ou à mon livre "La Bretagne n'a pas dit son dernier mot" (pages 184-185). Pardonnez-moi cette petite publicité : on n'est jamais si bien servi que par soi-même ! J'ai connu Charles Guillois dans le cadre d'une association dont j'ai été le président, l'Organisation des Bretons de l'Extérieur. Charles Guillois, toujours résidant à Londres, faisait alors partie des Bretons du Royaume-Uni.

Voilà quatre petits mots pour aujourd'hui : annexion, rattachement, abrogation, partition. Chacun d'entre eux doit être utilisé à bon escient. Il n'est jamais trop tard pour renforcer "le socle des savoirs fondamentaux" ! Et avec une pincée d'histoire en prime !

Dépêchez-vous, Monsieur Auxiette, de profiter de votre place de Président d'une région fantoche, héritière elle-même d'un régime fantoche. L'Histoire ne s'arrête pas, et elle va tellement vite ! Comme disait "qui vous savez", je vous souhaite d'avance bien du plaisir !

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