Les Kurdes, par centaines de milliers se sont rassemblés, le 21 mars dernier, pour fêter leur nouvel an, le Newroz, qui fut également l'occasion pour le DTP (Parti pour une Société Démocratique), leur principal parti, de faire campagne pour les élections municipales du 29 mars.
Le déroulement des opérations va être observé attentivement par de nombreux étrangers, journalistes et militants associatifs dont ceux des Amitiés kurdes de Bretagne qui ont dépêché sur place une délégation, déjà arrivée dans la région de Hakkari, aux confins des frontières turco—Irano-irakiennes, avec laquelle des liens de coopération très étroits ont été tissés ces dernières années.
Après une étape à VAN, la 2° ville du Kurdistan de Turquie, connue à l'étranger pour son lac salé et ses vestiges arméniens, et à Bostaniçi, commune suburbaine de Van où se présente une jeune femme dynamique comme candidate DTP au poste de maire en remplacement d'une autre jeune femme, Gülcihan ŞİMŞEK, appelée à de plus hautes fonctions, la délégation a prit la route de montagne pour se rendre à Hakkari, ville perchée à plus de 1800m. Non sans avoir franchi, auparavant, plusieurs cols mais aussi plusieurs barrages tenus par des militaires qui se sont montrés, cette fois-ci, plutôt "cool".
Bon présage pour la suite ? L'arrivée à Hakkari fut triomphale pour la délégation accueillie par près de 500 personnes enthousiastes : il faut dire que les Amitiés kurdes de Bretagne sont connues là-bas et que leur venue était attendue mais la liesse populaire avait, aussi, d'autres motifs : la défection d'un candidat AKP (parti Islamiste) venant rejoindre le camp DTP !
Bon présage pour la suite ? La prudence est toujours de mise : la délégation apprend que la candidature DTP à la mairie de Hakkari, celle de Selim Ertas, Président de la section du DTP de Van, a été invalidée par la préfecture : c'est donc un autre militant chevronné, le Dr Fadil Bedirhanoğlu, membre fondateur du DPT, qui a été appelé à relever le défi. Ce n'est d'ailleurs pas la seule candidature qui a été invalidée mais ces petites manœuvres ne semblent pas avoir entamé le moral de la population qui a mis tous ses espoirs dans les résultats de ces élections.
Le pouvoir continue à souffler le chaud et le froid : à la demande de la Turquie, Interpol a lancé un mandat d'arrêt contre Remzi Kartal ancien député du DEP et vice président du Congrès National du Kurdistan (KNK) ; nul doute que les autorités espagnoles qui l'ont incarcéré à Madrid vont être contraintes de relâcher cet ex-compagnon parlementaire de Leyla Zana à qui la Belgique a accordé l'asile politique ; mais toutes ses manœuvres tendent à deconsidérer aux yeux de l'opinion publique et des pays européens des hommes et des femmes "coupables" d'accomplir un travail politique au grand jour.
La délégation des Amitiés kurdes de Bretagne va rester 3 jours dans la région de Hakkari.
photos : R. Al Louarn