Un courrier avait été adressé, le 27 décembre 2008, à Bernard Kouchner, Ministre des Affaires Etrangères du gouvernement français et à Rama Yade, Secrétaire d'Etat aux Droits de l'Homme, pour solliciter en substance leur signature au bas de la pétition en faveur de Leyna Zana. Une rencontre avait eu lieu à Rennes, le 5 mars 2009, avec Eric Chevallier, Porte-parole du Ministère des Affaires Etrangères et Conseiller spécial du ministre Bernard Kouchner.
La réponse de Bernard Kouchner, datée du 8 avril, est une réponse très diplomatique, certes, mais non dénuée d'intérêt dont il faut retenir que le Ministre, accusant réception du courrier des Amitiés kurdes de Bretagne, ne veut faire aucun commentaire sur l'affaire en cours mais assure que "la problématique générale des droits de l'homme est un sujet régulièrement inscrit à l'agenda des rencontres entre autorités françaises et turques", ce dont nous ne manquerons pas de le lui rappeler.
Il souhaite, pour consolider la liberté d'expression, "la réforme de l'article 301 du code pénal turc", article sur les fondements duquel Leyla Zana a été condamnée pour "fait de propagande envers une organisation tout en n'en étant pas membre"
Il se félicite, par ailleurs "de la mesure symbolique mais très importante d'autoriser l'émission d'une chaine de télévision publique en langue kurde" (la TRT-6), ce qui nous autorise à penser que la France devrait s'opposer à la fermeture de ROJ TV, chaine de télévision émettant également en kurde depuis le Danemark et devrait se désolidariser des autorités turques dans leur entreprise de vouloir la faire interdire comme l'ont montré récemment les pressions exercées à l'occasion à la nomination du Premier Ministre danois à la tête de l'OTAN.
Bernard Kouchner nous assure que la France encourage la Turquie à poursuivre ses efforts pour garantir "les libertés individuelles et la protection des droits fondamentaux de tous les citoyens turcs, y compris ceux d'origine kurde" et demande plus de droits culturels, économiques et sociaux pour les Kurdes ; mais pourquoi passer sous silence les droits politiques qui, pour nous, relèvent des droits fondamentaux?
Bernard Kouchner nous assure que la France est "attentive", et tout est dans ce mot. Nous aussi, nous serons très "attentifs" aux positions du gouvernement français, clairement affirmées ou tacites, touchant à "la défense des Droits humains" et à "la reconnaissance de droits culturels et politiques du peuple kurde" (art. 2 de nos statuts).