La Bretagne est à un moment crucial de son histoire. Les Bretons sont à la croisée des chemins. Il s'agit de savoir comment nous sortirons de la réforme territoriale proposée par le Président de la République. L'alternative est :
• Soit nous sortons renforcés par la réintroduction de la Loire-Atlantique
• Soit nous sortons dilués dans un vaste ensemble sans personnalité et sans colonne vertébrale qui ne se définira que comme des territoires situés à l'Ouest de Paris.
Ce risque est réel quand on lit la position des grands élus socialistes bretons, en particulier les maires des grandes villes. Leur proposition répond à la feuille de route du Gouvernement mais est à l'opposé des intérêts de la Bretagne. Elle n'a fait l'objet d'aucun débat avec la société civile ou même au sein des conseils municipaux ou communautaires des collectivités en question.
Il existe un véritable risque pour la Bretagne dans son ensemble mais ce risque prend toute son ampleur à l'Ouest de notre région. La Bretagne occidentale fait déjà l'expérience du décrochage, de la marginalisation par rapport à l'Est breton. Elle est au c½ur de la crise économique qui touche l'agro-alimentaire. Elle attend désespérément les investissements nécessaires sur la ligne ferroviaire grande vitesse et sur la RN 164. Elle sera la première victime de l'écotaxe si celle-ci est maintenue.
Voilà un grand risque. Notre vision bretonne de l'aménagement du territoire est abandonnée. Nous ne voulons pas organiser notre espace autour des grandes villes et des grandes métropoles. Nous voulons organiser notre Bretagne autour d'un chapelet de grandes villes, villes moyennes, petites villes, monde rural, qui crée une véritable cohérence.
Pour cela il nous faut une région qui ait une forte personnalité. Ce qui est en jeu aujourd'hui, c'est notre identité et la proximité que réclament nos concitoyens. Dans le rejet d'une certaine forme d'Europe, il y a le sentiment que la proximité n'est plus respectée et que l'on rejette nos identités locales, régionales ou nationales.
Cette exigence de personnalité et de proximité répond aussi à un devoir d'efficacité, efficacité dans le service rendu aux entreprises et aux familles, efficacité dans l'utilisation de l'impôt qui est le fruit du travail des Bretons. Ce n'est pas parce que l'on est plus gros, qu'on est plus fort et plus efficace.
Nourris au lait des technocrates du Parti socialiste, les maires des grandes villes ne parlent que de structures administratives. Ils n'ont pas compris que nos compatriotes veulent avant tout qu'on les sorte dans la situation angoissante dans laquelle ils sont.
La réponse purement technocratique des élus socialistes part du principe que nos concitoyens ne sont que des consommateurs de services publics. Qu'importe la collectivité et son périmètre, pourvu qu'on ait le service. Dans ce domaine, ces élus ont encore une pensée de retard. Nous croyons que nos compatriotes attendent également un projet régional à la hauteur des circonstances, un projet qui ait du souffle, un projet qui répondent à leur besoin d'appartenance, un vrai projet breton.
Marc LE FUR
Député des Côtes d'Armor