Les Kurdes sont 3 300 000 en Syrie dont 600 000 dans deux quartiers kurdes d'Alep. Cette minorité dont on ne parle jamais dans la grande presse, c'est 15% des 22 000 000 de Syriens.
Le 31 Aout 2012, on pouvait lire sur ce site : " Sans État, mais pour combien de temps ? Le rêve kurde, considéré comme une douce utopie jusqu'à lors, pourrait devenir réalité. Déjà les Kurdes d'Irak (« Kurdistan Sud ») ont obtenu, à la chute du dictateur Saddam Hussein, le statut d'une région autonome dans le cadre de la République d'Irak. Les Kurdes syriens (« Kurdistan occidental ») sont en ordre de bataille pour secouer le joug du dictateur Bachar el-Assad tout en tenant leurs distances avec le Conseil national syrien (CNS) qui, en appelant la Syrie « République arabe syrienne », n'entend pas reconnaître les différents peuples de Syrie. " (voir le site)
Il y a un an on pouvait lire déjà sur le même site : "La région kurde de Syrie est, pour l'instant sous contrôle des partis politiques kurdes syriens, principalement du Parti de l'union démocratique (PYD). La sécurité est assurée par ses « unités de défense populaire » (HPG) et des comités locaux de citoyens ont été formés pour régler les questions de la vie quotidienne (éducation, santé, commerce, rapport avec l'administration...). Le calme règne et le climat tranche singulièrement avec le reste de la Syrie où les combats font rage. C'est le fruit d'une politique qui, tout en se situant clairement dans l'opposition, n'a pas rejoint la rébellion. Hussein Kotcher, représentant du PYD en Irak, résume la position : "nous ne sommes pas en accord avec la ligne tracée par les Américains, le Qatar et la Turquie pour soutenir les islamistes. Mais nous ne soutenons pas plus le plan de l'Iran, de la Chine et de la Russie pour protéger le régime d'Assad".
Lors du colloque "historique" organisé à Paris le 13 Octobre dernier par Congrès National du Kurdistan (KNK) réunissant une quarantaine de partis et d'organisations politiques des Kurdes du Kurdistan oriental (Iran), occidental (Syrie), sud (Irak), nord (Turquie) et de la diaspora, les mots "Unité", "Solidarité mais aussi "Diversité" avaient été repris et validés par un Comité national de liaison mis en place sur ces bases. Concernant le Kurdistan occidental (syrien), les accords d'Hewler [Erbil] passés sous l'égide de Massoud Barzani, président de la Région autonome du Kurdistan d'Irak avaient été validés et figuraient dans les résolutions. Ces accords se sont traduits par la création du Haut Conseil National Kurde qui réunit la douzaine de partis kurdes syriens et le premier d'entre eux, le PYD, dont les forces armées (YPG) ont garanti la protection des populations kurdes en interdisant l'entrée des régions kurdes à tout homme en armes.
"Les Kurdes du Kurdistan occidental souhaitent la mise en place d'un mode d'organisation propre à soutenir démocratiquement et pacifiquement leurs aspirations nationales, veulent une politique juste qui soit autant éloignée du régime de Damas que de l'opposition soutenue par Ankara, et réclament des garanties concernant leurs biens et leur sécurité".
"Les "Conseils populaires" locaux mis en place dans le Kurdistan occidental constituent autant d'éléments propres à instaurer une dynamique porteuse de promesses que le Haut Conseil National Kurde a mission de concrétiser". (déclaration du Comité national de liaison sur la question kurde en Syrie réuni à Paris le 13 octobre 2012 à l'initiative du KNK.)
Actukurde (10-07-2013) nous apprend que les Kurdes syriens ont décidé de créer une autorité autonome représentant les peuples de la région : "Un gouvernement et une constitution transitoires seront mis en place dans les six prochains mois, avant les élections pour élire les membres de l'Assemblée des peuples du Kurdistan Occidental. Malgré les attaques répétées par des groupes islamistes dont al-Nosra et des groupes liés à l'armée syrienne libre (ASL), notamment dans la région d'Afrin, ainsi que les attaques du régime de Bachar al-Assad, les Kurdes poursuivent leurs efforts pour achever leur révolution démocratique [...] Le mouvement de la société démocratique du Kurdistan Occidental (TEV-DEM), une organisation qui chapeaute les principales formations kurdes syriennes dont la plus influante, le PYD, est à l'origine de la proposition pour la création d'une administration autonome [...] Un 'contrat social' (constitution) transitoire sera soumis au referendum et, au même moment, les élections seront organisées pour élire les membres de l'Assemblée des peuples du Kurdistan Occidental, au cours des trois mois suivants. Depuis le 19 juillet 2012, les Kurdes ont pris le contrôle de neuf villes dans leur région : Kobani, Afrin, Dirbêsiyé, Amude, Dérik et Girkê Lêgué, ainsi que ces trois villes ; Tel Tamer, Tirbespiyé et Rimêlan, où cohabitent les communautés kurde, arabe et chrétienne. Pour la ville kurde Serêkaniyê (Rass al-Ain), sur la frontière avec la Turquie, un accord sur la cessation des hostilités entre les Kurdes et l'armée syrienne libre (ASL) a été conclu le 17 février 2013. La seule ville kurde où des forces du régime sont toujours présentes est Qamishli, mais cette ville est dirigée par un conseil du peuple, installé par les Kurdes".
Eyyup Doru, représentant le parti pro-kurde BDP (Parti pour la Paix et la Démocratie) en Europe analyse la position des pays européens face à la situation complexe en Syrie. Il observe que si les grandes puissances, à l'exception de la Russie, appellent au départ de Bachar El Assad et au soutien à l'opposition syrienne, aucune pour le moment n'envisage une intervention militaire directe et explique pourquoi : "Elles sont confrontées les une et les autres à une réalité politique d'envergure : quelle alternative au départ de Bachar El Assad ? L'expérience de l'Afghanistan, de l'Irak et plus récemment de la Libye, démontre qu'il ne suffit pas de renverser le pouvoir en place pour que se construise une société démocratique. Le soutien du Qatar et de l'Arabie Saoudite à la rébellion syrienne n'est pas dans ce domaine un gage pour qu'émerge une Syrie démocratique. À noter qu'au début du conflit, la position de l'Union européenne était singulièrement antikurde au motif que les Kurdes refusaient de combattre l'armée de Bachar Al Assad. Mais au fur et à mesure que le conflit s'enlise, au risque d'une dangereuse déportation des violences confessionnelles (chiites-sunnites) vers les pays voisins, certains responsables occidentaux commencent à voir les Kurdes sous un autre angle. C'est dans cette situation complexe que les Kurdes tentent de construire une autonomie démocratique dans les zones qu'ils contrôlent tout en réclamant de la Syrie une intégration de toutes les communautés"
André Métayer
Actukurde précise que les combattants kurdes se sont emparés du QG des groupes liés à Al Qaida, soutenus par des pays étrangers, notamment par la Turquie. Il s'agit du Front Al-Nosra, Amil Moslimin et Hayat al-Shari, liés à l'Etat islamique en Irak et au Levant (EIIL), ainsi que du groupe Bilad el-Cham. Le soutien de la Turquie aux groupes liés à Al-Qaida et à l'armée syrienne libre (ASL) n'est plus un secret, au moins pour les Kurdes.
D'après l'APF ( (voir le site) , Au moins neuf combattants d'Al-Nosra et de l'EIIL et deux combattants kurdes ont été tués dans les combats en 24 heures dans la ville."Les affrontements ont commencé lorsque des membres d'Al-Nosra ont attaqué une patrouille de combattantes kurdes qui sont cependant parvenues à s'enfuir", a expliqué Rami Abdel Rahmane, président de l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH). "Selon les militants à Ras el-Aïn, des combattants d'Al-Nosra, partisans d'un islam rigoriste, faisaient pression depuis le début du mois du ramadan sur les habitants pour qu'ils observent le jeûne, et s'en prenaient aux femmes ne portant pas le voile, ce qui est le cas des combattantes kurdes".