Les débats sur l’interdiction du « Gwenn ha du » ou d’autres drapeaux de type breton lors de manifestations sont courants. Le dernier en date concerne un membre de l’association culturelle Bemdez qui s’est vu interdire l’utilisation d’un « Gwenn ha du » lors d’une manifestation antinucléaire à Carnac au mois de juillet 2004. La Fédération Anarchiste visée par un communiqué de Bemdez a usé d’un droit de réponse, arguant que cette interdiction n’était pas de son fait mais d’un individu isolé. Elle s’est essayé à une explication de cet acte.
Il n’en demeure pas moins que l’utilisation d’un drapeau lors d’une manifestation n’a jamais tué un homme. Du moins lorsqu’il s’agit de drapeaux bretons !
Alors le Gwenn ha du est-il le drapeau du peuple breton ? Un drapeau est censé représenter une communauté d’intérêt. Il peut s’agir de drapeaux d’État et ayant officiellement la valeur de représenter celui-ci. Il peut s’agir de drapeaux associatifs, syndicaux, politiques. Le Gwenn ha du a une valeur politique, comme la plupart des drapeaux d’ailleurs. Pour Morvan Marchal, son dessinateur, le « Gwenn ha du » devait représenter la Bretagne. C’est chose réussie. Quelle mairie n’arbore pas aujourd’hui le drapeau breton ? Quelques unes rechignent encore mais elles sont rares. La Région Bretagne utilise le drapeau moderne de la Bretagne (terme utilisé par celle-ci). Cette décision a été prise en session du 30 juin 1997. C’est un acte fort, même si en droit français il n’a aucune valeur juridique. Les élus du peuple breton ont estimé que le « Gwenn ha du » représentait la Bretagne.
Alors qui aujourd’hui peut interdire le « Gwenn ha du » lors de manifestations ? À part quelques membres de mouvances national-souverainistes ou Françoise Morvan, connue pour son aversion de tout ce qui se dit breton, il n’en existe guère. Le « Gwenn ha du » est certes une invention récente, fait peut-être référence à la religion et à la monarchie passée et a été créé par un ancien membre du Parti Nationaliste Breton. Mais la plupart des drapeaux utilisés aujourd’hui par les États sont des inventions du XXe siècle, les références religieuses ou monarchiques n’ont été utilisées qu’à des fins historiques. À titre de rappel, Morvan Marchal était fédéraliste de gauche et a quitté le PNB lorsque celui-ci s’est radicalisé (à droite). Il n’est donc pas de bon ton d’infliger au « Gwenn ha du » un procès de la sorte !
Le Gwenn ha du se trouve aux frontons des milliers de communes bretonnes et d’institutions toutes aussi respectueuses les unes que les autres : Conseils Généraux (dont celui de Loire-Atlantique), Chambres de Commerce et d’Industrie, etc… Le Gwenn ha du est accroché au rétroviseur de milliers d’automobilistes, est arboré par de jeunes spectateurs en liesse lors de festivals comme les Vieilles Charrues à Carhaix ou le Bout du Monde à Crozon. Le Gwenn ha du est présent lors des manifestations en tout genre : syndicales, estudiantines, culturelles. Le Gwenn ha du a été brandi dans l’espace au côté du spationaute Jean-Louis Chrétien lors d’une de ses missions. Les exemples foisonnent.
Alors qui aujourd’hui peut dire que le « Gwenn ha du » n’a qu’une valeur politique. Il en a une pour une certaines frange de la population. Pour les autres, c’est tout simplement le symbole de la Bretagne, dans sa diversité !