Invité par le groupe de recherche Ermine sur les minorités nationales, le politologue sarde Carlo Pala, dans un français impeccable, a expliqué le renouveau de l'indépendantisme sarde.
La langue sarde est le mélange de deux langues, la langue noragique et l'ancien latin. Mussolini avait décidé d'italianiser "une île à la langue impénétrable". L'enseignement du sarde n'est pas assuré aujourd'hui sur l'île d'un million 600 000 habitants et l'Italie doit beaucoup d'argent aux Sardes qui ont besoin de transports plus efficaces, de routes, et malgré leur autonomie proclamée il y a déjà longtemps, ils sont encore très dépendants du continent et subissent un problème de "continuité territoriale" que n'ont pas les Siciliens, représentant six millions d'électeurs et une mafia toujours puissante.
Le questionnaire Moreno a récemment montré que 26% de la population se sentait "seulement sarde" et 37% "plus sarde qu'italienne". Le récent succès de Michela Murgia, auteure indépendantiste avec 10.3% des voix, montre un regain d'intérêt pour une "identification plus qu'une identité" sarde.
Gramsci, théoricien sarde a largement parlé de la question et avait encouragé dans les années 1940 tous les Sardes à se réapproprier leur langue, qui a subi, comme le breton, "une chute vertigineuse de locuteurs" (rapport Euromosaïque).
Les points communs avec le renouveau identitaire sarde et breton sont étonnants : une Anne de Bretagne qui s'appelait Eleonore D'Arborée en 1388, des Bonnets rouges paysans et pêcheurs et des Sardes gardiens de moutons, un important déploiement militaire (terrains, entraînements), des problèmes environnementaux graves (déchets nucléaires, agro-business), un mouvement qui pendant la guerre fait un "péché originel" (Emilio Lussu et Roparz Hemon ), une situation "ancillaire" par rapport à l'État central, un renouvellement du "bagage idéologique" en 1970, puis une vague descendante, et aujourd'hui montante de jeunes intellectuels qui s'investissent, malgré des partis à faible score (UDB et IRS).