Comme le rappelle l'historien Jean-Jacques Monnier " Il y a des moments où l'Histoire rencontre le présent, où l'humain rencontre l'humain, malgré les différences ou les barrières ". Dans le passé, le charbon gallois a permis aux Bretons de disposer d'acier avec des usines sidérurgiques côtières (notamment Basse-Indre, Hennebont, Trignac, Saint-Brieuc). Il a été une source de prospérité dans les deux pays celtiques et d'échanges commerciaux et culturels entre eux. Il a aussi été une source de souffrances et de malheur chez les Gallois.
Ce lundi 14 octobre a été dévoilé un monument à la mémoire des mineurs victimes des terribles catastrophes de Senghennydd en 1913, dans l'Aber Valley, non loin de Caerphilly. Plus de 520 morts en deux fois, dont 440 dans la seconde, l'une des plus grandes catastrophes minières du siècle en Europe occidentale, après celle de Courrières dans le Nord de la France en 1906. Il faudrait ajouter 225 veuves, 546 orphelins, souvent placés en orphelinat, la mère étant obligée d'émigrer pour travailler. Un traumatisme terrible pour les survivants et même les descendants. Il a fallu attendre un siècle pour que cette communauté pauvre - les mines ont fermé - puisse ériger un mémorial qui portera le nom de toutes les victimes gravé sur de grands pavés de granit.
Lannion est jumelée depuis 22 ans avec Caerphillly, la ville la plus proche du drame. Le jumelage rayonne tout autour de Caerphilly, y compris avec le fameux Aber Valley Male Voice Choir, un ch½ur d'hommes de Senguenydd qui est venu à plusieurs reprises dans le Trégor dans le cadre du jumelage officialisé en 1991. Dès 1984, des syndicalistes de Lannion, en lutte pour sauver leur emploi dans l'électronique, avaient accueilli des mineurs gallois en grève et apporté un soutien financier.
Le comité de jumelage et la ville de Lannion ont décidé de s'associer à ce souvenir douloureux et à l'hommage qui a été rendu au Pays de Galles ce lundi 14 octobre 2013 aux victimes de la catastrophe. Une participation financière symbolique a été décidée par le comité pour contribuer au financement du mémorial.
Le conseil municipal qui se tenait à Lannion le même lundi 14 octobre a également évoqué la mémoire de ces travailleurs gallois en écoutant une évocation historique de Jean-Jacques Monnier et en respectant une minute de silence. Une exposition a été mise en place pour l'occasion dans la salle du conseil, rappelant en images et par écrit ces moments tragiques de 1913. Pour Jean-Jacques Monnier : " Un jumelage rapproche les peuples pour les bons comme pour les moments difficiles de l'existence. Partager la mémoire est aussi un moyen de se rapprocher ".