La lecture de la presse régionale (Le Télégramme et Ouest-France), ces jours-ci, réservait une surprise : la Poste, pour des raisons techniques internes, incite les communes à donner noms de rues et numéros d'habitation aux villages qui n'en ont pas et "elle recommande de choisir le français plutôt que le breton pour les dénominations" ! Yves Amiard, directeur du courrier pour l'Ouest explique que les machines ont quelques difficultés avec la langue bretonne : "Les apostrophes perturbent la lecture optique", explique-t-il en rajoutant : "Ce n'est pas la langue bretonne qui nous gêne mais ces apostrophes". Et les apostrophes en français, elles ne gênent pas ?
Les noms de lieux sont le fruit d'une histoire très ancienne, une richesse scientifique et culturelle. Il faudrait y renoncer parce qu'une entreprise ne peut pas s'adapter à la réalité de terrain et demande que ce soit la réalité qui s'adapte à elle ! Alors que les élus du peuple français, sénateurs et députés, ont voté en 2008 un changement de la Constitution française reconnaissant les langues régionales comme "patrimoine de la Nation", des responsables de la Poste, élus par personne, veulent les effacer un peu plus ! Dehors, "er maez", Crac'h et Brec'h : non conformes !
Si la langue bretonne ne gêne pas la Poste, pourquoi n'adapte-t-elle pas son matériel aux réalités régionales ? Pourquoi, par exemple, ne pourrait-elle pas former ses agents aux rudiments de la langue bretonne? La formation professionnelle continue existe dans ce domaine aussi, et ce serait là une attitude vraiment respectueuse de nos spécificités régionales.
Nous suggérons aux élus du pays d'Auray de ne pas suivre ce genre d'injonctions bureaucratiques : et demain à quoi d'autres faudra-t-il se plier ? Faudra-t-il supprimer l'apostrophe en français aussi, ou les accents ? Nous suggérons plutôt aux élus de mettre en valeur la richesse linguistique bilingue du pays d'Auray, tant en ce qui concerne les voies existantes que pour les futurs noms de lieux qu'ils auront à choisir. Et, pour faciliter le travail de la Poste, des facteurs et des factrices, nous encourageons les communes à faire poser des panneaux bilingues, comme certaines le font déjà, et comme le fait le département du Morbihan depuis 2004 sur les routes dont il a la responsabilité. Nous espérons, en tout cas, que La Poste reviendra à une attitude plus respectueuse de la langue bretonne.
Kerlenn Sten Kidna/Cercle Sten Kidna,
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