Yann Puillandre Le Jeudi 28 novembre 2013 16:55
Yann Puillandre, militant politique et culturel breton
Je n’étais pas à Quimper le 2 novembre. J’étais à Carhaix où je me suis trouvé bien, à ma place.
Comment répondre à l’appel d’un « collectif » fourre-tout, où l’on trouve Thierry Merret, président d’une F.D.S.E.A. dure, productiviste sans vergogne, prédateur de l’agriculture familiale.
Thierry Merret dont le modèle est Alexis Gourvennec, grand technicien et adepte du productivisme, qui en son temps, se réjouissait de la « mort politique » de Tangi Prigent, adversaire de ses pratiques dans la zone légumière, ennemi juré des « chemises vertes » de Dorgère qui était soutenu par un grand nombre de nobles grands propriétaires terriens, tels De Guébriant et consorts….
La photo du maire régionaliste de gauche de Carhaix, (autoproclamé porte parole de la « révolte »), encadré de Th. Merret et de Nadine Hourman, (déléguée F.O. de Doux, syndicat le plus jacobin, opposé à toute décentralisation et à l’enseignement des langues régionales, donc du Breton),
illustre, ô combien, la confusion et l’exploitation politico poujadiste, manipulatrice et récupératrice d’une opinion bretonne prompte à la contestation.
Les grands patrons de l’agroalimentaire breton et surtout les centrales d’achats des grandes surfaces, Leclerc, Intermarché, Système U etc., pressurant au maximum les producteurs, dernier maillon de la chaîne, appelant à soutenir la manif de Quimper, est un exemple frappant de démagogie, de mauvaise foi et de tentative de justification de leurs méfaits sur l’économie en Bretagne.
De grandes associations culturelles bretonnes se sont aussi fourvoyées dans cet appel à manifester ainsi que les partis politiques bretons, et même mon propre syndicat : Quelle tristesse !
Heureusement des syndicats honnêtes et responsables se sont désolidarisés de la manif de Quimper, appelant à se réunir à Carhaix le même jour, sur les thèmes, sans équivoques de la défense de l’emploi et des salariés.
Je ne serai pas non plus à Carhaix-Kerampuilh le 30 novembre, car il est devenu impossible de comprendre la finalité de la contestation et surtout qui défend-on.
Surement pas les travailleurs bretons sous payés et licenciés, ni la masse du monde agricole, asservis par leur Coop, elles mêmes sous la pression constante de la grande distribution dans leur guerre « au prix le plus bas » !
Comprenne qui pourra. Mais il est grand temps que les bretons retrouvent leur lucidité pour construire une Bretagne plus prospère et solidaire en dehors des effets de manches poujadistes d’un jour avec bonnets rouges et Gwenn ha Du.
Il y a 300 ans, nos ancêtres Bonnets rouges ont su désigner leurs exploiteurs et n’ont pas hésité à brûler leurs châteaux. Il y a aujourd’hui de nouvelles forteresses à prendre, la Scarmor en tête.