Why is France so corrupt? C’est le titre d’un article publié récemment par la revue Foreign Policy (1) où l’on pouvait lire que :
Selon l'indice 2016 de «perception de la corruption» (abus du pouvoir public pour un bénéfice privé) de Transparency International (2), la France se classe au 23e rang parmi 176 pays, juste derrière l'Estonie et juste devant les Bahamas. Ce n'est pas, bien sûr, la Somalie ou le Soudan, pays les plus corrompus. Mais ce n’est pas malheureusement le Danemark ou la Nouvelle-Zélande, pays les moins corrompus. En Europe occidentale, la France ne dépasse que le Portugal, l'Italie et l'Espagne.
“Ce qui peut aggraver les choses, c'est que la corruption française est particulièrement importante à haut niveau : elle n’est pas le fait de policiers ou de douaniers demandant des pots-de-vin (bakchich) ou d’entreprises achetant des fonctionnaires. Mais, grâce au fait que le régime français de la Ve République s’apparente plus à une monarchie républicaine qu’à une république et le président à un monarque républicain, la corruption française se déroule et implique de vastes sommes aux plus hauts niveaux du gouvernement”, au niveau des élus mais aussi au niveau des partenaires de ces deux premiers niveaux (associations, universités, entreprises,...). Que ce soit le financement des campagnes électorales, le manque d’indépendance judiciaire, le népotisme, etc., les scandales ne cessent d’éclater. Le résultat de ces nombreux scandales, c’est que, comme l’a révélé un sondage réalisé par Transparency International à la fin de l'année dernière, les trois quarts des Français sont persuadés que leurs ministres, leurs parlementaires, leurs élus sont corrompus. Mais leur réticence à résoudre le problème de la corruption est bien connue. En France, il y a l'idée que frauder et gaspiller l'argent public n'est pas un problème trop grave tant qu'il n'y a pas de victimes directes.
Dans le secteur de l’éducation, la corruption a ses adeptes dans les enseignements primaire et secondaire (détournement de la sectorisation, népotisme du parent d’élève de la fédération des parents d’élèves) et dans l’enseignement supérieur (rapport de soutenance de complaisance, parachutage de responsables politiques sur des postes universitaires).
En France, comme vient de l’affirmer un candidat à l’élection présidentielle, le népotisme est légal et particulièrement important. C’est, rappelons-le, l’abus de certains personnes qui usent de leur autorité pour procurer des avantages aux gens de leur famille, à des protégés ou à des amis proches indépendamment de leur valeur. Les responsables politiques qui le font mettent en avant le fait que la collaboration avec la famille est plus une collaboration de confiance que de compétences. Ils s’étonnent après que cela suscite la défiance de la part des citoyens.
On pensait en 2013 que la Bretagne échappait à la corruption généralisée (3) et que, seule, elle ne serait pas au 25e rang mondial des pays les moins corrompus comme l'est la France mais probablement au 10e. Mais moulée dans le cadre français, la Bretagne est aussi corrompue, le népotisme est aussi légal.
Quelques exemples parmi les élus bretons (4) :
Untel (de droite française) emploie un de ses fils et “met en avant le lien de confiance”.
Un autre (de gauche française) avance une compétence Bac+6 pour son fils et le fait qu’il “pouvait prendre un mi-temps”.
Une autre (de gauche française) emploie sa fille avec “un contrat très très partiel que peu de personnes auraient pu accepter”. Est-ce à dire qu’il faut être bon(ne) pour faire les corvées et peut-être destiné à être exploité ? i.e. taillable et corvéable à merci.
Un autre (d’extrême-gauche française), plutôt que d’embaucher quelqu’un de son parti, ce que l’on aurait fort bien compris, a fait appel à sa fille. Elle “ partagerait sa façon de voir les choses et le lien de confiance est important”. Cache-t-elle la méfiance à l’égard des tiers, y compris de son propre camp ? A nouveau est évoquée la confiance : et la compétence ? Et de plus le partage familial n’est-il pas un peu monarchique ?
Longue tradition française, le ver de la corruption est dans le fruit breton. Et il semble qu’il sera difficile de l’éliminer.
(1) Online publication dedicated to providing critical analysis of U.S. foreign policy, Foreign Policy, the influential journal that is one of the establishment’s favored debating grounds on international politics, economics and diplomacy break recently with tradition and endorse a presidential candidate — Democrat Hillary Clinton : (voir le site)
(2)Transparency International donne la parole aux victimes et aux témoins de la corruption. L’organisation travaille en collaboration avec les gouvernements, les entreprises et les citoyens pour mettre fin aux abus de pouvoir, à la corruption et aux transactions secrètes : (voir le site)
Elle effectue tous les ans un classement des pays "en fonction de leurs niveaux de corruption perçus, déterminés par des évaluations d'experts et des sondages d'opinion".
(3) La Bretagne échappe à la corruption généralisée : (voir le site)
(4) Le Télégramme, 28 janvier 2017. Ces élus bretons qui emploient des proches : (voir le site)