A l'heure où le chômage en France bat des records et où la situation pour de nombreux citoyens devient de plus en plus difficile, nous apprenons que la directrice de l'INA se fait payer par l'entreprise publique, en plus de sa voiture de fonction avec chauffeur, des factures de taxi mirobolantes. Après les révélations sur la frénésie dépensière de Matthieu Gallet, président de Radio France, après la mise en avant par la Cour de Comptes, entre autres dysfonctionnements, des bonus que s'auto-attribuent les cadres de la Caisse des Dépôts, sans oublier les avanies fiscales de tel ministre, de tel député ou encore d'un président d' « honneur » de parti, il devient évident, pour ceux qui ne l'auraient pas encore remarqué, que cette République fonctionne à deux vitesses.
D'un côté, le citoyen lambda pour qui la vacuité des promesses du Président Hollande sur la réduction du chômage renforce douloureusement le sentiment que cet État n'a aucune prise sur le réel, et de l'autre des hauts fonctionnaires, des politiciens professionnels, des chefs d'entreprises proches du pouvoir central, qui jouissent de privilèges exorbitants en cette période de crise grave, tout en profitant d'une sécurité de l'emploi à toute épreuve.
Tous font partie de cette noblesse d'État que dénonçait le sociologue Pierre Bourdieu à la fin des années 1980. Depuis, cette exception française n'a pas évolué, sinon que la situation économique n'a cessé de se dégrader. Combien de temps encore ces criantes injustices structurant la société française se cacheront derrière un mythe républicain constamment foulé aux pieds ? Combien de temps encore l'étouffoir, appliqué avec force par cette caste et une partie du système médiatique, empêchera-t-il le désespoir et le ras-le-bol d'exploser, les énergies de se libérer ? C'est tout un système, ultra centralisé et aux mains d'une oligarchie, qui doit être transformé de fond en comble.
Caroline Ollivro, présidente de Breizh Europa