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- Reportage -
De superbes cornemuses du monde exhumées... à Brest et exposées au FIL
Exhumées est bien le mot si l'on considère qu'une cave est par nature dans la terre... Quatre-vingts cornemuses du monde - dont certaines à la limite de la décomposition - dorment depuis 40 ans ou plus dans les caves du musée des Beaux-Arts de Brest. 22 instruments magnifiques ont été présentés à Lorient.
Par Maryvonne Cadiou pour ABP le 27/08/10 2:20

Exhumées est bien le mot si l'on considère qu'une cave est par nature dans la terre...

Quatre-vingts cornemuses du monde - dont certaines au bord de la décomposition - dorment depuis 40 ans ou plus dans les caves du musée des Beaux-Arts de Brest, attendant que quelqu'un s'intéresse à elles avant... avant de disparaître à jamais par manque de soins.

Chacun sait qu'avant Lorient il y avait un Festival des Cornemuses à Brest. Comme les Fêtes de Cornouaille à Kemper, il ne durait qu'un week-end. Mais quelle intensité déjà !

Certains, enfants à l'époque, se souviennent sûrement de la descente des sonneurs rue Jean Jaurès et de la résonance des “grosses caisses” dans l'estomac, comme pour la Marche des 1.000 (sonneurs) à Kemper.

Eh bien à ces époques-là, c'est-à-dire jusqu'aux années 1970, Polig Monjarret, sonneur, instigateur des premiers bagadoù après-guerre, fondateur de la Bodadeg ar Sonerion (BAS) en 1943, et du Festival de Cornemuses de Brest en 1953, collectait, on ne sait encore comment (ou quelqu'un de la BAS le saurait-il ?), des cornemuses du monde... Et... elles sont restées à Brest lorsque la ville souhaita arrêter ce festival, et que Polig Monjarret le proposa alors au Comité des Fêtes de Lorient. Essai concluant en 1970, définitif depuis 1971.

Et voilà que le directeur actuel du Festival Interceltique, Lisardo l'Asturien, apprend, par des membres de la BAS, cette richesse d'un patrimoine ignoré (négligé ? oublié ?) devenu breton. Il se précipite à Brest en emmenant illico Sandra Luce, une des bénévoles déclarée du FIL s'intéressant à la musique (1) et les voilà dans les caves du musée des Beaux-Arts de Brest à choisir, car il faut choisir. Impossible de rapporter les 80 instruments à Lorient, et où les exposerait-on ? La salle pressentie au-dessus de l'Office de tourisme est assez grande, mais il faut des vitrines, nous n'en aurons pas assez, même si la bibliothèque municipale nous en prêtait... Et il faut les identifier pour les exposer, ces instruments ! Donc il faut du temps. Non nous ne pouvons pas tout emporter. Choisissons alors ceux qui peuvent illustrer le fait que la cornemuse est un instrument mondial et pas uniquement celtique, comme on le croit souvent. Et ils choisirent, dans les boîtes en carton qui semblaient neuves, des cornemuses, des binious, des uillean pipes, un orgue à bouche de Chine, un autre du Laos qui leur semblaient convenir à leurs critères, dont celui de “dans le moins mauvais état possible” car les poches en cuir, non nourri, sont sur le point de devenir poussière...

Voilà à peu près comment cela a dû se passer d'après le récit que fit Sandra Luce à ABP ce soir du 15 août, le dernier jour du Festival et de l'exposition.

La plus fragile, une petite cornemuse de Tunisie à deux courts bourdons en cornes de vache, a été sortie de sa boîte et mise en vitrine avec l'aide d'un musicien. Le cuir est dans un tel état de décomposition que c'était périlleux. Sandra montre aussi le “chanter” de la gaïta du nord Portugal qui est cassé.

Pour ces 22 instruments magnifiques présentés, le seul travail qui semble avoir été fait dessus est un inventaire, car certains instruments portent un fin numéro à la peinture blanche. Et la liste de Sandra comporte des numéros de 4 ou 5 chiffres qui commencent par un groupe de 2 chiffres : 59, 60, 61, 62, 63. Serait-ce l'année de collectage ?

Sandra Luce, prise d'une passion délirante, fit alors un énorme travail d'identification à l'aide d'internet et avec des amis musiciens. Elle en tira des notices bien documentées sur la provenance et l'époque de chaque instrument. Une carte géographique montre leur pays ou leur région d'origine. Un visiteur participa : la cornemuse du Berry est en fait une chabrette limousine (ou chèvre), lui assura-t-il.

On peut louer le tour de force de Lisardo Lombardía magistralement aidé de Sandra Luce et souhaiter que cette belle initiative ne reste pas sans suite. D'ailleurs dans le livre d'or beaucoup de visiteurs émerveillés demandent que ces instruments soient restaurés et mis à la vue de tous...

On peut regretter que cette exposition n'ait pas été signalée dans le dossier de presse du FIL et que sur place elle ait été si mal balisée : juste une petite étiquette avec une flèche rouge sur le mur de l'escalier en béton qui mène au dessus de l'Office de tourisme (dernière photo). Pas d'accès par ascenseur pour les handicapés. Ce sont des regrets mais aucunement des reproches, la rapidité de la décision et les “moyens du bord” étant ce qu'ils ont été.

Nous regrettons aussi qu'ABP en ce moment ne permette pas de mettre de légendes aux photos.

(1) Sandra Luce travaille dans l'événementiel, en promotion, production et régie de différents festivals musicaux.

Maryvonne Cadiou

Cet article a fait l'objet de 2336 lectures.
Correspondante ABP depuis février 2007.
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Vos 2 commentaires
Goulven Cadoret Le Mardi 31 août 2010 23:27
Cette collection avait déjà fait l'objet d'une exposition partielle à la maison de la fontaine à Recouvrance en 2007 à l'occasion du 60è anniversaire de la Kevrenn Brest St Mark !!! Resterait évidemment à la rendre accessible au plus grand nombre en permanence ... à Brest bien sûr !
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Maryvonne Cadiou Le Mardi 31 août 2010 23:27
En effet M. Cadoret, vous avez raison. J'avais déjà évoqué cette question (qui me tient à coeur) dans sur le 60e anniversaire de la Kevrenn Saint Marc. Merci de le rappeler !
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