Les élus de la Région Bretagne sont bien silencieux depuis l’abandon du projet de l’aéroport de Notre-Dame des Landes qui, s’il avait été construit, aurait creusé encore un peu plus la fracture territoriale déjà forte entre l’Est et l’Ouest de la Bretagne.
Il nous faut proposer et ouvrir immédiatement de nouveaux chantiers pour construire la Bretagne de demain et ne pas attendre les instructions de Paris.
Parmi ces enjeux, le dossier des transports reste fondamental pour connecter la Bretagne aux autres régions européennes. Au niveau aéroportuaire, il est urgent désormais de faire travailler ensemble les différents aéroports bretons dont les trois principaux, Nantes, Rennes et Brest, pour qu'ils proposent des offres complémentaires mettant la Bretagne en connexion avec les « hubs » aériens européens. Par ailleurs, on ne peut accepter qu'il soit plus rapide d'aller en train de Rennes à Paris que de Brest ou de Quimper à Rennes. La LGV doit arriver à la Pointe bretonne. Non à une Bretagne à deux vitesses.
Connecter la Bretagne au monde est aussi une obligation et les nouvelles technologies nous le permettent. Encore faut-il que le très haut débit internet soit mis en place maintenant et pas dans 15 ans. La France est en retard sur la plupart des pays européens en ce domaine, la Bretagne est déjà dépassée par le Pays de Galles ou les Pays baltes. La Bretagne doit se donner les moyens d'y arriver dans les cinq ans à venir.
Un domaine dans lequel la Bretagne semble avoir aussi loupé le coche, ce sont les énergies renouvelables. Alors que l’Écosse sera autonome à 100 % en énergie renouvelable dès 2020 avec à la clé la création de 200 000 emplois, en Bretagne, nous en sommes qu'à des balbutiements. La Région doit s'impliquer prioritairement et plus fortement.
Parmi les grands enjeux auxquels nous devons faire face, l’agriculture et l'agro-alimentaire, véritables poids lourds économiques de la Bretagne, doivent retrouver leur capacité à s’inventer et se développer. Il y a là un nouveau chantier à mener pour que ce secteur réponde mieux aux évolutions de la société, de la consommation, des exigences environnementales. La réflexion à mener avec tous les acteurs de la filière doit porter sur les moyens de hausser le niveau qualitatif de la production bretonne tout en sauvegardant les outils permettant de répondre à la demande la plus large ; le développement parallèle de différents types d'agriculture (circuit court, biologique et conventionnelle) est une option que la Bretagne devrait soutenir pour retrouver et conquérir de nouveaux marchés à l’export, dont l’Asie.
Le développement harmonieux de la Bretagne se fera aussi dans un contexte culturel dynamique. Nous sommes là aussi en retard par rapport à d'autres régions européennes : que ce soit dans les domaines audiovisuel, linguistique, patrimonial, dans la création, dans la présence à l'international, des initiatives fortes sont à prendre rapidement qui conforteront de surcroît, ici, les activités touristiques.
Parmi bien d'autres, ces quelques points ne pourront être mis en œuvre que si la volonté politique des Bretons s'exprime clairement à travers des outils efficaces et capables de mener des politiques ambitieuses et volontaristes. La création d'une Assemblée Unique de Bretagne fusionnant les 5 départements bretons et développant une politique propre aux intérêts de notre région et de ses habitants doit en être la clé de voûte.
Autant de défis que nous devons relever au plus vite. Nous avons déjà trop perdu de temps.