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Christian DUMOULIN - ©Photo Véronique DUMOULIN
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Grandes marées 130 x 97 - huile sur toile
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Lumière bleue 33 x 24 - huile sur toile
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Campagne 55 x 46 - huile sur toile
- Chronique -
Christian Dumoulin, une opiniâtre recherche de l'essentiel
Et je reste des heures à regarder la mer, Le cœur abasourdi, les pensées de travers. Et je ne comprends rien à ce triste univers, Tout est couleur de pluie, tout est
Par Gérard Simon pour Culture et Celtie le 22/07/16 21:07

« Et je reste des heures à regarder la mer,

Le cœur abasourdi, les pensées de travers.

Et je ne comprends rien à ce triste univers,

Tout est couleur de pluie, tout est couleur d'hiver » ...

Ce sont, probablement, les paroles de cette très picturale et symphonique chanson, « À regarder la mer » , ample succès du Breton Alain Barrière qui ont rejailli en moi, lorsque j’ai « rencontré » la toile, « Grandes marées » , de Christian Dumoulin et, par là-même, l’artiste !

Ce ciel lourd de gris censurant un soleil de feu mourant, simplement autorisé à mirer ses ultimes flammes sur un tout juste perceptible horizon…

La noirceur inquiétante de ces rochers affleurants, à peine, que conquièrent, peu à peu, des vagues écumantes de colère…

Cet estran verni d’un ciel lourd, s’y reflétant…

Cette obscure grisaille, d’où semble naître la lumière d’un lendemain plus clément…

Je resterai des heures à regarder… cette composition, très contemporaine qui conjugue figuratif et abstraction.

Puissante marine de cet artiste-peintre breton que nous sommes, au travers de cet article, particulièrement heureux de vous présenter.

Natif de la 3e ville d’Ille-et-Vilaine, Fougères, dès sa prime jeunesse, Christian Dumoulin a, constamment, montré des dispositions certaines pour les activités graphiques, appétences confirmées par ses professeurs qui l’encourageaient à suivre la voie de l'École des Beaux-Arts, ce qui lui sera, financièrement, impossible.

Continuant, assidûment, à dessiner et à peindre, Christian poursuit, alors, des études de restaurateur encadreur, métier qu’il exercera jusqu’en 1982, date à laquelle il se consacrera à la peinture.

Christian Dumoulin deviendra, au fil du temps, fruit de l’autodidactie.

En 1986 il s’inscrit à la Maison des Artistes.

Son travail rencontre une reconnaissance croissante de la part d'amateurs et de collectionneurs d'art, de tous pays.

Christian Dumoulin reçoit plusieurs récompenses, comme en 1991, le premier prix de gouache de Bretagne.

En 1992, il est choisi, avec un groupe d’artistes, par l’Association de la Promotion du Patrimoine Artistique Français, pour représenter la France au salon France-Chicago.

En 1998, il reçoit, lors du Festival « Solidor en peinture » , le premier prix de la Ville de Saint-Malo où il est, à ce jour, établi, en qualité d’artiste peintre professionnel, depuis une trentaine d’années. Cette manifestation artistique se déroulait, depuis 1995, en plein-air et dans les vitrines, autour du Port Solidor, au cœur du quartier Saint-Servan de la célèbre cité corsaire.

Belle récompense, en sachant que cet événement attirait, chaque année, de cinq à six cents peintres amateurs et professionnels, principalement, venus de Bretagne.

Néanmoins, rien d’étonnant eu égard, notamment, à la richesse de la palette très colorée de l’artiste.

Certitude, lorsque au-delà, de la toile, en premières lignes, sus-décrite et qui a, de suite, capté notre regard et nos pensées, nous découvrons d’autres « pages » de son œuvre qu'il écrit au fil du temps.

Que dire, par exemple, de « Lumière Bleue » qui, nous le présentions, ci-dessus, semble nous apporter la lumière de ce lendemain plus clément que nous espérions, après cette inquiétante « grande marée » , à l'orée de ce papier, décrite et, si profondément, ressentie !

Un ciel intensément teinté du bleu des cols de marins de la Royale, une « grande bleue » qui ne dément pas son nom et qui me rappelle la phrase du défunt navigateur et auteur, Bernard Moitessier (La Longue Route : seul entre mers et ciels (1971) :

« Dieu a créé la mer et il l'a peinte en bleu pour qu'on soit bien, dessus » .

Sachez, Monsieur Dumoulin, que l’on se sent aussi, très bien, devant votre toile.

Les bleus sont écrasants de bien être, les blancs « gueulent » à la lumière, les noirs soulignent et contrastent, les gris harmonisent et mirent le décor.

Nous demeurons, toujours, à la limite de l’abstraction, mais en totale compréhension.

C’est sobre, épuré, essentiel… reposant, énergétique, quasi chromothérapique !

Pourquoi ne pas le dire, très simplement, mais avec la même profondeur que les couleurs que vous maniez, sans nul doute, avec vos tripes et maturation… c’est très beau !

Dans son dossier de presse, l’artiste mentionne :

Fidèle à la fameuse formule d’Eugène Delacroix « les couleurs sont la musique des yeux » et vous affirmez : « Je suis intimement convaincu que le peintre est, avant tout, un coloriste. » . Nous y sommes !

Christian Dumoulin donne toute priorité à la couleur, sans oublier la lumière qui semble, souvent, indirectement, subtilement, caresser la toile, en émanant du sol plus que du ciel.

Le souci d'épurer paraît être, déjà, à son apogée, mais l’artiste semble toujours quêter cet objectif. « La peinture, ce n'est pas de l'addition, c'est de la soustraction » , aime à répéter Christian Dumoulin.

Comme le titre notre présent papier en ligne, Christian Dumoulin est dans une opiniâtre recherche de l'essentiel...

La toile peut apparaître simple, mais jamais simpliste, quelque peu énigmatique, mais, toujours, intelligible.

Grâce à la maîtrise des couleurs et des aplats, on a toujours plaisir à tracer, à imaginer de notre regard, les détails que Christian ne concrétise pas forcément, mais que subrepticement, il nous suggère.

Son tableau « Campagne » en est un exemple parmi d’autres. Vous y voyez les haies, les bosquets, les champs travaillés ou non, les corps de ferme, des silhouettes humaines, celle d’un bourg, un aperçu d’océan aux confins d’une mer de verdure…

S’il aime peindre les paysages, Christian Dumoulin compose, avec la même passion, des natures… « vivantes » , des bouquets de fleurs, voire des « bouquets de fruits » .

Désirant souligner la vigueur chromatique et graphique de ces toiles, nous pratiquons, ici, en clin d’œil, une licence sémantique, en « revisitant » l'expression « nature morte » qui, certes, apparue à la fin du XVIIe siècle, désigne, comme on le sait, un sujet constitué d'objets inanimés ou de cadavres, puis, par métonymie, une œuvre représentant une scène inanimée. Ne gardons, délibérément ici, que la vie des couleurs et des traits !

Il est très intéressant d’observer l’opposition graphique qui apparaît entre les fruits, légumes ou bouquets de fleurs et les fonds de toiles très structurés qui les accueillent et les mettent en valeur. Est-ce l’expression de la complexité de faire cohabiter monde naturel et monde construit ?

Christian Dumoulin peint peu de personnages avec cependant, au fil de quelques expositions, des figures féminines à la silhouette hiératique. Mais le peintre sait aussi nous surprendre par une évolution de Venise ou du Maroc, particulièrement originale.

Comme vous le savez, vous qui nous êtes fidèles, nos présentations d’artistes peintres bretons sont toujours bien elliptiques et édulcorée comparées à l’ampleur de leur réel talent et de l’étendue des sujets qui guident leurs gestes et leurs œuvres.

Nos propos ont simplement pour but de vous dire que nous avons été touchés par le travail de Christian Dumoulin et que nous sommes convaincus que vous serez, également, captés, par ce que l’artiste créé.

Réalisant des toiles d'une intelligible, sensible et grande modernité, Christian Dumoulin qui privilégie, conjointement, la couleur et la matière, tout en accrochant la lumière à la réalité, vous guide vers l'essentiel...

Nous vous incitons à visiter son site Internet et, mieux encore, par exemple, au cours de vos pérégrinations estivales en Bretagne, à rencontrer Christian Dumoulin en sa galerie de Saint-Malo. La perspective d’une bien belle entrevue avec un homme humble, attachant et passionné et des œuvres d’excellente facture.

Nous lui laisserons les derniers mots de cet article :

« Seul le temps qu’il passe devant son chevalet, forge l’artiste. Ce sont ces heures de travail qui donneront un sens à l’œuvre finale » .

Gérard Simon

D'autres toiles sur Culture et celtie, l'e-MAGazine : (voir le site)

_________________

Galerie Christian Dumoulin

15 rue de la Herse

35400 Saint-Malo

Tél : 02 23 18 13 32

vchrisdumoulin [at] orange.fr

(voir le site)

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L'e-Interview...

Gérard Simon :

Breton de naissance, né à Fougères, quel est le contexte, peut-être quelles sont les circonstances de votre installation à Saint-Malo ?

Christian Dumoulin :

Lorsque j'ai pris la décision « d'exposer mon travail » , j'ai fait mes premières « saisons » sur la côte morbihannaise. Mais il y avait trop de distance avec mes enfants, très jeunes à l'époque, alors que Saint-Malo me rapprochait d'eux et pouvait correspondre à mes attentes. J'ai, alors, pris la décision de m'y installer et je ne regrette pas mon choix. Dans cette ville imprégnée d'histoire, je trouve, à la fois, une qualité de vie et l'inspiration artistique. La côte de la région malouine, forte et puissante, me parle complètement.

GS : La création de votre galerie a-t-elle été concomitante à ce choix de lieu de vie et de travail, ou est-elle intervenue quelques temps, quelques années, après ?

CD : Comme je vous l'ai dit, dans un premier temps, je suis venu à Saint-Malo pour exposer mon travail. J'ai démarré en louant, chaque année, des locaux différents, puis après plusieurs « saisons » , j'ai décidé d'acheter ma propre galerie. C'est la galerie que vous connaissez aujourd'hui, intra-muros et qui fonctionne, quasiment, à l'année.

GS : Pouvez-vous nous préciser votre choix d’ouvrir votre propre galerie ?

CD : Pour ma vie artistique, j'aime bien être le plus indépendant possible.

GS : Envisagez-vous des accrochages externes, des participations à des festivals, événements, en France, à l’étranger ?

CD : J'ai déjà oeuvré en ce sens pendant plusieurs années. J'ai participé à de nombreuses expositions et salons de peinture (mairies, centres culturels, hôtels particuliers parisiens), qui m'ont d'ailleurs valu plusieurs récompenses. J'ai également représenté la France avec un groupe d'artistes au Salon France-Chicago en 1992. Aujourd'hui, ma santé étant fragilisée, il m'est un peu difficile de faire autant, mais je n'exclus rien...

GS : Quelle évolution souhaiteriez-vous donner à votre peinture, en terme de sujets, d’essentiel, de dimensions de toiles ?… etc.

CD : Je reste, en général, discret sur les prochaines créations, mais, cependant, je peux vous dire que je suis attiré par les lumières du Grand Nord, comme de l'Antarctique, tout comme les lumières chaudes, les déserts (le Sahara, entre autre), l'Asie pourraient, également, m'inspirer. J'aime travailler les grands horizons et les grands espaces.

J'aimerais, aussi, revenir au traitement des personnages, car néanmoins, je pratique une peinture éclectique.

GS : Vous avez dans votre carnet d’adresses nombre de clients internationaux. Avez-vous des toiles exposées dans d’autres pays et lesquels ?

CD : J'ai en effet une nombreuse clientèle internationale : Europe, États-Unis, Japon ...

GS : Vos œuvres, nous le percevons, très clairement, sont le fruit d’une profonde réflexion, maturation, concentration, néanmoins vous peignez en musique.

Vous aimez et écoutez, pour la pratiquer, la musique celtique, particulièrement irlandaise (d’où votre choix de fond musical accompagnant cette page).

Que vous apporte ce contexte musical lors de l’acte de création ?

CD : Lorsque je suis en création, en réflexion, je suis dans le silence. La musique, en particulier irlandaise, m'apporte, aussi bien, l'évasion que l'inspiration et le souffle, dont j'ai besoin. Elle soulage parfois même quelques blocages ! La musique m'aide à atteindre l'aboutissement de mon sujet.

GS : Votre épouse semble jouer un rôle important auprès de vous.

Quelles sont ses prérogatives dans votre univers artistique ? ( gestion, relations presse, communication, accueil à la galerie… )

CD : Effectivement, ma femme joue un rôle important car c'est, principalement, elle qui s'occupe des relations publiques et de l'accueil à la galerie. Par contre, lorsque je travaille, je tiens à être absolument seul à l'atelier, car c'est mon antre et mon refuge.

GS : Question libre : Que voulez-vous dire à nos visiteurs…

CD : Question piège. La peinture ne s'explique pas, elle se regarde. En général, je n'aime pas trop parler de ma propre création. Cependant, elle me permet des rencontres et lorsque je ressens chez une personne une vraie émotion, voire un frisson, c'est un cadeau. Il s'établit un dialogue dans lequel on aborde non seulement la peinture en général, mais aussi la musique, la littérature, la poésie, bref la Culture et l'Homme. De cet échange, on en ressort tous, grandis !

Nous vous remercions, cher Monsieur Christian Dumoulin, d’avoir bien voulu répondre à nos questions qui, nous l’espérons, éclaireront nos visiteurs, sur votre personnalité et l’exercice de votre art que nous apprécions beaucoup et que nous sommes très fiers de présenter sur nos pages en ligne consacrées aux artistes peintres bretons.

© Culture et Celtie

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